Retour sur l'épopée BPR, part 1...
Je vous parle d'un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre.... Comme le chantait si bien Charles Aznavour et c'est ainsi que l'on pourrait aborder cette belle époque du BPR qui a également permis le renouveau du "Grand Tourisme" sur la scène internationale à partir de 1994.
BPR. Trois lettres pour un championnat, trois initiales, synonymes de trois grands passionnés d'automobile et plus précisément de sport automobile. Ces hommes, toujours très actifs dans le monde du sport automobile ne sont autres que Jürgen Barth, Patrick Peter et Stéphane Ratel. Jürgen Barth et Stéphane Ratel étaient à l'époque respectivement à la tête des départements compétition chez Porsche et Venturi, tandis que Patrick Peter officiait comme organisateur de manifestations historiques telle que l'Âge d'Or.
Alors même si ce championnat ne parle pas plus que cela aux moins de vingt ans, il évoque en revanche énormément de bons souvenirs à ceux qui approchent la quarantaine et/ou qui comme moi, ont eu la chance de participer à quelques uns de ces meetings BPR.
C'est la troisième et ultime saison du BPR que nous allons vous faire revivre tout au long de l'année en revenant en images sur quelques uns des onze meetings de 1996.
Ces retours dans le passé se feront grâce aux photos d'archives du regretté Michel Marchetti, plus connu du monde des circuits sous le nom de Canard. Photos que nous avons volontairement souhaité laisser brutes et donc sans retouches, même si cela se fait un peu au détriment de la qualité visuelle, mais n'oubliez pas, c'était il y a vingt ans ! De nombreux clichés venant de différents passionnés viendront également agrémenter ces différents articles.
Deux mots reviennent souvent à l'esprit des gens lorsque l'on parle du BPR, que ce soit avec d'anciens spectateurs ou les acteurs mêmes de ce championnat : spectacle et convivialité. Ces courses de 4 heures étaient réellement fantastiques à suivre, quelle que soit la catégorie, les bagarres en piste ne manquaient pas et très souvent jusqu'au baisser du drapeau à damiers ! Même si il y eu parfois quelques attaques un peu plus franches qu'à l'habitude, tout se passait généralement dans un véritable esprit sportif et un respect mutuel.
Et que dire de ce qu'il se passait de l'autre côté des stands... Un esprit convivial tellement agréable, et si rare de nos jours, bien que l'on s'en rapproche tout de même aujourd'hui au sein du paddock de la Blancpain Endurance Series. Pas vraiment étonnant pourrais-je dire, puisque le promoteur de cette série n'est autre que Stéphane Ratel (SRO), l'un des trois fondateurs du BPR (le "R" pour Ratel)
Je repense souvent à ces tablées, à l'arrière des camions, parfois échangées entre plusieurs équipes de mécaniciens officiant pourtant pour des écuries adverses en piste. Certains n'hésitaient pas à venir donner un coup de main aux autres au sein des petites structures, on se prêtait de l'outillage, on se dépannait d'un élément de carrosserie, d'un peu de matière première, de quelques écrous ou colliers de serrage... Les hôtels partagés par plusieurs teams étaient également le lieu de rencontres entre les différentes équipes et les discussions allaient bon train jusque tard dans la nuit ou lors des petits déjeuners bien matinaux...
Et les soirées d'avant course, comment les oublier ? Sur de nombreux meetings, l'organisation conviait les équipes qui le souhaitaient (ou le pouvaient, certaines travaillant très tard pour remettre en état les autos pour le lendemain) à un grand repas partagé par tous dans une ambiance très festive et amicale ! Des souvenirs inoubliables pour tous ceux qui ont eu la chance d'assister à cela au moins une fois. Quand on vous dit que c'était une autre époque le BPR... Beaucoup de choses souvent inconcevables aujourd'hui dans bon nombre de championnats. C'est aussi cela qui a fait le succès de ce BPR auprès des équipes, toujours plus nombreuses à s'engager chaque année.
Le public n'était pas en reste, avec du grand spectacle en piste, des pilotes aux noms tous plus prestigieux les uns que les autres (Wallace, Bell, Wollek, Ortelli, Jarier, Nieslsen, Della Noce, Olofsson, Grouillard, Kelleners, Gounon, Raphanel, Lammers ou encore Hezemans pour ne citer qu'eux) aux volants de toutes ces magnifiques GT (Ferrari, Gillet, Jaguar, Lotus, Marcos, McLaren, Morgan, TVR, Venturi, Viper...) avec généralement des accès facilités au sein des paddocks permettant d'approcher au plus près de ces GT et de leurs pilotes.
