Classic

24H du Mans 1955 : un match sans pitié entre des conceptions techniques différentes

10 aoû. 2018 • 9:47
par
Laurent Mercier
L'édition 1955 des 24 Heures du Mans a marqué les esprits pour la tragédie que tout le monde connaît. Bien avant le départ, tout le monde s'attendait à "un match sans pitié entre des conceptions techniques différentes", comme l'expliquait à l'époque Max Boyer, président du Conseil général de la Sarthe, dans un édito qu'on vous livre."Public, constructeurs et champions, les 11-12 juin, vivront pendant 24 heures l'aventure du Mans, aventure renouvelée chaque année avec ses émotions diverses, ses chances et ses malheurs, aventure que diffusent aux quatre coins du monde une radio et une télévision attentives pour le plus grand événement automobile de tous les pays. C'est encore une fois cette journée étonnante que voudront revivre les habitués des 24 Heures, et c'est celle aussi que connaîtront ceux qui ne sont encore jamais venus. 1955 réserve aux amateurs de sport une liste d'engagés peu commune, et la lutte promet d'être à tout instant plus que la simple compétition entre deux marques, mais bien plutôt le match sans pitié entre les conceptions techniques différentes de l'industrie italienne, anglaise et allemande. Trois pavillons battent bien haut au départ, trois pavillons pour lesquels se battront avec une égale ardeur et un même esprit sportif les meilleurs conducteurs mondiaux. La France aura ses défenseurs, et dans les cylindrées inférieures on connaît nos chances de succès, mais la grosse artillerie tonnera sans doute sans que nous puissions mêler notre voix au concert. Depuis des semaines, les organisateurs de l'ACO refusent par câbles des places assises dans les tribunes, les demandes par câbles arrivent des coins les plus extraordinaires de la planète et tel, qui aura payé un passage par avion spécial depuis New York, se contentera d'une place debout ! Les organisateurs des 24 Heures du Mans, malgré une bonne volonté et leur audace, sont toujours malgré eux en-dessous d'une vérité qui chaque année consacre un succès mérité. Le village encore balbutiant l'année dernière s'oriente vers sa forme définitive, un lieu de rencontre amical de tous ceux qui de près ou de loin concourent à la prospérité de l'automobile et les grandes marques cette année n'ont pas dédaigné d'exposer leurs derniers modèles. Les prestigieuses mécaniques qui seront sur les rangs sont de pures merveilles techniques, ceux qui les conduisent forment une catégorie d'hommes dont la valeur et les dons moraux et physiques sont très exceptionnels. En aucune autre circonstance, il ne sera possible d'assister à une compétition aussi ouverte entre les concurrents, conducteurs et machines d'une telle classe. Les 24 Heures 1955, comme les années précédentes, consacreront la renommée de l'épreuve organisée par l'ACO, épreuve souvent imitée, mais jamais égalée, tant au point de vue purement sportif que dans l'esprit même qui préside à son organisation. Chaque grande firme a créé des voitures type Le Mans, l'ACO par la rigueur de son règlement, par la grande impartialité de ses juges et des commissaires, par le fair-play des concurrents, par les efforts financiers considérables des constructeurs, a réussi à créer un état d'esprit Le Mans qui est cité en exemple partout, et auquel rendent hommage nos amis étrangers."

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