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Raul Boesel (part 2) : "Après 32 ans passés en sport auto, je ne regrette rien !"

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18 fév. 2020 • 12:00
par
David Bristol
Suite de notre entretien avec Raul Boesel, l'homme qui n'a (presque) couru que pour une seule marque en endurance, Jaguar. Après avoir parcouru ses différentes participations aux 24 Heures du Mans, il est revenu sur sa vision de l'endurance et de son entrée au Hall of Fame de l'Endurance début décembre.Cette 2e place aux 24 Heures du Mans 1991 restera son meilleur résultat de toute sa carrière au Mans. La victoire n’était pourtant pas loin puisque deux tours seulement séparaient la Mazda 787B #55 lauréate de la Jaguar XJR-12 #35, mais l’homme originaire de Curitiba ne regrette rien. « Je ne regrette absolument rien. Tout n’est qu’une histoire d’opportunités et de bonnes décisions. J’ai passé 32 ans de ma vie dans le sport automobile à faire ce que j’aimais par-dessus tout. Cela aurait peu être meilleur avec une victoire au Mans par exemple, mais cela aurait pu être pire aussi (rire).» 
Au total, il n’a disputé qu’une saison complète avec Jaguar, celle qu’il remporte en 1987, ainsi que trois fois les 24 Heures du Mans. Largement assez pour se faire une idée de cette voiture mythique. « En fait, c’était une voiture très piégeuse. La vitesse était très impressionnante dans cette auto. Elle avait beaucoup de charge aérodynamique et elle était très puissante avec plus de 700 chevaux. Aller très vite avec cette Group C n’était pas facile, elle était très dure physiquement à emmener. Après une phase d’apprentissage, je m’y suis bien habitué et je dois dire qu’à côté, il y avait une superbe équipe. Ils arrivaient à vous mettre en confiance tout le temps. »  
Alors qu’il a couru pendant plus de 30 ans en F1 (March et Ligier), en CART, aux 500 Miles d’Indianapolis (14 participations), en Championnat du Monde des Voitures de Sport, il ne compte que trois venues au Mans entre 1987 et 1991, puis plus rien après. « J’avoue que je n’ai plus eu les bonnes opportunités ensuite. J’ai aussi roulé en Indy Car (en CART et en IRL précisément, ndlr) et je me surtout concentré sur cela. De plus, sur plusieurs années, les 24 Heures du Mans étaient en clash de date avec d’autres événements auxquels je participais. J’aurais aimé y revenir, avoir les bonnes occasions pour de nouveau me battre pour un beau résultat, mais il a fallu que je fasse des choix. »On n’avait plus revu le Brésilien en Europe depuis très longtemps. L’inauguration du Hall of Fame de l’Endurance par la FIA a fait qu’il s’est rendu à Paris pour être intronisé. « Ce Hall of Fame est important pour moi. Cela représente beaucoup, entre autres de la reconnaissance de la part de mon pays. A l’époque où je courais en Group C et mon titre de champion du monde des voitures de sport 1987, personne au Brésil ne s’y est intéressé. A cette époque, tout tournait autour de la Formule 1, nous avions de grands champions comme Nelson Piquet ou Ayrton Senna. Personne ne regardait les courses d’endurance. Il n’y a pas de souci à ce niveau-là, je le vis très bien (rire). Quand j’ai reçu ce mail de la part de la FIA et de Jean Todt, j’ai eu du mal à y croire au début et ce que j’ai ressenti à ce moment là est difficile à décrire. Etre invité dans ce genre d’événement, avec autant de pilotes prestigieux à mes côtés, c’est comme avoir la tête dans les nuages. »   
 
Comme souligné, Raul Boesel se fait plus que rare sur les circuits du monde entier. Il avoue lui même qu'il n'est jamais retourné au Mans depuis qu'il y a couru pour la dernière fois, même en tant qu'invité ou spectateur, mais qu'il aimerait bien. Cela n’empêche pas l’homme, âgé de 62 ans depuis le 4 décembre dernier, de suivre de prés l'endurance et les 24 Heures du Mans. « La technologie désormais est présente partout et elle est incroyable. Cependant, je trouve que l’intérêt et la compétitivité sont descendus d'un niveau comparé à ce que j'ai pu connaitre. Au moment des années que j'ai vécues en 1987 ou 1988, il y avait 25 voitures du Group C au départ des 24 Heures du Mans avec des constructeurs comme Jaguar, Porsche, Mazda, Mercedes, Nissan ou encore Toyota. Cette catégorie pourrait être comparée aux LMP1 de maintenant. Vous y trouvez quatre ou cinq autos et seulement un constructeur, Toyota. Que veut-on réellement ? Le développement de la technologie ou une vraie compétition entre les équipes et les pilotes ? Je ne sais pas trop ce que le futur de l'endurance nous réserve. Je trouve le LMP2 plus intéressant, plus juste, plus équitable. Du point de vue d'un manufacturier, pour le moment, je ne vois pas son intérêt de s'engager puisque, certes il pourrait gagner, mais sans réelle compétition présente. On va voir ce que l'Hypercar va apporter dans les années à venir. » 

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