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René Metge : "Porsche, c'était une vraie famille"

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23 juil. 2018 • 16:20
par
Laurent Mercier

A près de 77 ans, René Metge est un infatigable baroudeur. Le triple vainqueur du Dakar partage son temps entre l’organisation de l’Africa Eco Race et son nouveau bébé, le Turkmen Desert Race qui se tiendra au Turkmenistan (pays d'Asie Centrale) en septembre prochain.

 

Entre deux reconnaissances, René Metge a suivi les 24 Heures du Mans chez IDEC Sport Racing. L’homme de désert qu’il est compte tout de même six participations aux 24 Heures du Mans, toutes sur des Porsche. Sa dernière expérience au Mans remonte aux essais préliminaires 2003 sur une Chrysler Viper GTS-R du Scorp Motorsport. Nous avons profité de sa présence au Mans pour poser quelques questions à un grand Monsieur du sport automobile.

Comment se présente le "Turkmen Desert Rallye" ?

« Je travaille actuellement le sujet. Le Turkmenistan était demandeur d’un rallye. L’organisation n’est pas simple compte tenu de la langue. L’épreuve fera 1500 km sur cinq étapes. Il y a une vraie volonté du pays d’organiser cet événement. »

 

On vous retrouve aux 24 Heures du Mans. Cette course a marqué votre carrière ?

« J’ai toujours adoré les 24 Heures du Mans où j’ai eu la chance de rouler pour des équipes compétitives. C’est une belle satisfaction pour moi d’avoir eu la confiance de Porsche. »

On a encore en souvenir vos deux participations sur une 961 officielle…

« Le modèle 4x4 de 1986 n’était pas facile à piloter contrairement à ce que l’on pourrait croire. Elle n’avait pas d’appui et je dois bien avouer, avec le recul, que c’est une chance qu’il n’ait pas plu cette année-là. Le modèle a disputé la même année les 24 Heures de Daytona et les 24 Heures du Mans. Terminer Le Mans à la 7e place, 1er de la catégorie GTX, était assez incroyable. Avec Claude (Ballot-Léna), on allait tout de même très vite en piste. Porsche avait mis beaucoup de moyens pour développer cette auto. Quand une telle marque met un programme en place, c’est de toute façon parfait. Beaucoup de gens étaient sceptiques sur cette 961, mais nous avons prouvé qu’il fallait compter avec elle. »

 

Le pari était tout de même osé pour l’époque…

« La 961 était très stable, mais il fallait tout de même faire très attention. Vu qu’elle manquait d’appui, on arrivait un peu en crabe à Mulsanne. Les pneus étaient étroits, ce qui ne facilitait pas la tâche. Porsche voulait qu’une 4x4 gagne la même année le Dakar et Le Mans. »

 

Vous restez impliqué en sport automobile. Quel est votre regard sur ce sport ?

« Je prêche pour ma paroisse, mais on voit que le rallye-raid continue de se développer. Je reste étonné que le WRC ne connaisse pas plus de succès. Pour en venir à l’Endurance que je suis encore, il faut trouver des solutions pour qu’il y ait de la bagarre. Sans lutte en piste, il n’y a pas de course et ça devient inintéressant au possible. On voit que la catégorie LMP2 est intéressante. »

Vous revenez au Mans avec plaisir ?

« C’est toujours un bonheur pour moi d’être ici. J’ai eu la chance d’avoir Roland Kussmaul comme ingénieur. C’était un vrai plaisir de travailler avec lui. Je me souviens d’une anecdote de 1986, l’année où je roulais avec Claude Ballot-Léna. J’étais chargé de qualifier l’auto. Durant la séance, Roland m’arrête, fait quelques réglages sur l’auto, et me demande : « combien tu peux gagner ? » Je réfléchis et je lui réponds que je dois pouvoir gagner 4 secondes. Il me regarde et me dit : « on va te passer des pneus neufs et tu vas gagner 12 secondes. » Je me suis dit qu’il était complètement fou. Je suis reparti en piste et j’ai gagné… 12 secondes. Je me suis toujours demandé comment il avait pu deviner cela. Il m’a bluffé. »

 

Une belle fierté de porter les couleurs de Porsche aussi longtemps ?

« Rouler pour Porsche ne peut que vous rendre fier. Il y avait une ambiance comme nulle part ailleurs. Après avoir gagné le Dakar à trois reprises, je suis venu aux 24 Heures du Mans. Il y avait un camion pour le soutien aux clients où travaillait mon ancien mécanicien. Quand je suis arrivé sur le circuit, je suis allé dans le stand et quand j’ai ouvert la porte, tout le monde m’a fait une haie d’honneur. Porsche, c’était une vraie famille. Les gens étaient placés au bon endroit. J’ai toujours voulu rouler sur des Porsche car je savais que j’étais en sécurité. Tout était parfait. »

 

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