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Bertrand Gachot : "J'ai eu l'impression que ma vie s'arrêtait"

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9 jan. 2019 • 15:00
par
Laurent Mercier
A 56 ans, Bertrand Gachot compte 47 Grands Prix de Formule 1. Né d'un père français et d'une mère allemande, le Belge s'est imposé aux 24 Heures du Mans 1991 sur la Mazda 787B, lui qui compte six participations (3 sur Mazda, 2 sur Honda, 1 sur Porsche). Son dernier départ au Mans remonte à 1997 où il pilotait une Porsche 911 GT1 Kremer Racing qu'il partageait avec Christophe Bouchut et Andy Evans.Retiré de la compétition automobile, Bertrand Gachot garde tout de même un pied dans la course puisqu'on le retrouve à la tête de Hype Energy, une boisson énergisante, partenaire de Force India en Formule 1.En 1991, année de sa victoire aux 24 Heures du Mans avec Volker Weidler et Johnny Herbert, Bertrand Gachot a défrayé la chronique alors qu'il roulait en Formule 1. Quelques jours avant le GP de Belgique de F1, le pilote Jordan est mis en prison pour avoir utilisé une bombe spray pour se défendre face à un chauffeur de taxi. La justice anglaise, jugeant l'arme redoutable, le place alors en prison pour deux mois à Brixton. La première condamnation était de deux ans.Une histoire abracadabrantesque comme il l'explique lui-même : "J'ai plongé dans l'horreur, dans un cachot d'une prison anglaise que je pensais quitter le lendemain. Tout a basculé. L'enfer a duré deux mois. J'en suis ressorti le 15 octobre, un mercredi. La justice anglaise m'a considéré comme un criminel au terme d'un jugement aveugle. Je n'en croyais pas mes oreilles et j'ai même souri lorsque le verdict est tombé, croyant, je le répète, retrouver ma liberté dans les heures suivantes. On m'a mis dans un endroit où personne n'oserait mettre des animaux. Le plongeon, j'étais fou furieux. Je vivais un mauvais scénario, un mauvais feuilleton. Dans mon malheur, j'ai eu la chance que l'opinion publique se mobilise, réfléchisse sur le côté farfelu de la sanction." Ce 'bad trip' a permis à Michael Schumacher de faire ses premiers pas au volant d'une Formule 1 à Spa-Francorchamps."J'ai revu le jour en octobre", se souvient Gachot. "Ces deux mois d'emprisonnement m'ont permis de penser, de réfléchir. Le passé, l'avenir. J'ai eu l'impression que ma vie s'arrêtait, que ma carrière était brisée. J'ai échafaudé des plans pour l'avenir, certes, mais aussi pour m'évader. Lorsque je suis sorti, je me suis remis à la tâche, j'ai renoué des contacts. Un sponsor japonais m'a aidé, m'a soutenu, tout comme mes amis. Le ciel s'est à nouveau dégagé. Je ne pourrais jamais oublier, gommer de ma mémoire ces deux mois, mais je veux me tourner vers le futur. "Quand on a le sentiment que l'on est victime d'une injustice, il faut se battre. J'ai eu la chance d'être parfaitement épaulé. Un formidable élan de solidarité s'est soudainement créé autour de moi. Quand je pense que j'étais avec des criminels à Brixton. On n'avait pas de table pour manger, pas de toilettes dans les cellules."

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