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Mauro Baldi (part 2) : "La victoire au Mans en 1994 ne fut pas facile !"

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10 juil. 2020 • 14:05
par
David Bristol
Suite de notre retour sur la carrière de Mauro Baldi. L'Italien a un superbe palmarès : treize fois les 24 Heures du Mans et vainqueur en 1994, champion du monde des voitures de sport en 1990 (avec Sauber-Mercedes et Jean-Louis Schlesser), vainqueur des 24 Heures de Daytona, des 12 Heures de Sebring et des 6 Heures de Watkins Glen...
Justement, son heure arrive l’année suivante lorsque Mauro Baldi roule sur la Dauer Porsche 962 LM #36 en compagnie de Hurley Haywood et Yannick Dalmas. « Après sa période Sauber-Mercedes, Max Welti est parti chez Porsche. Il m’avait alors demandé d’aller courir aux USA en SCCA World Challenge sur une Porsche 911 Turbo. En parallèle, j’ai développé la voiture pour les 24 Heures du Mans et pris part à l’édition 1994. Cette année là, ce n’était plus une Groupe C, mais bien une GT1 avec de plus petits pneus, pas d’appuis aérodynamiques, mais c’était une voiture intéressante. Ce fut une course difficile, mais j’en garde de super souvenirs. L'auto n’a pas eu trop de soucis tout au long de la course. Cependant, nous ne menions pas cette année-là. C’était la Toyota (94C-V #1 d’Eddie Irvine, Mauro Martini et Jeff Krosnoff, ndlr) qui était en tête jusqu’à deux heures de l’arrivée. Nous étions dans le même tour, mais ils ont eu un souci avec leur boîte de vitesses. Mais ce fut particulièrement dur pour nous car Hurley Haywood est tombé malade. Avec Yannick (Dalmas), nous avons dû piloter plus longtemps. Je me rappelle que j’ai dû faire un triple relais et quand je suis descendu de la voiture, je ne voyais plus rien, j’ai failli m’évanouir. J’ai récupéré et j’ai pu faire le dernier relais. Lors de la dernière heure, Le Mans c’est généralement assez tranquille car les autres concurrents sont si loin. Votre seul souci est de surveiller la voiture sans trop taper dans le moteur et de faire attention à la boîte de vitesses. Au final, nous avons gagné alors que nous n’y attendions pas car les favoris étaient les deux Toyota. »
En 1997, il reste en catégorie GT1 et toujours chez Porsche, mais trois années se sont écoulées depuis sa victoire. Il roule chez Konrad Motorsport avec le patron, Franz Konrad, et Robert Nearn. Cette fois-ci pas de victoire, mais un abandon suite à des soucis de suspension.
1998 va être une excellente année pour le pilote italien. En effet, il remporte les 24 Heures de Daytona avec Arie Luyendyk et Giampiero Moretti sur la Ferrari 333 SP de Doran-Moretti Racing. Il continue sur sa lancée et remporté les 12 Heures de Sebring toujours sur la 333 SP Momo avec Giampiero Moretti et Didier Theys. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, il remporte les 6 Heures de Watkins Glen. Moins de chance par contre aux 24 Heures du Mans où il roule toujours pour le compte de Moretti Racing. L'équipage y est inchangé (Moretti / Theys). « J’ai gagné les 24 Heures de Daytona avec cette auto. La première année, nous avons terminé au Mans (14e), mais la voiture était restée au stand dans les dernières heures afin de pouvoir effectuer les derniers tours. En effet, nous avions cassé la boîte de vitesses. »
L'année suivante, même auto mais équipe différente avec JMB Racing (Ferrari 333SP #29 avec Christian Pescatori et Jérome Policand). « La deuxième année, c’était avec JMB Racing et nous n’avions pas terminé (abandon moteur, ndlr). »
L'année 2000 marque sa dernière année aux 24 Heures du Mans. Il roule pour le compte d'un ancien vainqueur, John Nielsen. Ce dernier dirige l'équipe Team Den Bla Avis qui engage une Panoz LMP-1 Roadster-S. Il est associé au Danois et à Klaus Graf. Les trois hommes terminent, mais ne sont pas classés, la voiture n'ayant pas parcouru la distance nécessaire pour être classée. « La Panoz était curieusement bien équilibrée surtout avec ce nez très long. Elle était assez facile à piloter et je ne m’attendais pas à être aussi compétitif dans cette voiture. Nous n’avons pas eu de réel problème moteur comme les autres voitures, mais plus des soucis de boîte de vitesses. »
