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Thierry Boutsen, part 1 : "La 905, la plus performante et agréable de mes voitures d'Endurance !"

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19 avr. 2019 • 9:56
par
David Bristol
Thierry Boutsen est très connu dans le monde du sport automobile pour avoir fait de la Formule 1 dans les années 80 jusqu’au début 90 (de 1983 à 1993). Il compte 164 Grands Prix, trois victoires (Canada 1989, Australie 1989 et Hongrie 1990), une pole positon et 15 podiums. Il termine 4e du Championnat du Monde de Formule 1 en 1988 alors qu’il court sous les couleurs de Benetton. Le Belge a aussi longtemps disputé les 24 Heures du Mans ainsi que de nombreuses manches du Championnat du Monde de Group C. Il totalise 10 participations en Sarthe, terminant 2 fois 2e et remportant la catégorie GT1 en 1996. Cependant, ses expériences au Mans ont parfois été (très) douloureuses. Rencontré lors du dernier salon Rétromobile, nous avons rebrossé sa carrière au Mans avec lui.Les premiers contacts avec les 24 Heures du Mans pour Thierry Boutsen se font via l’équipe française, WM en 1981. Il pilotait alors une WM P81 – Peugeot qu’il partageait avec Serge Saulnier, qui deviendra plus tard le patron de Peugeot Sport, et Michel Pignard. Cette première expérience fut douloureuse et reste gravée à jamais dans la tête du pilote belge. « Lorsque j’ai piloté cette voiture, je dois bien admettre que je n’ai jamais eu aussi peur de ma vie. Je n’avais pas le choix, je devais le faire, mais être à 360 / 380 km/h dans la ligne droite des Hunaudières… Elle n’avait aucun appui aérodynamique, elle flottait un peu au-dessus de la piste. Cependant, ce fut une expérience extraordinaire, j’étais très impressionné par la course, mais en même temps elle fut très douloureuse. J’ai eu un accident terrible pendant l'épreuve car j’ai perdu une roue ou cassé une suspension dans la ligne droite. Il a fallu 800 mètres pour m’arrêter, j’ai tapé à gauche, à droite et malheureusement, un commissaire de piste est décédé dans cet accident. J’y pense tous les jours, c’est quelque chose qui m’a marqué à vie. J’ai pris les risques, c’est lui qui en a souffert. » (Photo Facebook WM)
Après une première aventure avec un artisan constructeur, il va rentrer en contact avec un autre, en 1983, qui avait remporté les 24 Heures du Mans trois ans plus tôt, Jean Rondeau. Il fait alors équipe avec, à ce moment là, le triple vainqueur de l’épreuve, Henri Pescarolo, et Michel Ferté. « A l’époque, je roulais pour Ford et c’est la marque qui a fait les liens avec Jean Rondeau (les Rondeau M482 portaient alors les couleurs blanches et bleues des concessionnaires Ford France, nldr). Je suis allé le rencontrer, j’ai visité l'usine et il m’a invité à participer aux 24 Heures du Mans, proposition que j’ai bien entendu acceptée. Son équipe était fantastique, elle était composée de « jeunes enthousiastes » et je m’y suis très bien senti. J’ai gardé des contacts avec certains d’entre eux très longtemps. »
Trois ans plus tard, le pilote belge revient au Mans avec l’arme absolue de l’époque, une Porsche 956. Elle est engagée par Brun Motorsport et il fait cause commune avec deux pilotes rodés à cet exercice, Didier Theys et Alain Ferté. « L’usine était toujours favorisée lors des 24 Heures du Mans. A l’époque, beaucoup d’équipes avaient la même voiture et l’usine avait toujours des moteurs un peu plus puissant. Ils ne fournissaient pas de la même manière les voitures privées de celles officielles. Le souci est que, lors de la première course du championnat du monde Groupe C en 1983 à Monza, j’ai gagné avec Bob Wollek et, en plus, sur une voiture privée de Joest Racing. L’usine ne s’en est jamais remise et a juré que plus jamais cela ne leur arriverait ! Ils sont donc mis les bouchées doubles pour que leurs voitures aillent plus vite que celles des privés qui n’ont plus eu droit au chapitre par la suite. Il y a eu quelques occasions néanmoins sur certaines manches dont une à Spa où j’ai pu gagner, mais c’était très rare de battre l’usine Porsche. » Malheureusement, cette année là, le trio doit abandonner sur accident après cinq heures de course.
Sept ans s’écoulent avant que Thierry Boutsen ne revienne au Mans. La raison en est très simple : entre temps, et ce depuis 1984, il roule en Formule 1 pour Arrows, Benetton, Williams Renault, Ligier et Jordan. « J’avais des contrats avec des constructeurs que ce soit Ford ou Renault par la suite. Je n’ai pu eu le droit de faire Le Mans. Je le regrette d’ailleurs car j’aurais aimé y aller plus souvent. » Le Belge est donc de retour en 1993 par l’intermédiaire de Peugeot Sport qui aligne trois 905 pour tenter de renouveler la victoire de 1992. « Cette 905 était une auto fabuleuse, je dirais même que c’est la voiture la plus performante et agréable que j’ai eu à piloter en Endurance. Elle était même meilleure que la Toyota fin 90. La GT One était un peu plus rapide car elle avait plus d’appuis aérodynamiques que la Peugeot mais elle était moins agréable. Au niveau équilibre, boîte de vitesses, moteur, c’était le pied ! » Cette année là, il fait équipage avec Teo Fabi et Yannick Dalmas sur Peugeot 905 Ev1 #1. « Je suis triste d’avoir fini 2e. Nous étions en tête de la course, mais un échappement a commencé à se détériorer donc ils ont préféré me le changer plutôt que de continuer comme ça. Dommage, nous aurions gagné sinon ! Nous avions eu des consignes de rouler doucement dans les dernières heures car nous étions 1er, 2e et 3e. En fait, on passait devant les stands tout doucement et on attaquait comme des malades sur le reste du circuit et, après, hop, on ralentissait dans la ligne droite des stands (rire). C’était trop tentant de profiter de cette auto.»
A suivre demain....

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