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La Porsche 936 châssis #001 : la genèse

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5 mar. 2020 • 9:37
par
Laurent Mercier

Le premier châssis 936, le #001, a eu une histoire magnifique. Une carrosserie inspirée des 917/10 et 917/30 - sans cheminée pour l’instant - lui fut apposée, et un six cylindres à plat de 2142cc turbocompressé fut mis en place dans ses entrailles. Dans une configuration noire, sponsorisée par Martini, elle se qualifia deuxième et termina cinquième des 300 km du Nürburgring. Cette même voiture fut améliorée, pour devenir la 936/76. Engagée aux 24 Heures du Mans 1976 avec la #18, Jürgen Barth et Reinhold Joest n’ont pu aller bien loin suite à une casse moteur tôt dans la course.

 

Le plus bel exploit de cette voiture fut, sans nul doute, la victoire aux 24 Heures du Mans 1977. Elle fut dotée de deux turbos KKK, améliorée et acérée pour la ligne droite. D’abord pilotée par Hurley Haywood et Jürgen Barth, les deux hommes furent rejoints par un Jacky Ickx motivé qui vécut mal l’abandon de sa voiture (#3) un peu plus tôt. Cependant, la #4 connut de gros soucis mécaniques. Repartant depuis les méandres du classement, le Belge fit une course parfaite, un véritable tour de force digne des plus grands afin de la replacer en première position. Dans les derniers instants, un problème moteur survint. L’équipe Porsche, sous pression, n’eut pas le choix que d’isoler un cylindre. Ainsi, la voiture franchit la ligne d’arrivée au ralenti, devant une foule médusée. Encore à l’heure actuelle, cette édition sonne comme l’une des plus incroyables de toute l’histoire.

 

Lors d'une rencontre avec Jürgen Barth, ce dernier était revenu sur sa victoire de 1977 : « Effectivement, ce fut une édition compliquée, nous étions en bagarre avec les Renault et avons roulé sur cinq cylindres en fin d’épreuve. J’ai fait deux tours comme cela. Pas mal de personnes m’ont dit que j’avais fait une erreur de faire deux boucles dans ces conditions, mais pas du tout. Dans le règlement il était écrit que nous devions faire un tour à la moyenne de 50% de la qualification. Cependant, ce tour commence après avoir franchi la ligne d’arrivée qui se trouvait avant les stands. Il fallait donc que je sorte des stands pour faire un premier tour puis un tour complet, donc deux boucles ! C’était un détail très important du règlement qu’il fallait connaître. Nous avions perdu l’autre Porsche officielle de Pescarolo (#3) assez tôt dans la course. C’est alors que nous avons récupéré Jacky Ickx sur notre auto. Puis ce fut au tour de la 935 usine de se retirer, il ne restait alors plus que notre voiture. Nous avons roulé comme des fous toute la nuit et nous n’avions plus de rétroviseur au niveau de l’aile avant. Là aussi, le règlement était bien précis : il fallait les deux ! Les ingénieurs ont donc remis un rétro mais on ne voyait rien dedans (rires). »

 

En 1978, seules les 24 Heures du Mans sont au programme de l'usine Porsche. Attribuée à Jacky Ickx, Bob Wollek et Jürgen Barth, la 936/78 001 (#6) évolue encore, mais ne peut rivaliser avec l’Alpine Renault A442B du duo Pironi/Jaussaud. Elle termine tout de même deuxième à cinq tours.

Pour 1979, appuyée en majorité par Porsche, elle est aux couleurs du pétrolier Essex. Sous sa nouvelle robe, elle ne termina que dixième des 6 Heures de Silverstone, en raison d’un accident.

 

 

 

Plus tard dans la saison, c’est le moteur qui fit défaut au duo Hurley Haywood/ Bob Wollek aux 24 Heures du Mans 1979. Un abandon sec, alors qu’elle s’élançait de la pôle position.

 

Sa dernière apparition notable fut les 24 Heures 1981, retransformée en 936/81 (avec un moteur de 2649cc développant 620 chevaux, ainsi qu’une carrosserie revue). Emmenée par Jochen Mass, Hurley Haywood et Vern Schuppan, elle ne termina que 12e,, ayant eu à composer avec des soucis d’embrayage, puis de pompe à injection.

 

Pour conclure, elle fit quelques apparitions remarquées en Allemagne, dans le cadre du DRM, avant de se ranger définitivement. Aujourd’hui, elle appartient à un privé qui n’hésite pas à la rouler dans la configuration 1978. Et honnêtement, on le comprend...

 

Merci à Luc Joly pour les photos...

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