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Lionel Robert (part 2) : "A partir de 1992, je me suis retrouvé avec un programme très réduit !"

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11 avr. 2021 • 14:03
par
David Bristol
Suite de notre entretien avec Lionel Robert qui compte sept participations aux 24 Heures du Mans de 1986 à 1998...Quelle voiture avez-vous préféré piloter au Mans ?« Sans beaucoup d’hésitation, la Cougar C24S de 1990, parce que cela correspond à ma première année en Championnat du Monde des voitures de sport. Tous les ans, dans ce championnat, la réglementation nous imposait des contraintes supplémentaires.En 1990, on pouvait utiliser une pression de turbo importante pendant les qualifications, la voiture étant donc beaucoup plus puissante, avec le poids normal d’une Groupe C, c’est-à-dire 900 kg. L’année suivante, les Groupe C sont passées à 1000 kg, ce qui a posé d’ailleurs des problèmes de sécurité, pas mal de Porsche notamment ont eu des soucis, les triangles pliant sous le poids supplémentaire. En 1990, on avait vraiment une voiture performante, proche des meilleures, et c’était vraiment très agréable. » 
Vous avez arrêté votre carrière pendant un bon moment. Qu’est-ce qui vous a motivé pour revenir ?
« Commençons parce qui m’a fait arrêter. Dans les années 90, j’avais fait ma place dans le milieu de l’endurance. Je commençais à être assez connu, apprécié en France et je courais en Championnat du Monde. Puis, en 1992, Max Mosley et la FIA ont décidé la mise en place d’une nouvelle réglementation des moteurs en imposant les 3,5 litres atmosphériques. Aucun concurrent privé ne pouvait s’en payer, c’est un peu comme si on imposait des moteurs hybrides en LMP2. Où les écuries iraient-elles en chercher un ? Yves Courage se trouvait sans moteur et donc sans la possibilité de faire le Championnat du Monde. D’ailleurs, cette année-là, il y a eu très peu d’engagés dans ce championnat (ainsi qu’aux 24 Heures du Mans avec 28 autos au départ, ndlr). Je me suis donc retrouvé avec un programme très réduit, peut-être deux courses en Groupe C, et, comme il fallait que je gagne ma vie, je suis allé travailler dans l’industrie, pour pouvoir fonder un foyer et avoir un revenu régulier.
J’ai donc travaillé tout en continuant à courir un peu jusqu’à la fin des années 90 et puis, à partir du début des années 2000, je pensais que je ne roulerais plus, j’ai donc continué mon métier. Il y a une différence à faire entre le milieu de l’industrie tel que je l’ai connu et celui de la course. Ce dernier donne beaucoup d’affection, de considération en retour, on gagne des courses, les équipes dans lesquelles j'ai couru étaient très heureuses de tout ça. C’est gratifiant d’avoir ce retour humain, cette communion avec tous les membres de l’équipe. Il y a vraiment beaucoup de sympathie, alors que dans l’industrie, à partir du moment où on te donne ton chèque en fin de mois, on estime qu’on t’a tout dit et qu’on t’a dit merci. Cette absence de dimension humaine m’a pesé au fil du temps et une goutte d’eau a fait déborder le vase en 2007. J’ai alors été licencié pour des raisons comptables. Je faisais gagner de l’argent à la société qui m’employait, j’avais donc une rémunération qui augmentait un peu en conséquence et, à un moment donné, l’employeur a conservé les clients sans me maintenir à mon poste. Donc, une fois parti, je me suis sérieusement interrogé et me suis dit que plus jamais je ne voudrais vivre ça, que je voulais vivre avec des gens que j’appréciais et être davantage maître de ma destinée.J’avais envie de retrouver le milieu de la course automobile et j’y suis revenu grâce à une rencontre avec José Ibanez qui ne me connaissait pas en tant que pilote. Cependant, il m’a ouvert ses portes et accueilli dans son équipe ce qui m’a permis de découvrir le VdeV et de relancer ma carrière de pilote en 2008. J’ai donc piloté avec IRS (Ibanez Racing Service) pas mal de temps, avec quelques victoires, et j’en ai été le Team Manager en 2009 en ELMS, quand Ibanez Racing Service a débuté dans cette compétition avec une Courage-AER. C’est ça qui m’a ramené à l’endurance. »
Vous avez aussi créé l’Association LR Promotion…« Oui, c’était il y a plus de 30 ans. C’est une association qui m’a accompagné presque depuis mes débuts en sport automobile et qui a été créée par des amis, des sarthois, passionnés de sport automobile, qui avaient envie de me soutenir au moment où j’ai perdu un sponsor important, Gitanes, dans la filière monoplace. Ils ont lancé l’association, au départ c’était surtout pour fédérer les supporters. On a eu jusqu’à 500 adhérents au club et puis c’est devenu maintenant quelque chose qui accueille tous les passionnés de course. On a de plus en plus d’adhérents, on a l’activité course, des journées de roulage mais également du coaching. J’ai un jeune pilote, mon fils en l’occurrence, qui marche bien (champion de France de monoplaces historiques en 2017, champion Trophée Tourisme Endurance  2018 et champion Formule Renault TTE  2020). J’ai aussi suivi une formation à l’Auto Sport Academy qui me permet aujourd’hui d’être entraîneur sportif pour le haut niveau, je peux former un pilote sur le plan du pilotage, mais je peux aussi, s’il veut aller plus haut, lui proposer un programme sportif avant la saison, le suivre sur son évolution sportive en dehors de la voiture, le préparer psychologiquement, le conseiller sur la diététique, le mental, les relations avec les autres membres de l’équipe. »
Les 24 Heures du Mans de Lionel Robert
1986 : March Porsche 85G (Lionel Robert/Richard Cleare/Jack Newsum) – 14ème et 1er en GTP
1990 : Cougar Porsche C24S officielle (Lionel Robert/Michel Trollé/Pascal Fabre) – 7ème1991 : Cougar Porsche C26S officielle (Lionel Robert/Jean-Daniel Raulet/François Migault) – 11ème
1992 : Cougar Porsche C28LM officielle (Lionel Robert/Marco Brand/Pascal Fabre) -Abandon 5ème heure
1993 : Courage Porsche C30LM officielle (Lionel Robert/Derek Bell/Pascal Fabre) – 10ème
1994 : Courage Porsche C32LM officielle (Lionel Robert/Pascal Fabre/Pierre-Henri Raphanel) – Abandon 9ème heure
1998 : Debora BMW C296 Didier Bonnet (Lionel Robert/Edouard Sezionale/Pierre Bruneau) – Abandon 10ème heure
A Claude Foubert...
Merci à Lionel Robert pour ses photos personnelles. Remerciements également à Vincent Laplaud, Michel Faust, Christian Vignon et Laurent Chauveau pour vos images.

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