Les années 1982 / 1992 ont été marquées par les Gr C et elles restent une période faste de l'endurance. Nous avons tenté de sélectionner les cinq voitures les plus marquantes de ces belles saisons, de par leur place qu'elles ont laissée dans l'histoire et, bien sûr, leur palmarès. Ce classement n'engage qu'Endurance Classic évidemment...1) Porsche 956/9621982-1986 : Championne du monde des voitures de sport1982-1987 : six victoires aux 24 Heures du Mans39 victoires en Groupe CLa 956 et sa descendante directe, la 962, ont probablement remporté plus de courses automobiles internationales que n'importe quelle autre voiture pendant la période des Groupe C. Cette auto fut créée en 1981 pour pouvoir prendre part, l'année suivante, au nouveau championnat du monde Groupe C. Elle fut la première monocoque dans laquelle Porsche greffa le moteur 6 cylindres à plat double turbo qui avait remporté les 24 Heures du Mans 1981 dans la Porsche 936.La 956 a fait ses débuts aux 6 Heures de Silverstone, deuxième manche du Championnat 1982, terminant 2e grâce à Jacky Ickx et Derek Bell. Peu de temps après, c’est l’épreuve du feu pour cette nouvelle auto avec les 24 Heures du Mans. Après un début de course un peu difficile, l’usine s’offre un triplé et relègue la 4e Groupe C (une Aston Martin Nimrod) à la 7e place, à 42 tours !Très vite, il devient évident que, pour bien figurer en Groupe C dans les années 80, il faut une Porche 956. Des dizaines de châssis sont ainsi construits pour répondre aux demandes. Les saisons suivantes vont être dominées par cette voiture. Elle remporte de nouveau les 24 Heures du Mans en 1983, neuf 956 sont aux 10 premières places et aucune manche du championnat du monde n’échappe à la marque allemande.1984 est importante à double titre. D’abord, l’usine ne s’aligne pas aux 24 Heures du Mans, laissant ses écuries privées la représenter. Elles ne laissent pas filer leur chance comme Joest Racing (#7 de Klaus Ludwig et Henri Pescarolo). La marque sort la même année la 962 avec un empattement plus long (12 cm) qui permet de loger le pédalier derrière l’axe des roues. De là va en découler en 1985 une version C avec une meilleure gestion électronique du moteur et une augmentation de la capacité du flat six.
1985 va ressembler aux autres avec une nouvelle victoire au Mans, toujours avec Joest Racing (Klaus Luwig, Paolo Barilla et John Winter). Porsche va ensuite faire face à deux constructeurs qui souhaitent aussi avoir leur place au soleil : Jaguar et Sauber-Mercedes. Le constructeur de Stuttgart s’offre un nouveau titre de Champion du Monde de justesse face à Jaguar dès 1986. Une chose est certaine : la 962 a de sérieux concurrents. La seule course qui échappe encore aux autres marques restent les 24 Heures du Mans avec deux nouvelles victoires en 1986 et 1987 avec le même trio : Derek Bell ,Hans-Joachim Stuck et Al Holbert.Par contre, 1988 va sonner le glas avec le premier succès de Jaguar aux 24 Heures du Mans en Groupe C.
