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Jérôme Policand (AKKA-ASP) : "Je suis sur le ring chaque jour"

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GT World Challenge Europe
13 juil. 2020 • 12:00
par
lm@endurance-info.com

Les 12 et 13 mars, Endurance-Info était au Paul Ricard pour suivre les essais officiels GT World Challenge Europe Powered by AWS. En fin de deuxième journée, nous avons rendu une visite à Jérôme Policand. Le patron de AKKA-ASP Team nous recevait dans le bureau situé dans le camion de l'équipe. Jean-Luc Beaubelique, pilier de l'équipe, était là lui aussi. A cette époque, seul le meeting de Monza était décalé. Nous échangions tous les trois sans trop savoir quel allait être l'avenir avec un Jérôme Policand obligé de modifier ses plans et un Jean-Luc Beaubelique en pleine reprogrammation de son agenda professionnel.

Le temps a passé et on se retrouve à Nogaro près de quatre mois plus tard avec Jérôme dans le même bureau assis à la même place. Dans le monde d'avant, nous aurions dû parler des Total 24 Heures de Spa qui approchaient et faire un premier bilan GT3/GT4. Il n'en est rien... On repart de zéro avec une saison 2020 qui n'a pas débuté.

Le nombre d'autos que vous ferez rouler reste identique ?

"Oui, rien n'a changé depuis mars dernier avec quatre Mercedes-AMG GT4 en Championnat de France FFSA GT, trois Mercedes-AMG GT3 en GT World Challenge Europe Powered by AWS Endurance et deux en Sprint."

Vous faites rouler des pilotes qui viennent de différents endroits dans le monde : Fraga (Brésil), Hites (Chili), Boguslavskiy (Russie). Il y a des craintes à avoir ?

"Le souci reste la libre circulation des pilotes. Pour le moment, c'est compliqué pour Timur depuis la Russie. Benjamin (Hites) et Felipe (Fraga) sont déjà en Europe. Chacun va-t-il pouvoir retourner dans son pays ? C'est compliqué, on y est ! Je suis quelqu'un d'assez optimiste et je vois bien qu'il n'y a pas de mauvaise volonté."

Vos contrats étaient signés ?

"Quand le confinement est arrivé, nous étions à 15 jours du début de saison. Les accords étaient déjà quasiment tous signés. On y verra plus clair fin septembre. Les Total 24 Heures de Spa sont assez tard, ce qui décale les grosses échéances."

La situation actuelle ne remet pas en cause le fonctionnement de l'équipe ?

"Pour nous, ce n'est pas catastrophique, mais il y a un impact. Nous sommes en mode survie. Comme tout le monde, il faut passer cette année. AKKA, Matmut, Minerva et AMG, qui sont mes partenaires principaux, continuent à nos côtés."

Le budget AMG reste identique ? AKKA-ASP Team sera 'Team Performance' à Spa ?

"Le budget distribué par AMG est en baisse, il ne faut pas être devin pour le comprendre. Nous serons bien Team Performance avec la voiture en Pro aux Total 24 Heures de Spa."

On entend de plus en plus qu'il faudrait un Silver dans chaque équipage Pro. Quel est votre avis sur le sujet ?

"L'idée est plutôt bonne si on veut pérenniser la catégorie et garder un équilibre. Il ne faut pas se retrouver dans le scénario de la Formule 1 avec moins d'autos et plus de distorsion entre les équipes."

Votre travail en amont a changé ces derniers mois ?

"Il faut avoir une gestion sportive à l'instant T au jour le jour. C'est un combat quotidien pour tout. La priorité est de conserver l'entreprise. En février, nous étions sur quatre championnats. On a perdu le GT Sports Club et une auto en Sprint. J'étais en fin de contrat avec AMG, mais celui-ci vient d'être renouvelé pour un an. Je suis sur le ring chaque jour à régler des problèmes différents tels que les questions d'immigration des pilotes. On devait faire rouler trois autos en Sprint, trois en Endurance, quatre en FFSA GT, du track day avec une Ferrari Challenge, l'Intercontinental GT Challenge à Kyalami, la Coupe des Nations et les 12 Heures d'Abu Dhabi."

Vous pensez déjà à 2021 ?

"Dans ma tête, j'anticipe déjà 2021. Le GT4 est un "petit" budget et ce n'est pas quelque chose qui fait de la marge, mais qui donne du travail. Faire rouler quatre GT4 est plus simple que de faire rouler deux GT3. Cela permet aussi à des jeunes pilotes de rouler. Le GT4 ne peut pas être l'activité principale de l'équipe. Nous allons développer le track day. Pour cela, nous avons recyclé des GT3 et on va y rajouter des GT4. Quand il n'y a pas de compétition, il n'y a pas le moindre revenu. Il faut aussi garder de l'image, le GT3 est là pour cela. Il faut juste arriver à pérenniser les partenaires."

Vous allez repenser l'équipe ?

"En 2018, le team faisait rouler cinq Mercedes-AMG GT3 en Endurance et quatre en Sprint. Deux ans plus tard, nous sommes à trois en Endurance et deux en Sprint. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. J'ai moins de voitures, mais pas moins de personnel. Faire rouler une GT3 demande beaucoup d'exigence. La catégorie GT3 ne peut pas être 90% de mon temps, c'est trop dangereux ou alors il faut diminuer le budget de 40%."

AKKA-ASP Team fera rouler Timur Boguslavskiy, Raffaele Marciello et Felipe Fraga en Endurance. Jean-Luc Beaubelique, Jim Pla et Fabien Barthez se partageront la deuxième Mercedes-AMG GT3 qui évoluera en Pro-Am. Sans changement de dernière minute, on retrouvera Benjamin Hites, Arno Santamato et Lucas Légeret en Silver sur la troisième auto. Jim Pla et Benjamin Hites se relaieront en Sprint, tout comme Raffaele Marciello et Timur Boguslavskiy. Reste à savoir si Marciello sera chez AKKA-ASP Team ou GruppeM Racing à Spa du fait du nouveau calendrier.

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