Le départ des 24 Heures du Mans, toute une histoire !
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13 juin. 2020 • 16:00
par
David Bristol
Aujourd’hui, à 16 heures, nous aurions dû assister au départ de la 88e édition des 24 Heures du Mans. Mais suite à cette pandémie de Coronavirus, il n’en est rien, l’épreuve étant repoussée au mois de septembre. Cela nous n’empêche pas de faire un petit focus sur le départ de cette course.Les types de départQuatre différents types de départ ont été donnés tout au long de l’histoire de cette course. Pendant deux ans (1923 et 1924), il était en version "arrêté en ligne". Les voitures étaient alors rangées par file de deux dans l’axe de la route, numéros impairs à droite, pairs à gauche, dans l’ordre décroissant des cylindrées.De 1925 à 1969, le départ a été donné en épi. Les autos d’un côté de la piste, pilotes en face de l’autre côté, les voitures sont rangées en épi dans l’ordre décroissant des cylindrées. Ce fut le cas de de 1925 à 1962 car, à partir de 1963, elles sont parties selon les temps des essais. Nous n’allons pas revenir sur la « manifestation de Jacky Ickx » en 1969 (Ford GT40) qui a décidé de traverser la piste et prendre le temps de s’attacher correctement. Ce geste a signé la fin du départ Type Le Mans.
&fbclid=IwAR3X2EMk95xTJazIZ30jbSTmFLOr4p2xkBxcD8G_or5AbZx_GNH1OLgXDfAL’année suivante le départ est toujours donné en épi, mais avec le pilote casqué et sanglé à bord. Depuis 1971, le départ est lancé comme on le connait, c'est-à-dire que les voitures font d’abord un tour de chauffe et sont « lâchées » à l’approche de la ligne de départ !Position sur la grille Comme précisé, depuis 1963, la position sur la grille de départ est déterminée par le temps réalisé lors des essais qualificatifs. Par contre, qui dit poleman ne dit pas forcément vainqueur des 24 Heures du Mans. Cela n’est arrivé que dix fois en 53 départs ! Et la dernière fois, c’était en 2018 avec le meilleur temps de Kazuki Nakajima et la victoire de la Toyota TS050 Hybrid #8 de Kazuki Nakajima, Fernando Alonso et Sébastien Buemi. Les autres pole / victoire la même année ont eu lieu en : 1974, 1975, 1981, 1982, 1997, 2003, 2011, 2012, 2013, 2016.Pas la voiture la plus rapide en pole ?!Habituellement, les positions au départ reflètent le temps réalisé aux essais par l’un des pilotes. A noter qu’il existe quatre exceptions. En 1980, la pole fut attribuée à l’équipage ayant réalisé le meilleur temps (moyenne des temps des pilotes). Ainsi John Fitzpatrick sur Porsche 935 K3 #70 de Dick Barbour avait été le plus rapide lors des essais mais ne partit qu’en 2ème position derrière l’équipage Henri Pescarolo/Jean Ragnotti sur Rondeau M379 B #15.
En 1991, les premières lignes furent réservées aux prototypes 3,5 litres atmos répondant à la nouvelle réglementation WSC. L’auteur de la pole, Jean Louis Schlesser sur Sauber Mercedes C11 #1 turbo (3:31.270) partit en 6ème ligne derrière les dix voitures WSC dont la 1ère était la Peugeot 905 #5 de Philippe Alliot, Mauro Baldi et Jean Pierre Jabouille.
Pour finir, en 1996 et 1997, il y a eu une composition inhabituelle de la grille : les protos étaient à gauche et les GT à droite.Depuis 2017, une nouvelle procédure de départ a été mise en place. Après leur mise en épi, les voitures partent directement pour le tour de formation derrière la voiture de sécurité. Pendant ce tour, elles se positionnent conformément à la grille puis le départ lancé est donné, il n’y a plus la traditionnelle et véritable grille de départ « statique » devant les tribunes.Les effectifs au départ Le maximum de partants a longtemps été de 60 comme en 1950, 1951, 1953, 1955 et depuis 2016. Cependant, en 2019, en raison d’un nombre important de demandes d’engagement, 62 voitures qui ont été invitées ! La Porsche 911 RSR #99 de Dempsey-Proton Racing ayant dû déclarer forfait suite à une sortie de piste lors des essais, l'effectif au départ n'était que de 61, ce qui constitue néanmoins un record !En 1930, seulement 17 voitures sont présentes sur la grille de départ. On se rappellera aussi de la fameuse édition de 1991 avec 38 autos au moment de l'envol...Quelques départs et premiers tours un « peu » particuliers et mouvementés (nous ne les avons pas tous répertoriés, ce choix n'est pas exhaustif et est subjectif)1969 : le pilote britannique John Woolfe participe à l’épreuve au volant de sa toute nouvelle acquisition, une Porsche 917 (châssis #5). Il fait équipe avec Digby Martland, mais ce dernier effectue une sortie de piste à Mulsanne lors des essais. Même s'il n'a rien heurté, il prend peur et ne souhaite plus prendre le départ. Hubert Linge, pilote d’essais Porsche le remplace.La 917 du John Woolfe Racing s'élance depuis la 10ème sur la grille. L'usine Porsche préconise que Hubert Linge prenne le départ car il a une plus grande expérience de cette auto, mais John Woolfe refuse. Lors du départ, John Woolfe saute dans sa voiture sans boucler sa ceinture comme la plupart des autres pilotes (ce sera le dernier départ de ce type). Le premier tour va bientôt être bouclé et John Woolfe aborde Maison Blanche. Alors 12e, il met deux roues dans l'herbe, perd immédiatement le contrôle de sa 917 et heurte le talus de face. La voiture se coupe en deux, le Britannique est éjecté. La #10 revient même au milieu de la piste. Chris Amon, sur sa Ferrari 312 #19 à pleine vitesse, ne peut éviter la voiture en perdition et percute la Porsche. Malheureusement, avec à peine un tour de couvert les deux autos prennent feu. Un mur de fumée et de feu empêche même les concurrents suivants de passer...
