Auto

Le GTLM ou l’ascenseur émotionnel de Petit Le Mans

Featured
IMSA
15 oct. 2019 • 10:01
par
David BRISTOL

Ce Petit Le Mans version 2019 a été chargé en émotion à l’arrivée samedi soir et pour des raisons toutes bien différentes. Nous vous proposons de prendre la température au sein des trois constructeurs à qui Petit Le Mans a souri : Ferrari, Ford et Porsche...

Tout d’abord, chez Ferrari, on était tout sourire après la victoire de la Ferrari 488 GTE #62 Risi Competizione. Le trio Alessandro Pier Guidi, Daniel Serra et James Calado récidivait après sa victoire aux 24 Heures du Mans en juin dernier. Cependant, le pilote britannique était en larme au moment de l’arrivée et pas que de joie…

"Nous avons perdu quelqu'un qui nous était très proche le mois dernier, alors j'ai dépassé les limites et j'ai tout évacué", a dit un James Calado en pleurs, dédiant la victoire à un membre de sa famille qui est décédé récemment. "C'était incroyable, c'est le moment le plus chargé en émotion au monde. J’ai tout donné, ce fut une course très dure. Nous n'avons pas fait d'essais, nous sommes entrés dans la course un peu dans l'inconnu. De plus, nous avons eu des cloques sur les pneus au point que nous avons dû faire des courts relais pour des raisons de sécurité. Nous espérions que les températures allaient baisser et c’est ce qu’il s’est passé. Cela nous a bien aidés, et ensuite la voiture était incroyable à la fin. Quelle course, quelle équipe. On savait que Ford se donnerait à fond car c'était leur dernière course. C'était Ferrari contre Ford ! "

Du coté de chez Ford, là aussi l’émotion était à son comble pour une toute autre raison, l’arrêt du programme Ford GT. Malheureusement, la marque à l’ovale bleu a dû se contenter de la 2e place à Petit Le Mans (Ryan Briscoe, Richard Westbrook, Scott Dixon, Ford GT #67), mais rafle la Michelin Endurance Cup ! Selon Ryan Briscoe, il n'y avait pas grand-chose de plus à faire pour empêcher la Ferrari Risi de l'emporter. "Nous avons vu que, lorsque le soleil s'est couché, la Ferrari a soudainement changé d’allure. Nous avions un bon écart sur eux, puis ils ont commencé à revenir, puis ils nous ont dépassés. Je pense que c'est l'une des meilleures performances que nous avons jamais eues en tant qu'équipe. Nous avons fait tout ce qu'il fallait au maximum, pas d'erreurs. Nous avons eu une bataille si serrée à la fin avec la Ferrari, mais ils ont eu un peu plus de vitesse et de chance avec le trafic. On a donné tout ce qu'on avait. Nous avons remporté la Michelin Endurance Cup et nous nous sommes rapprochés du championnat des constructeurs. C'est un moment plein d'émotion, j'ai eu beaucoup de pensées en tête lors des derniers tours, mais je suis vraiment fier du travail que tout le monde a fait aujourd'hui et au cours des quatre dernières années."

Au niveau de la direction de Ford, on restait aussi très positif et fier de tout ce qui a été accompli pendant les quatre ans de ce programme. "Bien que nous aurions aimé terminer avec une victoire, il ne fait aucun doute que nos gars ont donné tout ce qu'ils avaient aujourd'hui", a déclaré Mark Rushbrook, directeur mondial de Ford Performance. "Les deux voitures étaient très rapides et nous nous sommes battus jusqu'au bout. C'était l'ADN de cette équipe et de ce programme Ford GT depuis le début - trouver un moyen d'être compétitif quoiqu'il arrive. Je ne pourrais être plus fier de tous ceux qui y ont participé, y compris nos partenaires Chip Ganassi, Multimatic, Roush Yates et Michelin. Nous n'aurions pas pu avoir le succès que nous avons eu dans ce programme sans eux."

