Porsche et Teloché, l'histoire d'amour...

Pendant plus de 25 ans, Teloché a vibré au son des 24 Heures du Mans. La petite commune située à quelques kilomètres de Mulsanne a accueilli le constructeur Porsche. Six ans après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, les plaies n'étaient pas encore refermées. Pourtant, Charles Faroux, alors à la tête de la course, s'était prononcé en faveur de la marque allemande en Sarthe.

L'occupation est encore dans tous les esprits et, dès 1951, le petit village était occupé par les Allemands, mais cette fois il ne s'agissait pas d'une occupation dans le cadre du guerre, mais bien en guise de préparation pour les 24 Heures du Mans. La participation de Porsche est principalement le fait d’un homme : Auguste Veuillet qui deviendra le premier importateur Porsche en France. Il trouve dans le village de Teloché l'endroit idéal pour y placer l'état-major de Porsche dans le garage de Georges Després en dépit du scepticisme d'une partie des habitants qui reprochait à 'Jojo' de louer son garage aux Allemands. Les années ont passé et les habitants ont appris à faire la part des choses. Teloché est vite considéré comme le Village Porsche. 

Nous sommes en 1977. Porsche fait rouler deux 936/77 et une 935/77 sous la bannière Martini Racing Porsche System. Trente personnes étaient de la partie dans le camp allemand pour couver les trois prototypes. L'équipe était logée chez l'habitant à Teloché et prenaient leurs repas au Bar de l'Union qui faisait restaurant pour l'occasion. Les Porsche étaient installées au garage de la commune chez Mr Provost. Toute la commune était prête à louer des chambres au staff Porsche. 

"Les candidatures ne manquent pas", constatait Mme Provost. "Seules sont retenues les chambres qui ont tout le confort. Les Allemands sont très corrects, bien mieux que certains Français."

Le grainetier du village, qui faisait office de bar à cette époque, se réjouissait de la présence de Porsche : "Quand ils rentrent tard le soir, les mécaniciens ont la clef du bar, et ils se servent eux-mêmes. Le lendemain matin, je retrouve la liste de ce qui a été consommé et l'argent correspondant." 

Mme Peschard était chargée des repas au restaurant de Teloché : "Ils sont tellement gentils. Et puis eux-mêmes nous donnent l'exemple du courage : mercredi, ils ont dû se coucher après 4 heures du matin, et deux heures plus tard, les premiers mécaniciens étaient là pour prendre leur petit déjeuner. Ils n'ont pas l'air de connaître la fatigue, c'est formidable. Les vraies 24 Heures, c'est ici qu'elles ont lieu." 

Le garage de Mr Provost était divisé en deux : "Ils ne se servent que du pont élévateur et de l'installation d'air comprimé. On avait agrandi le garage cette année, mais on n'a pas pour autant plus de place pour nous. Les mécaniciens de Porsche prennent maintenant davantage leurs aises. Tout au plus, je fais encore quelques bricoles, des vidanges. Les clients ne s'en étonnent pas. Ils savent que j'ai Porsche chez moi." 

Le staff Porsche était pleinement satisfait de cette présence à Teloché, comme l'expliquait Paul Hensler : "Depuis ce temps, on a pu observer les progrès du village. D'année en année, on découvre que des maisons se sont transformées, se sont construites. On est presque chez nous ici. Les gens qui nous reçoivent sont très charmants, très généreux, et même quand nous faisons un peu de bruit avec nos essais de moteurs. Jamais aucun d'entre eux n'a dit quoi que ce soit. Les enfants viennent nous voir, et même les grandes personnes, c'est bien normal."