2) Jaguar XJR-9Championne du monde de voitures de sport en 1988Vainqueur des 24 Heures du Mans6 victoires dans le Groupe C World SportscarLa Jaguar XJR-9 Silk Cut est certainement l’une des voitures les plus emblématiques du sport automobile. Conçue par Tony Southgate, elle est dérivée des XJR 6 (1986), XJR 8 (1987) qui étaient déjà engagées par Tom Walkinshaw Racing.Avec les modèles cités, Jaguar a remporté le Championnat du Monde 1987 mais bute toujours sur les 24 Heures du Mans. La XJR-9LM, à faible appui aérodynamiques et son V12 de 7 litres atmosphérique, voit le jour en 1988. Andy Wallace est toujours émerveillé par cette voiture des années plus tard lorsque nous l’avions rencontré : « Je me rappelle bien qu’à l’intérieur, il y faisait très chaud, environ 55°. La voiture était vraiment très basse. Même avec un kit à faible appui aérodynamique, quand vous passiez les virages Porsche, les sensations étaient phénoménales, ça allait tellement vite. Je me souviendrai donc de ça : la vitesse de cette auto dans les parties très rapides du circuit. »Tout commence bien avec une victoire aux 24 Heures de Daytona (Raul Boesel, Jan Lammers, Martin Brundle et John Nielsen) puis les 24 Heures du Mans arrivent. Cinq autos sont alors engagées pour des pilotes de renom comme Henri Pescarolo, Raul Boesel, Eddie Cheever, John Nielsen, Martin Brundle…A l’issue d’une lutte acharnée avec les trois Porsche 962 C officielles, les « jeunes » l’emportent : Andy Wallace, Johnny Dumfries et Jan Lammers. Ce dernier se souvient : « C’est une auto fantastique. Le moteur avait beaucoup de puissance, du début jusqu’à la fin, la puissance était progressive. C’était un bonheur de la piloter et, même si le moteur arrière était assez lourd, elle était facile à emmener. Ce fut une grosse bataille avec les Porsche 962 C usine. La marque allemande restait sur un fantastique record (7 victoires de suite de 1981 à 1987, ndlr). Le fait que nous arrivions à les battre fut un moment inoubliable. »La XJR9 LM sera de nouveau alignée en 1989, mais sera battue cette fois ci par les Sauber Mercedes C9. La Jaguar XJR-12 va alors voir le jour en 1990, avec entre autres, un moteur de 7,4 litres et une nouvelle victoire cette année là avec John Nielsen, Martin Brundle et Price Cobb.
3) Mercedes C11Championne du monde de voitures de sport 19907 victoires en Groupe C World SportscarLa Mercedes C11 est la dernière voiture turbo du Groupe C. Elle est la digne héritière de la Sauber C9 qui a remporté les 24 Heures du Mans 1989 avec Manuel Reuter, Stanley Dickens et Jochen Mass au volant. La C11 se distingue par un châssis carbone, avec plus d’appuis aérodynamiques, à la place de l’aluminium de la C9. Elle a également une meilleure consommation avec son moteur turbo de 5 litres que le V12 Jaguar. Elle est plus légère que sa devancière et les entrées d’air ont été retravaillées.
Dès son arrivée sur les circuits, la C11 domine la concurrence remportant cinq des huit courses auxquelles elle participe. Cependant, les 24 Heures du Mans ne faisant pas partie du championnat du monde des Sports Prototypes en 1990, Sauber Mercedes ne défend pas son titre. Par contre, l’équipe est présente en 1991 avec trois autos dont une confiée au jeune Michael Schumacher. L’une d’entre elles domine la course et est largement en tête (#1 de Jean Louis Schlesser, Jochen Mass et Alain Ferté). Las, le moteur rend l’âme à trois heures de l’arrivée alors que l’auto était en tête avec trois tours d’avance.« La période Sauber a déjà commencé pour moi en 1988 et je dois dire que cela n’avait pas très bien débuté," confie Jochen Mass. "Nous avons été obligés de nous retirer suite à des soucis de pneumatiques(problèmes d’éclatement des gommes lors des essais non résolus, ndlr), nous n’avons pas disputé la course. La voiture n’était pas bien équilibrée, elle était trop chargée aérodynamiquement, c’est pourquoi les pneus ne résistaient pas. Nous avons beaucoup travaillé avec Michelin en vue de l’édition 1989. La Sauber C9 a bien progressé même si on continuait, cette année là, à perdre du temps dans les virages lents. Par contre, l’auto était solide, le moteur était excellent, c’était un 5 litres fabuleux, nous roulions très vite en ligne droite. Suffisant pour gagner, mais je dois bien avouer que ce ne fut pas une victoire facile. Nous sommes revenus deux ans plus tard, en 1991. Je pilotais la Sauber C11 Mercedes avec Jean Louis Schlesser et Alain Ferté. Nous avons de nouveau failli gagner car nous étions largement en tête, trois ou quatre tours d’avance, je crois (la voiture a été en tête de la 6e à la 21e heure, ndlr). Cependant, un petit bracelet s’est cassé et a entraîné une surchauffe (moteur cassé). Je regrette beaucoup de ne pas avoir pu remporter la course cette année là.» La C11 sera remplacée par la C291 de 3,5 litres au fur et à mesure de l’année 1991.