Alors oui, c'est vrai et on me le dit souvent, il faut vivre avec son temps et avancer, mais m**** qu'il était bon ce BPR ! Je suis, et resterai un grand nostalgique de ce championnat.
L'un des points forts de la série était réellement de faire la part belle aux véritables gentlemen. On peut citer entre autres Lindsay Owen-Jones (McLaren F1 GTR / Gulf Racing GTC), à l'époque président-directeur général d'une célèbre marque de cosmétique mondialement connue ou bien Jean-Luc Chereau (Porsche 911 / Larbre Compétition), dirigeant de la société éponyme qui fabrique des remorques frigorifiques pour poids-lourds. On a encore tous en tête ces nombreuses Porsche provenant des ateliers de Jack Leconte associées aux couleurs Chereau. Les deux entités ont collaboré pendant de très nombreuses années qu'elles sont même rapidement devenues indissociables dans l'esprit des gens.
Il y a donc tout juste vingt ans, ce championnat BPR voulu par Jürgen Barth, Patrick Peter et Stéphane Ratel s'élançait pour sa troisième et ultime saison, celui-ci passant sous l'égide de la FIA dès 1997 en devenant le FIA-GT.
C'est en 1994 que le BPR a pris officiellement son envol lors de la manche inaugurale disputée sur le tracé du Paul Ricard. Cette première campagne a véritablement permis de relancer la catégorie GT et bien que les grilles de cette première année d'existence étaient principalement constituées de Porsche et de Venturi, quelques voitures plus exotiques ont fait leur apparition en cours de saison telles que les Lotus Esprit, Ferrari F348 ou F40, Callaway ou Porsche 968.
Le plateau avait même fière allure avec des équipes de renom pour engager toutes ces GT : Larbre Compétition (Porsche), Konrad Motorsport (Porsche), Freisinger Motorsport (Porsche), Ecurie Biennoise (Porsche), Chamberlain Engineering (Lotus), Agusta Racing Team (Callaway Corvette), Seikel Motorsport (Porsche), Strandell (Ferrari F40) ou encore Pilot Jacadi Racing (Venturi), BBA Competition (Venturi) et Simpson Engineering (Ferrari 348) pour ne citer qu'elles.
Les circuits visités au cours de l'année ne manquaient pas non plus de prestige avec le Paul Ricard, Jarama, Dijon, Monthléry, Vallelunga, Spa, Suzuka et enfin Zuhai pour clôre la saison.
Ce championnat a connu un tel succès lors de sa première campagne que les nouveautés ont été nombreuses en 1995, tant au niveau des équipes que des voitures. Beaucoup de teams qui roulaient habituellement dans les championnats nationaux trouvaient là le moyen de se montrer sur la scène internationale. La McLaren F1 GTR (Gulf Racing/GTC, West Compétition, GRT Jacadi, BBA Compétition) faisant ses grands débuts en compétition, tout comme la dernière née de Stuttgart, la Porsche 993 GT2 (Stadler Motorsport, Kremer Racing, Lanzante Motorsport, Seikel Motorsport, Haberthur Racing ou encore Larbre Compétition). Les Ferrari F40 étant également plus nombreuses en piste avec l'arrivée du Ferrari Club Italia et ses versions GTE de l'Italienne venant ainsi épauler celle du Pilot Aldix Racing déjà présente en 1994.
Le succès était tel que de huit meetings en 1994, on passa à douze déplacements sur cette seconde saison (Jerez, Paul-Ricard, Monza, Jarama, Nürburgring, Donington, Monthléry, Anderstorp, Suzuka, Silverstone, Nogaro et Zhuhai).
Au classement constructeurs, McLaren qui rafla dix des douze victoires possibles l'emporta haut la main ne laissant que des miettes à ses adversaires, Ferrari triomphant à Anderstorp et Porsche sur l'autodrome de Monthléry.
Du côté des équipes, C'est le West Competition avec sa F1 GTR blanche et rouge aux mains expertes de John Nielsen et Thomas Bscher qui bien que ne remportant que deux victoires s'adjugea le titre. Une régularité exemplaire sur l'ensemble de la saison permit de faire le reste.
Commentaires
Connectez-vous pour commenter l'article