Henry Ford II vs Enzo Ferrari : "La Guerre sur Quatre Roues"...
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20 oct. 2019 • 12:00
par
Claude Foubert
Pour situer encore mieux l'édition 2006 des 24 Heures du Mans, il est bon de remonter plus loin en arrière et de parler de cette « Guerre sur Quatre Roues » que rappelle le dossier de presse fourni par la communication Disney du film Le Mans 66, dont voici une traduction:La Guerre sur Quatre RouesLa bataille pour remporter Le Mans en 1966 a été remportée par les hommes sur la piste. Mais elle a commencé par les ego des propriétaires eux-mêmes : Henry Ford II et Enzo Ferrari.A beaucoup d'égards, les 24 Heures du Mans 1966, c'était la vie et la mort. Brutales, dangereuses et chargées de risques pour les pilotes, elles étaient aussi l'aboutissement d'une guerre qui faisait rage depuis trois ans dans les bureaux lambrissés et dans les installations de pointe utilisées pour les essais. Une épreuve de force dans laquelle une seule partie pouvait sortir victorieuse de ce processus, plongeant l'autre dans la désolation.La course automobile ne compte plus, bien sûr, sa part de rivalités sur la piste -des batailles acharnées, continues entre des ego et des talents si grands que leurs seuls patronymes suffisent à évoquer ces batailles. Mais hormis tous les affrontements becs et ongles de Senna contre Prost ou de Hunt contre Lauda, aucun ne peut rivaliser avec la rivalité légendaire des deux plus grands noms de l'automobile eux-mêmes : Ford et Ferrari.Le duel de ces deux titans du sport automobile a commencé au début des années 1960. Lorsque les 24 Heures du Mans 1966 arrivèrent, c'était la conséquence de la naissance de l'une des plus vénérées voitures de tous les temps (l'emblématique GT40), avec comme aboutissement l'une des courses les plus extraordinaires jamais vues et qui affecta la vie de beaucoup de gens d'un autre côté - parfois littéralement.Sur le papier, Henry Ford II (ou « Hank the Deuce », comme on le surnommait, -Hank étant un diminutif de Henry et Deuce signifiant deux, NDLR-) étaient aux extrémités opposées de la gamme des constructeurs automobiles. En réalité, chacun d'eux voulait quelque chose que seul l'autre pouvait lui donner, quelque chose qui restait fallacieusement hors de leur portée.« The Deuce » avait hérité ses gigantesques affaires du premier Henry Ford -son grand-père- et était conscient du privilège. Pour compliquer les choses, il n'aurait pu reprendre les affaires à un pire moment. Quand The Deuce prit le manche, ayant été nommé Président en 1947, la Ford Motor Company était au bord de la sortie de route, accablée par d'immenses frais généraux, avec ses parts de marché au plus bas depuis trois décennies et avec la pénurie d'acier d'après-Guerre. Comme Henry Ford II l'a dit au magazine Atlantic, quand ils l'ont interviewé en 1947 : « Nous n'avons pas assez d'acier pour une fabrication proche de nos limites de capacité, où que ce soit. Nos installations pour faire des voitures à bas prix ne sont pas aussi importantes que celles de Chevrolet. Actuellement, nous pouvons vendre tout ce que nous pouvons fabriquer, et eux aussi. Mais un jour l'offre va devenir plus importante que la demande. Ce ne sera plus alors une question de savoir quelle quantité que vous pouvez fabriquer, mais quelle quantité vous pouvez vendre. Notre but est de dépasser en nombre Chevrolet quand ce jour viendra. »Pour agir ainsi, il allait avoir besoin d'une stratégie. Heureusement pour Ford, il avait dans son staff l'un des plus grands stratèges mondiaux du marketing -Lee Iacocca, ineterprété par Jon Bernthal dans le Mans 66.Iacocca est mort en juillet dernier, à l'âge de 94 ans, mais son