Certes, ils n’ont pas gagné, mais les pilotes les plus heureux du paddock et de la catégorie GTLM ce samedi étaient très certainement Earl Bamber et Laurens Vanthoor, sacrés champions IMSA 2019 avec leur Porsche 911 RSR #912. Accompagnés du Français Mathieu Jaminet, ils ont terminé cinquièmes de Petit Le Mans samedi soir. La saison a été dominée par Porsche qui a remporté six victoires sur onze courses, signé un doublé au classement des Pilotes et avait coiffé la couronne Constructeurs avant même la course…

Earl Bamber a expliqué que Laurens Vanthoor et lui ont adopté une approche différente en vue de cette saison 2019. "Laurens et moi, nous nous sommes assis cet hiver et nous avons bien regardé toutes les erreurs que nous avons faites. En fait, nous avons regardé ce que les gars de la Corvette #3 ont fait parce que je pense qu'ils ont été la référence pendant de très nombreuses années sur la façon de gagner ce championnat. Nous avons donc examiné leurs forces, leurs faiblesses et les nôtres. Je pense que nous avons formulé un assez bon plan. Porsche nous a donné une bonne voiture toute la saison. Ce n'était sans doute pas toujours la plus rapide, mais nous avons réussi à élaborer notre stratégie. Nous avions l'objectif de gagner, mais nous ne nous attendions pas à une telle saison, à un tel écart à l'approche de la dernière course."

Depuis deux saisons, le pilote néo-zélandais fait équipe avec un Belge, fraîchement débarqué de chez Audi Sport, Laurens Vanthoor. "Quand je suis revenu du programme LMP1 et que nous avons discuté des coéquipiers, il y avait un gars avec qui je voulais faire équipe et c'était Laurens" dit Earl Bamber à Sportscar 365. Un grande complicité et amitié sont nées de ces deux années passées ensemble. "Maintenant, nous faisons le tour du monde et courons presque toutes les courses que nous faisons dans la même voiture. Nous nous connaissons super bien, parfois trop bien, mais nous réussissons à tirer le meilleur parti l'un de l'autre. On se fait confiance à 100% et on sait quels sont nos objectifs."

Earl Bamber a déclaré que le fait d'avoir remporté le championnat IMSA GTLM est presque égal à tous ses succès précédents à l'échelle mondiale, en grande partie en raison du niveau élevé de compétition que la catégorie a atteint. "Même s'il n'a pas le statut de champion du monde, je pense que ce championnat est encore plus difficile à gagner, pour être honnête ! Nous avons huit voitures de pointe avec tous les meilleurs pilotes du monde et quelques-unes des meilleures pistes de la planète. Ce qui est bien, c'est l'aspect stratégique. Si vous regardez une course du WEC, vous avez un format assez ennuyeux une fois que vous avez pris le départ. Il n'y a pas beaucoup de variation. Ici, il faut être au courant de tout, du carburant, des pneus, des changements de pilotes, de ce qui va se passer avec les drapeaux jaunes. C'est très, très satisfaisant quand on fait ces courses."

Quant à Laurens Vanthoor, il a écrit un texte très émouvant sur sa page Facebook. « Ce championnat signifie beaucoup pour moi. Il y a trois ans, j'ai décidé qu'il était temps pour un nouveau chapitre dans ma vie, un nouveau défi. J’ai quitté ma zone de confort chez Audi Sport et j’ai saisi la chance de vie chez Porsche. J’ai toujours rêvé de courir en Amérique et c’est arrivé. Je suis venu pour ma première course et je me suis senti perdue Je ne savais rien. Nouvelles pistes, nouvelle voiture, nouvelle équipe, nouvelles règles... J'ai eu l'impression que tout ce que j'avais fait dans le passé n'avait pas d'importance. J'ai dû repartir de 0. Aujourd'hui, trois ans plus tard, décrocher le championnat signifie beaucoup pour moi. Je me suis prouvé que j'étais capable et j'en suis fier. Bien sûr, c'est grâce à beaucoup de personnes que j'ai rejoint tout au long de ce voyage. Ce sont des moments que je n'oublierai jamais."

Commentaires

Connectez-vous pour commenter l'article