Nous ouvrons aujourd’hui le troisième et dernier volet de notre série d’articles consacrée à Thierry Perrier (les deux premières parties sont
ICI et
LA). Nous en étions restés à l’année 2001 sur laquelle le pilote français a souhaité revenir...
Si 2000 a été une grosse année. Que dire alors de 2001 ?« 2001 est, sans aucun doute, ma plus belle saison de course et les 24 Heures du Mans courues cette année là resteront mon meilleur souvenir. Ce fut la Course de ma vie.Mes coéquipiers étaient Michel Neugarten et Nigel Smith. En performance pure, j’avais une meilleure expérience que Smith, mais je suis un peu moins bon que Neugarten. Pour la deuxième séance d’essais, nous convenons de faire trois tours chacun, Michel Neugarten se chargeant de faire un temps. L’ambiance qui régnait dans toute l’équipe était exceptionnelle. Nigel est un homme charmant. Il n’était jamais venu au Mans, même en spectateur. Il sait écouter, tout est parfait. Je pars, je fais mes trois tours, je rode les freins bien gentiment, je donne l’auto à Michel qui fait un premier tour de lancement et se trouve brusquement, dans la première chicane des Hunaudières, aux prises avec une piste couverte de graviers. Dix secondes avant, un concurrent a fait une figure au même endroit, est sorti, s’est récupéré, a traversé la piste, est revenu en catastrophe… Les commissaires n’ont pas le temps de mettre le drapeau. Tête à queue, Michel tape durement de l’arrière, châssis plié.Je savais qu’un carrossier, M. Leprince, avait fait des merveilles l’année d’avant sur une voiture. On ne peux pas le joindre. Bruno Vandestick fait un appel micro au cas où il serait sur le circuit et, miracle, il nous rejoint au stand où l’auto vient d’être ramenée. Il est 21 heures, marbre obligatoire. Mais le Team Taisan Advan, fort de leur mésaventure de 2000, a déjà réservé ses services au cas où. Il nous faut donc attendre la fin des qualifs pour être sûr. Minuit moins dix, coup de massue la Porsche Taisan vient de taper, même verdict. On est mal. M. Leprince nous regarde : « Je ne peux pas vous laisser tomber. Je prends les deux voitures ». Heureusement, on avait convenu avec Guy Clairay, le Team Manager, de faire les qualifs pilotes le mercredi. Le but est le warm up samedi, 9 heures 30. La voiture ne revient sur le circuit que vendredi vers 19 heures. Toute l’équipe exceptionnelle de mécanos dirigée par Pascal Bussy et Pierre Chevalier a bossé toute la nuit. Par chance on avait prévu un deuxième moteur pour la course. A 9 heures, l’auto est prête, devant le box, châssis redressé, carrosserie refaite, et repeinte, moteur changé en dix heures. Je fais le warm up, un peu tendu, mais sans aucun problème, l’auto est magnifiquement réglée, il n’y a rien à faire, juste à la pousser sur la grille de départ. La course va se dérouler comme dans un rêve. Je prends le départ, tout le monde est en slicks.Au quatrième tour, un déluge s’abat du côté d’Amage. Une dizaine de voitures sont au tapis. « Je vois une espèce de mur de flotte dans la ligne droite des Hunaudières. Le safety car sort devant moi à Mulsanne. C’est nickel : je roule très lentement, il y a des autos en vrac un peu partout, le safety car s’adapte à ma vitesse, 70 km/heure, on fait encore un tour, il doit y avoir panique dans l‘allée des stands.A la fin de la première heure, parti dernière ligne, on est 34e. L’équipage ne va pas cesser de progresser jusqu’à l’arrivée. J’ai fait un relais de 4 heures pendant la nuit, j’étais chaud, tout allait bien. L’auto marchait comme une horloge. Nous n’avons passé que cinquante et une minutes au stand en vingt quatre heures : changement de pneus, ravitaillement. Nous n’avons même pas eu à changer de plaquettes de freins. Smith s’est juste fait un bac à graviers au Tertre rouge, et moi un tête à queue au ralentisseur Dunlop sans aucun dommage. A l’arrivée : 9e au scratch, 3è en LM GT2. Le bonheur.
Cette année là, Michel Neugarten et moi avons également disputé l’intégralité du FIA GT et notamment les 24 heures de Spa, 7e au général et podium, 3e en NGT.
Et puis, retour au Mans en 2003 et 2004 en tant que concurrent et team manager. En 2003, la Porsche 996 RSR n°75 (Ian Khan/Michel Neugarten/Nigel Smith) de Perspective Racing termine 18e au scratch et 3e en GT et, en 2004, cette 996 n°75 (Ian Khan/Nigel Smith/Tim Sugden) finit 23e.
Je suis encore Team Manager aussi en 2009 pour la création et gestion d’Endurance Asia Team à la demande de l’ACO. Il s'agit de la première équipe chinoise à participer aux 24 Heures du Mans avec l’équipage composé de Darryl O’Young, Philippe Hesnault et Plamen Kralev.
Année de débâcle des Porsche. La #75, dragon fluorescent, est la seule à franchir l’arrivée, mais hélas non classée -la première des non classées.”
Si les 24 Heures du Mans ont bien rempli la carrière de Thierry, il a eu, et a toujours, une vie en dehors du Mans et il faudrait encore de nombreux articles pour être exhaustif.C’est ainsi qu’il a amené le Perspective Racing à sillonner les plus grands circuits européens, avec Le Mans bien sûr, mais également à Spa-Francorchamps avec des participations aux 24 Heures ou aux 1000 km, Montlhéry (avec les 1000 Km de Paris et la victoire de sa Porsche en 1995 en catégorie GT2), Jarama, Magny-Cours, Brno, Zolder, Hungaroring, Nürburgring en Le Mans Series, FFSA GT ou FIA GT, avec également des courses outre-Atlantique avec la Mosler MT900 et un équipier de renom, João Barbosa, Daytona (13e en 2002), Watkins Glen, VIR, Mont-Tremblant et bien d’autres.Perspective Racing s’est aussi tourné vers le Championnat VdeV avant que Thierry ne fasse commune avec Jean-Paul Pagny et l’équipe Visiom, délaissant ses Porsche pour lesquelles il avait les yeux de Chimène et passer à Ferrari, accumulant podiums et victoires avec des 430, 458 et 488, décrochant les titres GT en 2015, 2016 et 2019 avec l’aide appréciable et appréciée de leur complice Jean-Bernard Bouvet.L’histoire n’est pas finie pour Thierry. Passion, quand tu nous tiens……
Nous remercions vivement Thierry Perrier.Merci également pour les photos à Luc Joly, Christian Vignon, Laurent Chauveau, Jean-Michel Lefebvre.
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