1975 : la Porsche Carrera RSR #9 de Malboro Team, non qualifiée à l'issue des essais, a néanmoins pris le départ et ne sera arrêtée qu'au bout de trois tours ! Elle était pilotée par un trio équatorien : Fausto Merello / Francisco Madera / Louis Larrea. La même année, mécontent de voir une de ses voitures non qualifiée en raison du prorata par groupe, Luigi Chinetti (le patron du NART) décida de retirer ses quatre Ferrari à 1 h 30 du départ !1982 : La Mirage M12 #27 participa aux essais qualificatifs des 24 Heures du Mans 1982, signant le neuvième chrono en 3.37.090. Cependant, elle ne participa pas à la course, étant jugée non conforme par les commissaires techniques à vingt minutes seulement du départ de la course en raison d’un radiateur d’huile placé derrière la boîte de vitesses alors qu’elle avait passé les vérifications techniques sans problème. Elle était pilotée par Mario Andretti, Michael Andretti et Philippe Alliot, mais pas de départ pour la belle américaine...
1983 : nous sommes au 2e tour de l'édition 1983. Dans les voitures de tête, ça se bouscule à tel point que deux prétendants à la victoire se touchent : Jacky Ickx (Porsche 956 officielle #1) et le jeune Jan Lammers (Porsche 956 #14 Canon Racing). Le Belge se fit une frayeur au virage de Mulsanne et Jan Lammers, dans son sillage, se fait surprendre. Les deux Porsche partent en tête à queue, se touchent et doivent rentrer au stand pour changer leur capot. Dommage quand on sait que la #1 échouera à un peu plus de trois kilométres de la 956 #3 victorieuse...
1984 : S'élançant de la 4e ligne, Rocher Dorchy sur sa WM P83/84 #23 prend le commandement de l'édition 1984 et boucle ainsi le premier tour en leader. Il est repassé par Bob Wollek (Lancia LC2 #4), mais le futur recordman de vitesse au Mans (405 km/h) ne l'entend pas ainsi. Au troisième tour, il repasse en tête avant de partir en tête à queue à Mulsanne. L’intéressé s'explique : "Au bout de la ligne droite des Hunaudières, j’avais un mal de chien à tenir la voiture au virage de Mulsanneet franchement j’ai pensé qu’on allait dire : « ce con (sic), il a voulu faire voir qu’il était là ! », alors que c’étaient les freins, les plaquettes. C’était un nouveau jeu qu’on n’avait pas eu le temps d’essayer et la roue arrière gauche s’est bloquée."
1989 : la bataille fait rage dans les premiers tours de cette édition entre les Sauber Mercedes, Jaguar et Nissan. Alors 2e et 3e, John Nielsen (Jaguar XJR-9 LM #2) et Julian Bailey (Nissan R89C #24) s'accrochent au virage de Mulsanne après seulement cinq tours. La Jaguar a peu de dégâts, elle doit changer son échappement, mais abandonnera plus tard à la 14e heure (joint de culasse). Par contre, la Nissan, coque enfoncée par une attache de suspension, ouvre la liste des abandons...1990 : Quarante-neuf voitures s'élancent pour le tour de chauffe, mais 48 prennent officiellement le départ. La raison ? La Nissan R90CK #25 de Kenny Acheson, Olivier Grouillard et Martin Donnelly n'a pu franchir la ligne de départ arrêtée à 500 mètres des stands. En cause, un souci de boîte de vitesses !2001 : le départ vient à peine d'être donné que plusieurs voitures se retrouvent au tapis. Au 4e tour, une averse de pluie d'une grande violence s'abat sur le circuit. Surpris, plusieurs pilotes partent à la faute. Cela commence avec Stefan Johansson sur l'Audi R8 #4 de Johansson Motorsport à Indianapolis. Quelques mètres plus loin, au virage Porsche, la Cadillac Northstar #5 d'Eric Bernard se plante dans le bac, l'Audi R8 Champion #3 de Ralf Kelleners abîme son aileron contre un rail. On découvre ensuite l'ampleur des dégâts : un carambolage a eu lieu entre Arnage et les Virages Porsche. Cela implique la Viper GTS-R #57 FFSA de David Terrien qui rentre avec l'avant enfoncé (abandon), la Pilbeam MP84 #35 de Martin O'Connell (abandon), la Reynard 01 Q #37 de Milka Duno (abandon quelques heures plus tard), la Saleen S7-R #61 de Toni Seiler (abandon quelques heures plus tard) et la Courage C60 #18 d'Emmanuel Clérico (mise hors course pour distance insuffisante)...
&t=3s2007 et 2009 : on citera pour ces deux éditions la piètre prestation des Lamborghini Murciélago R-GT de JLOC qui n'ont parcouru qu'un seul tour après le départ ! Rajoutons 2010 et la Lola AER Michael Lewis Autocon #19 qui s'immobilise lors de son premier tour près d'Arnage, boite de vitesses cassée... Nous pourrions en citer d'autres comme les deux Aston Martin AMR-One "out" après seulement 2 et 4 tours de course en 2011 !2016 : À quelques minutes du départ de la course, une pluie battante s’abat sur le circuit obligeant la direction de course à faire partir les concurrents derrière la voiture de sécurité. Une première dans l'histoire des 24 heures du Mans. Il faudra finalement attendre six tours du circuit et 52 minutes pour que la course débute réellement.
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