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Présent et avenir du GT par Stéphane Ortelli (2009)

Divers
30 mar. 2020 • 9:53
par
Laurent Mercier
Endurance-Info : 25/07/2009

Absent l'an passé à Spa, Stéphane Ortelli fait son retour dans les Ardennes belges. Sa dernière apparition remonte à 2007 sur une Ferrari F430 et cette année il revient dans le giron Porsche sur la 997 GT3-RSR du Trackspeed Racing. La combinaison Ortelli/Porsche/Spa est plutôt adepte du podium à Spa. Jugez plutôt : 2ème N-GT en 2001, 1er N-GT (3ème au scratch) en 2002, 1er au scratch en 2003 et 3ème au scratch en 2004. Si la discussion a porté sur la course, Stéphane nous donne aussi son avis sur l'évolution des catégories GT. Loin de tomber dans l'article polémique, la bonne heure passée en sa compagnie a été plus qu'instructive.

Stéphane, comment s'est passé votre retour dans une Porsche à Spa ?

« Je n'ai fait que deux tours sur le sec et trois tours sous la pluie en qualifications. C'était toutefois suffisant pour voir que l'auto est très bonne et bien équilibrée. Nous sommes confiants pour la course. Je suis heureux d'être de nouveau dans une Porsche à Spa. »

L'auto a bien évolué depuis l'époque 996 GT3 ?

« Oui énormément, même si une Porsche reste une Porsche, et surtout ici à Spa. Elle a bien évolué, surtout au niveau de la charge aéro. Les freins sont également bien plus performants et la boîte de vitesses est un régal. L'équipe est bonne et nous avons un bon soutien de Porsche. »

L'objectif est bien entendu la victoire. D'où viendra le danger selon vous ?

« Il est clair que AF Corse sera un dangereux rival mais je pense qu'il faudra avant tout se méfier de l'Audi R8 LMS Phoenix Racing. Elle est rapide et devrait être bien au niveau consommation. Souvenons-nous qu'elle a fait une belle performance aux 24 Heures du Nürburgring. Personnellement, j'aimerais bien qu'il pleuve car on sait tous que la Porsche est à l'aise sous la pluie. Nous sommes là pour renverser la situation après les 24 Heures du Mans où Ferrari a dominé la course. »

Pensez-vous que l'exploit de 2003 est de nouveau réalisable ?

« Vu le nombre de GT1 au départ, tout est possible. Les conditions météos seront un paramètre important et je reste persuadé qu'un podium au scratch est envisageable. Ici tout peut arriver. »

Avec 419 points marqués dans la série, vous êtes le pilote qui en détient le plus. Quel est votre regard sur 2010 et les nouveaux championnats GT ?

« Pour être franc, je me demande pourquoi séparer GT1 et GT2. Une GT2 coûte très chère à faire rouler. Il y a de quoi faire un magnifique Championnat du Monde GT2. Il y a la possibilité de réunir Porsche, Ferrari, BMW, Corvette, Panoz, Audi, Maserati, Nissan, Ford, Aston Martin, Lamborghini. Que demandez de plus ? En créant un Championnat du Monde GT1, j'ai un peu peur que le GT2 soit un peu discrédité. »

Vous prenez toujours autant de plaisir à piloter une GT2 qu'une GT1 ?

« Oui, même s'il est vrai qu'une GT1 est plus magique à piloter, avec plus d'aéro et des freins carbone. Si je prends l'exemple des GT que j'ai piloté : la Saleen a pas mal d'aéro et un ABS, la Ferrari est une petite Saleen, l'Aston Martin DBR9 a un moteur époustouflant et une mélodie incroyable, la Porsche est bien en aéro et l'Audi est une petite GT2 ».

Selon vous, les vraies années GT1 sont finies ?

« Pour moi, les vraies années remontent à l'ère Lotus, Porsche, Mercedes, McLaren, Nissan, etc...Qui va venir en GT1 en 2010 ? On risque de retrouver les meilleurs pilotes GT en GT2. Déjà en 2003/2004, peu de pilotes étaient payés pour rouler alors qu'en GT2 le niveau était déjà relevé. Avec la multiplication des championnats, il faudra également faire attention aux clash de dates, ce qui risque de poser un problème, tant les calendriers sont compliqués à établir. Si je prends l'exemple de l'année passé, il m'était impossible de disputer deux séries comme le FIA-GT et les Le Mans Series. En fait, je crois que le sport automobile est cyclique. Il y a eu une époque proto, une époque GT1 et maintenant nous risquons d'avoir une ère GT2. Dans quelques années, le GT3 pourrait prendre le dessus. »

Avec un nouveau Président de la FIA, les choses pourraient évoluer ?

« Effectivement, il faut voir. Je connais bien Ari Vatanen avec qui je discute assez régulièrement. Il a précisé il y a peu dans la presse qu'il souhaitait une FIA et non une F1A. Pourquoi ne pas revenir comme dans les années 60 où tous les sports mécaniques étaient télévisées. Moi je rêve que l'on diffuse les 24 Heures de Daytona puis ensuite le Rallye de Monte Carlo, le GP de F1 de Monaco, les 500 Miles d'Indianapolis, les 24 Heures du Mans, le Rallye de Finlande, les 24 Heures de Spa, etc... Je sais que la politique d'Ari Vatanen est de dire : je suis là pour le sport auto. Dans les années 60/70, les pilotes changeaient de discipline en cours de saison et cela n'est plus possible de nos jours. Imaginons que le WRC et l'IRC se réunissent et qu'il n'y ait qu'un championnat GT majeur. Bien sûr, une course comme les 24 Heures du Mans auraient toujours une place à part ».

La sécurité des pilotes est aussi un facteur à prendre en compte ?

« Oui et je suis bien placé pour le savoir. La Journée Test des 24 Heures du Mans a été supprimée cette année et on peut voir que chaque équipe de pointe a au moins perdu une auto en course sur accident, excepté le Team Kolles. Je suis tout à fait d'accord pour une réduction des coûts mais si on fait le total de ce qu'a coûté aux équipes les différentes sorties, cela a dû revenir plus cher que de laisser la Journée Test. La piste manquait de grip et trop de pilotes n'avaient jamais foulé le circuit sarthois. Pour moi, il y a deux courses vraiment dangereuses : Les 24 Heures du Mans et les 500 Miles d'Indianapolis. Aux Etats-Unis, les journées d'essais ont été maintenues avant les 500 Miles. Une chose est sûre, on ne peut pas jouer avec la sécurité. Se pose aussi la question des différentes catégories de pilotes. J'ai eu la chance d'avoir un professeur comme Bob Wollek quand j'ai débuté. Il ne faut surtout pas ôter le fait qu'un gentleman ou un jeune puisse être aidé par quelqu'un de plus expérimenté. Pour moi, le handicap temps est plus facile à gérer qu'un handicap poids. Je ne comprends pas que des pilotes comme Frank Biela, Dindo Capello ou moi puissions être acceptés dans le championnats nationaux et pas en FIA-GT3 ».

On vous a vu suivre avec assiduité la course British F3 de Jules Bianchi. C'est un futur grand pilote selon vous ?

« Je suis son parrain sportif depuis ses débuts. Je pense sincèrement qu'il a un grand avenir et qu'il sera un jour en F1. C'est un pilote qui a de grandes qualités ».

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