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Quand Volkswagen battait des records du monde avec sa Nardo W12

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1 nov. 2020 • 9:37
par
Laurent Mercier
A la fin des années 90, Volkswagen s’est mis à la Supercar avec la Nardo équipée de son moteur W12 et sa transmission intégrale. Ne l’oublions pas, la Nardo a battu plusieurs records du monde de vitesse. On doit cette Supercar du XXe siècle à Ferdinand Piëch qui a entrepris de concevoir une auto rapide haut de gamme. Avec ses 600 chevaux et ses 1200 kg, la Nardo était capable d’atteindre 357 km/h (420 chevaux pour la W12). Quoi de mieux que le circuit éponyme de Nardo pour battre plusieurs records de vitesse.En 2001, cinq pilotes se sont relayés pour rouler entre 350 et 360 km/h pendant 24 heures. Pari réussi avec une moyenne de 295,24 km/h. Il faut croire que ce n’était pas suffisant pour Volkswagen qui a décidé de tenter un nouveau record en février 2002 : 322,891 km/h de moyenne. En 24 heures, la Nardo a parcouru 7740,576 km. Cinq pilotes étaient en piste : Mauro Baldi, Marc Duez, Giorgio Sanna, Jean-François Hemroulle, Raimund Baumschlager (Emanuele Naspetti en 2001).Le pilote belge Jean-François Hemroulle a participé aux records de vitesse de la Nardo en 2001 et 2002. Retour sur une expérience unique dans sa carrière qu’il n’est pas prêt d’oublier !
Comment vous êtes-vous retrouvé dans cette aventure inédite ?

« Au début des années 2000, j’ai été pilote officiel Volkswagen Motorsport grâce au Belgian VW Club. À l’époque, j’ai participé au challenge Ecotech lors des 24H de Francorchamps. C’est là que j’ai été sollicité par Volkswagen pour participer à une tentative de record au volant d’une voiture exceptionnelle. »

Comment s’est déroulée la préparation ?

« Des essais ont eu lieu sur la piste d’essais de Volkswagen, à Ehra-Lessien, près de Wolfsburg. Cette ancienne piste d’aviation construite durant la Guerre Froide et utilisée par la marque pour tester des prototypes a la particularité de posséder une longue ligne droite de 8,7 km et des virages en banking pour rouler à de très hautes vitesses. Au départ, le moteur W12 était placé dans une Lamborghini pour ses premiers développements. Je me souviens que la carrosserie se tordait tellement dans les courbes relevées qu’une roue touchait la carrosserie, ce qui n’était pas franchement rassurant ! Nous avons également connu des problèmes électriques durant les essais de nuit et je me souviens d’avoir roulé sans phares dans la fameuse ligne droite (rires) ! »

Et puis il y a eu la première tentative à Nardo…

« Oui, la tentative de record s’est déroulée pour la première fois en octobre 2001 sur le circuit de Nardo. Ce tracé circulaire de 12,6 km en banking a la particularité de permettre de rouler à fond en continu. Pour réaliser cette prouesse pendant 24h, nous étions 5 pilotes à nous relayer. Je partageais le volant avec Emanuelle Naspetti (remplacé par Raimund Baumschlager en 2002), Mauro Baldi, Giorgio Sanna et Marc Duez. Volkswagen avait mis les petits plats dans les grands en invitant également pas mal de journalistes. Et bien sûr, le Docteur Piëch, patron de la marque, était présent. »

Comment se déroulaient vos relais ?

« Si mes souvenirs sont bons, nous changions de pilote toutes les heures et quart, le temps du ravitaillement nécessaire des deux réservoirs de 120 litres chacun. Rouler à plus de 350 km/h en continu est très éprouvant physiquement. Le plus difficile pour moi était de rester concentré en permanence car la conduite sur une piste sans virage est relativement monotone. Chose qui n’arrive jamais en course sur un circuit « normal », on a le temps de réfléchir ! Je me souviens avoir réfléchi aux conséquences d’un incident (éclatement d’un pneu, problème mécanique, etc.) à une telle vitesse. Il est par exemple impossible de lâcher le volant pour quoi que ce soit »

Avez-vous dû adapter votre pilotage pour cet exercice !

« Oui, nous avons subi une forte influence du vent car la mer est proche de la piste. De plus, les pneus de la voiture étaient relativement étroits pour favoriser une vitesse de pointe élevée ; nous devions donc rouler « délicatement » pour éviter un accident. Ce qui m’a frappé, ce que l’on s’habitue très vite à une telle vitesse. Tellement que l’on n’a plus l’impression d’avancer lorsqu’on décélère à 130-140 km/h à l’approche des stands. Je me rappelle d’ailleurs que l’un des pilotes a raté de quelques mètres son ravitaillement, son discernement ayant été faussé par la cadence infernale de cette épreuve ! »

Avez-vous connu des problèmes mécaniques ?

« Non, aucun. C’est la preuve du sérieux avec lequel Volkswagen avait préparé ce défi. Le seul problème que nous avons connu est la collision de la voiture avec un renard qui a traversé la piste : le diffuseur arrière a été légèrement endommagé. »

Qu’est-ce qui vous a étonné le plus lors de ces 2X24 heures à des vitesses incroyables ?

« En février 2002, nous avons fait une seconde tentative lors de laquelle nous avons considérablement amélioré la moyenne horaire. Au début des 24h, nous roulions en compagnie d’une Lamborghini qui se tenait à distance loin devant pour ne pas fausser notre performance grâce à son aspiration. Croyez-le ou non, je pouvais tout de même ressentir le bénéfice aérodynamique de son passage, même lorsque j’étais un kilomètre derrière elle ! C’est incroyable ce que cette vitesse peut engendrer ! »

Quelle était l’ambiance lors de ce défi qui était avant tout une aventure humaine ?

« Excellente ! Nous avons connu de nombreux fous rires lors de mises en scènes pour la presse. Je me souviens particulièrement d’une scène où nous avancions en ligne avec nos casques en main, à la façon du film Top Gun ! Fidèle à lui-même, Marc Duez était présent pour mettre de l’ambiance ! Après la seconde tentative en 2002, nous sommes allés fêter nos excellents résultats dans un restaurant pas loin de la piste. Quelle soirée ! J’y suis retourné récemment et je peux vous assurer que le patron de l’établissement se souvient encore de nous. C’est vraiment un excellent souvenir ; une expérience unique dans ma carrière de pilote ! »

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