4) Mazda 787B9 courses disputéesVictoire aux 24 Heures du Mans 1991En 1988, lors de la conférence de presse des 24 Heures du Mans, Jean Marie Balestre, alors président de la FISA, annonce que les moteurs rotatifs (uniquement utilisés par Mazda) allaient être interdits à partir de 1990. Cependant, la Fédération accorde une dérogation et permet à la marque nippone de continuer avec cette motorisation en 1991, mais handicape l’auto de plus de 100 kilos.Après de multiples négociations, les dirigeants de Mazdaspeed réussissent à garder la 787 à son poids initial, 830 kilos. Ils décident de lui apporter quelques modifications. La Mazda 787B se distingue de sa devancière par un empattement plus long de 25 mm, et une voie arrière élargie de 50 mm. De plus, le refroidissement général de la voiture est amélioré, tout comme son aérodynamisme. Trois 787B sont construites en 1991, tandis que les deux 787 existantes sont mises à jour.
Aux 24 Heures du Mans 1991, les Mazda sont distancées par les autres Groupe C, les Sauber Mercedes, Jaguar, Porsche. En course, elles restent en embuscade bien aidées par leur quadri-rotor fiable. Profitant de l’abandon de la Sauber Mercedes C11 #1 qui avait dominé la course jusqu’à trois heures de l’arrivée, la #55 hérite de la tête pour ne plus la lâcher. Grâce à Johnny Herbert, Volker Weidler et Bertrand Gachot, Mazda remporta les 24 Heures du Mans.Cette auto reste la seule dotée d'une telle motorisation à s'être imposée en Sarthe et Mazda fut longtemps la seule marque japonaise à avoir remporté les 24 Heures du Mans avant Toyota en 2018.
5) Peugeot 905Champion du monde des voitures de sport 1992Lauréat du Mans 1992 et 19939 victoires en Groupe C World Sportscar sur 17 coursesLa 905 fait partie des Groupe C, mais suit la réglementation des voitures de sport de 3,5 litres. Le programme est lancé en 1988, l’auto prend la piste en 1990 et dispute sa première course la même année à Montréal. Elle utilise un châssis en fibre de carbone conçu avec l’aide de Dassault Aviation et est motorisée par un V10. En 1991, deux autos sont engagées aux 24 Heures du Mans avec Mauro Baldi, Philippe Alliot et Jean-Pierre Jabouille sur la #5 et Pierre-Henri Raphanel, Yannick Dalmas et le champion de F1 1982, Keke Rosberg. Elles partent de la première ligne mais, très vite, sont contraintes à l’abandon. Le reste de la saison est conclue par trois victoires.En 1992, avec le retrait de Mercedes et de Jaguar, Peugeot doit faire face à Toyota. La 905, plus évoluée, dominent les TS010, remportant quatre manches sprint sur les cinq au programme. Aux 24 Heures du Mans, trois 905 sont engagées et Yannick Dalmas, Derek Warwick et Mark Blundell l’emportent, la #2 (Mauro Baldi, Philippe Alliot et Jean-Pierre Jabouille) complète le podium avec la 3e place. Au passage, la marque au lion remporte la couronne mondiale des pilotes de voitures de sport.
Peugeot poursuit le développement de la 905 en 1993 en dépit de la fin du Championnat du Monde des Voitures de Sport. Un dernier affrontement a lieu aux 24 Heures du Mans entre les Français et, de nouveau, Toyota et ses TS 010, avec notamment Eddie Irvine. Trois 905 version Evo 1C sont engagées et l’équipe Peugeot Talbot Sport signe un triplé avec la victoire des Français Eric Hélary, Christophe Bouchut associés à l’Australien, Geoff Brabham.
Photos : Laurent Chauveau, Claude Foubert, Christian Vignon, Porsche Motorsport, Peugeot Sport
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