héritage, qui inclut la création de l'emblématique Ford Mustang en 1964 et plus tard le sauvetage de Chrysler de la banqueroute quand il reprit cette société en 1979, demeure. Il a été, dans tous les domaines, un des plus grands showmen que l'industrie ait jamais connus. Un homme qui savait vendre.Pour Iacocca, la solution n'était pas de vendre aux gens de la fiabilité ou de la fonctionnalité, mais un mode de vie, une image, une attitude - pas de la sécurité mais de la vitesse. Pour Iacocca cela voulait dire que Ford ne devait pas devenir seulement synonyme de voitures, mais synonyme de course automobile. Le seul problème, c'est que Ford Motor Compay ne connaissait rien en matière de course automobile .Henry Ford II pouvait-il simplement acheter Ferrari, et avec elle, son inégalable expertise en course automobile ? Il s'avère que lorsque Iacocca suggéra l'idée, son timing ne pouvait être plus parfait.La société Ferrari a été officiellement fondée en 1947, mais l'homme qui l'avait réalisé -Enzo Ferrari- l'avait bâtie depuis 1929, tout d'abord comme antenne sportive de Alfa Romeo avant de se lancer lui-même à la fin des années 1930. Cependant, dans les années 60, alors que Ford se battait pour des parts de marché d'un côté de l'Atlantique, Ferrari ressentait des problèmes financiers de l'autre côté de et Atlantique, les coûts croissants de son écurie de course dépassant les ventes de ses voitures à des clients importants tels que Clint Eastwood, Miles Davis et Roberto Rossellini.L'accord vint si près de sa conclusion que, lorqu'il tomba finalement à l'eau, les ramifications allèrent se faire sentir pendant des années. Les deux hommes se sentirent trahis. Tous deux se sentirent insultés. Ferrari parce que Ford était heureux d'acheter sa société et d'accroître sa croissance aux Etats-Unis mais n'était pas prêt de voir arriver des Ferrari dans des courses sur le sol américain (particulièrement les 500 Miles d'Indianapolis, que Ferrari voulait gagner) et attendait de Ferrari également de suivre les ordres quand le temps de la Fomule 1 viendrait. Ford, pendant ce temps, fut furieux quand Ferrari quitta tout simplement la table. Il devint ensuite proprement incandescent quand Ferari conclut un accord, quelques mois plus tard seulement, avec Fiat. Ford, pour sa part, avait été joué et trahi. Et maintenant il voulait sa vengeance.La quête de Ford allait atteindre son apogée -d'une façon ou d'une autre- sur la ligne d'arrivée des 24 Heures du Mans en 1966. Après que Ferrari ait rejeté l'accord, Ford avait demandé à Iacocca de trouver quelqu'un d'autre capable de construire pour lui une voiture qui soit suffisamment rapide et solide pour battre Ferrari sur son propre terrain. Iacocca trouve l'ex-coureur et constructeur Carroll Shelby (interprété par Matt Damon dans Le Mans 66) qui amena avec lui son pilote et chef mécanicien Ken Miles (joué par Christian Bale) pour l'aventure.Pouvaient-ils réellement construire une voiture qui puisse défier et battre la puissance de Ferrari, sur un circuit où la domination d'Enzo était d'apparence insurmontable ? (depuis 1960, Ferrari était invaincu au Mans ci-dessus la Ferrari 250 LM de Jochen Rindt et Masten Gregory, victorieuse en 1965, NDLR ). Une chose était certaine : ce n'était pas une question d'argent, Ford ayant donné à Shelby et Miles un chèque en blanc pour accomplir son ultime vengeance.Matt Damon « Aussi, pour eux, c'était la chance de leur vie. »Christan Bale : »C'était eux face au meilleur. Lutter contre le dieu absolu de la course automobile, Enzo Ferrari. C'était ça. Miles et Shelby étaient pareils, « Bon, on va défier Dieu - et le battre - ».
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