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Focus sur la Lola T600 Cosworth des 24 Heures du Mans 1981

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5 mai. 2021 • 14:02
par
David Bristol
Place aujourd’hui à une autre voiture qui a disputé les 24 Heures du Mans en 1981 : la Lola T600 Cosworth. Il s’agit d’un prototype unique avec des innovations technologiques importantes : le diffuseur à effet de sol dont l’utilisation sera généralisée ainsi que le recours au nid d'abeille d’aluminium dans la fabrication de son châssis. Une Group C avant l’heure !Alors que Lola avait construit une Can Am à effet de sol, la T-510 à cockpit ouvert pour 1980, la T600 avec son cockpit fermé était entièrement nouvelle. En dehors de leur motorisation aux USA (V8 Chevrolet de 6 litres dans la T600, de 5 litres dans la T510), il n’y a pas grand chose de commun entre les deux Lola. Xavier Micheron, le patron d’Ascott Collection, nous en dit plus sur cette auto. « Brian Redman a vu le règlement IMSA GTP aux Etats-Unis et celui du Groupe 6 qui était compatible. Il a convaincu Eric Broadley (ingénieur et fondateur de Lola Cars, ndlr) de concevoir cette voiture sachant qu’en même temps, Dr Max Sardou, qui a fait sa thèse sur l’effet de sol, a été contacté. Il s’agit du principal expert indépendant en matière d'effets de sol. En 1973, Sardou avait découvert l'intérêt de positionner des diffuseur sous la voiture afin de créer de l'effet de sol. Les deux hommes mettent en application les principes aérodynamiques de l’effet de sol sur ce prototype. »
La conception de la T600 commence à l'automne 1980, et la première voiture (HU1) fut prête au printemps. S'appuyant sur les théories de Sardou, la voiture est dotée de tôles recouvrant les roues arrière et d'éléments de suspension permettant de positionner des diffuseurs afin de maximiser l’effet de sol. En Europe, elle est propulsée par un moteur Ford Cosworth, HU3 (notre châssis) est la seule LOLA T600 à avoir bénéficié de cette motorisation dérivée de la F1. Cosworth Engineering apporte son soutien technique et humain à HU3. La cylindrée du moteur qui était initialement de 3 litres sera portée à 3,3 l en cours de saison. Le moteur léger et puissant trouve facilement sa place au-dessus des tunnels qui apportent à la Lola son architecture révolutionnaire. L'utilisation du nid d'abeille en aluminium pour fabriquer le châssis est également une innovation. Ce matériau léger offre une bien meilleure rigidité que la tôle d'aluminium. De plus, en cas d'accident, il est beaucoup plus sûr pour le pilote. Comme pour les diffuseurs, l'utilisation du nid d'abeille en aluminium sera généralisée dans le groupe C, avant que la fibre de carbone ne vienne le remplacer.
Après les premiers tours de roues, le Britannique Guy Edwards fait équipe avec Emilio de Villota pour l'engager dans le Championnat du Monde d'Endurance. Aux 6 Heures de Monza, ils se qualifient en 5ème position et doivent abandonner en course sur une panne de transmission. A la course suivante, ils se qualifient en deuxième position, juste derrière la Porsche 936 de Team Joest pilotée, entre autres, par Jochen Mass. La Lola T600 est en tête de la course avant de devoir abandonner sur une panne d'essence. Aux 1000 km du Nurburgring, la HU3 se classe en 8ème position et remporte la catégorie GTP.
Les 24 Heures du Mans arrivent. Xavier Micheron raconte la suite : "Guy Edwards et Emilio de Villota étaient toujours au volant. Juan Fernandez est alors engagé comme troisième pilote. Dès le premier tour, ils ont eu un problème de boîte de vitesses. A cause de la longue ligne droite des Hunaudières, elle était pénalisée par un effet de sol poussé à l’extrême. A l’époque, il n’y avait pas de règlement qui imposait une taille de diffuseur maximum, c’est pour cela qu’il est immense." Après la boite, c'est au tour du système de refroidissement de faire des siennes si bien que notre #18 plonge à la 33e place à minuit. La seconde partie de course sera plus tranquille et ils remontent au classement. Au final, ils finissent 15e (après avoir signé le 12e temps lors des essais en 3:42.400, ndlr) et terminent 3e du Groupe 6 !
Dans la foulée des 24 Heures du Mans, la Lola T600 HU3 est engagée aux 6 Heures de Enna Pergusa en Italie. C'est la première victoire. Une seconde victoire suit, aux 1000 km de Brands Hatch. Elle fut ensuite acquise par un collectionneur japonais. La HU3 est restée inutilisée durant 37 ans avant d’être acquise et restaurée par Ascott Collection en 2017. Elle fit son retour en piste dans le cadre du Classic Endurance Racing 2 by Peter Auto et à Le Mans Classic 2018.
Cette Lola T600 est une pièce unique. Rare, performante et importante historiquement, elle a marqué un tournant dans la conception des voitures d'endurance. "Cette auto a été très importante car, depuis elle, plus aucun prototype ne sera fait sans effet de sol. De plus, elle a gagné face à des équipes Porsche et autres. Aux Etats-Unis, elle a détrôné la Porsche 935 qui était au sommet de sa gloire à l’époque. En effet, en 1981, une Lola T600 avec un moteur Chevrolet est alignée et Brian Redman va gagner le championnat IMSA GTP. Cependant, cette auto a été totalement oubliée » conclut Xavier Micheron.Elle est donc mise en vente et est visible sur rendez-vous chez Ascott CollectionCi dessous, les photos de notre photographe, Bruno Vandevelde, de Rétromobile 2019...
Fiche technique : Marque : LolaModèle : T600Année : 1981Numéro de châssis : HU03Châssis : Aluminium et nid d'abeilleCarrosserie : FibreMoteur : Cosworth V8 DFL 3.3 litresPuissance : 540 chevaux / 10 200 tours / minuteBoîte de vitesses : Hewland DG300 5 vitessesPoids : 850 kilos

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