Quand on lui demande de citer de bons et de mauvais souvenirs au Mans, Mauro Baldi revient sur l’un de ses premières apparitions en Sarthe. « Comme je l’ai précisé, au niveau de mes pires souvenirs au Mans, je citerais 1985 et cette édition avec Henri. C’était trop difficile de rouler à deux pilotes. De plus, la Lancia LC2 n’était pas vraiment une voiture facile à piloter. J’ai alors senti que cette course était trop dangereuse, cependant, quand vous faites de l’Endurance, il n’est pas possible d’éviter une course telle que les 24 Heures du Mans. Certes, ensuite il y a eu ensuite les deux chicanes mais le problème pour moi n’était pas forcément la vitesse. Par contre, ce que j’ai toujours aimé, c’est la nuit. Je sais que certains pilotes n’aiment pas trop, mais j’arrivais à bien voir de nuit. Le moteur, les pneus, la boîte de vitesses, tout fonctionnait tellement bien dans ces conditions. Parfois, j’étais plus rapide de nuit que de jour. »Le pilote italien se fait désormais très rare sur les circuits et suit très peu l’endurance, il en explique la raison. « Quand j’ai quitté le monde du sport automobile, il y a 15 ans maintenant, j’ai complètement arrêté de suivre les compétions. La seule chose que je peux dire sur les voitures modernes, c’est la sophistication d’autos telles que l’Audi R18, la Porsche 919 Hybrid ou encore la Toyota TS050. Je les trouve très belles. Je regarde très peu les courses à la télé, parfois Le Mans. Ces dernières années, j’y ai un peu plus prêté attention, je voulais juste voir si les Toyota allaient gagner un jour ou pas. Cette marque a tellement été malchanceuse par le passé, particulièrement l’année où l’une s’arrête dans le dernier tour alors qu’elle était en tête ! »   En décembre 2019, Mauro Baldi a été convié au Hall of Fame FIA de l’Endurance et a retrouvé tous les autres champions du monde de la discipline comme lui. Ce fut un double honneur pour lui car il y a été invité par une personne particulière. « Je suis très honoré d’avoir été invité à cette cérémonie et de me retrouver dans ce Hall of Fame. De plus, c’est Jean Todt lui-même qui m’a invité. C’est vraiment quelqu'un à part, qui aime être en contact avec vous tous les jours, mais je ne suis pas ce genre de personne. C’est un très bon ami, je peux l’appeler après deux ans et on parle comme si on s’était vu hier. J’ai d’ailleurs une petite histoire à son propos que je peux raconter maintenant (rires). Lorsque Jean a quitté Peugeot Talbot Sport après les deux victoires aux 24 Heures du Mans, il a reçu une proposition de la part de Luca di Montezemolo pour rejoindre Ferrari. Il m’a alors appelé et m’a dit : « Mauro, on m’a proposé d’aller chez Ferrari, qu’en penses-tu ? C’est pas un peu dangereux pour moi ? » Il ne faut pas oublier que Jean avait presque tout gagné avec Peugeot : rallyes, Le Mans, le Paris Dakar, etc… Je lui ai répondu qu’il devait y aller et il m’a alors demandé pourquoi. Je lui ai alors dit qu’il ne pouvait pas faire pire que les gens qui étaient passés avant lui et qu’il serait en mesure de gagner (rires). J’ai eu raison, Jean Todt a remporté tant de titres avec la Scuderia en Formule 1 ! »
A l’évocation du Hall of Fame Endurance, les yeux de Mauro Baldi se mettent à briller. « C’est la reconnaissance de ce que j’ai pu faire dans ma carrière. Je sais qu’il y a tant de pilotes talentueux qui n’ont pas réussi à devenir champion du monde en Endurance. Quand vous pensez au nombre d’entre eux qui court ou qui ont couru à travers le monde et que seulement une petite trentaine était là ce soir-là, vous ne pouvez qu’être honoré d’en faire partie. »

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