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Une histoire de couple...

24 Heures du Mans
24 juin. 2021 • 8:00
par
lmercier
L’arrivée du TDI sur l’Audi en 2006 aux 24 Heures du Mans a modifié bien des choses chez les partenaires du projet “mazout” de la marque allemande. Michelin était choisi pour relever le challenge du diesel après cinq succès dans la Sarthe avec Audi. Le couple a été l’un des aspects à traiter à Clermont-Ferrand.
Audi LM 2006

"Le couple moteur ? On sait le traiter", confiait Matthieu Bonardel, responsable des activités Circuit chez Michelin Compétition en 2006. "Mais le couple, ce n’est pas un problème si l’on appuie correctement sur le pneumatique, c’est-à-dire si l’aérodynamique du véhicule est bien définie et si le système anti-patinage est abouti. Le couple, c’est un calvaire pour la chaîne cinétique de transmission, pas forcément pour les pneus."

 

Le couple annoncé par Audi était de 1100 Nm et les caractéristiques de la R10 TDI ont eu plusieurs conséquences sur les pneumatiques. Le poids sur les pneus arrière, plus élevé en raison d’un bloc moteur plus lourd que sur la R8 et d’une répartition des masses différente. Le TDI a gagné en puissance avec environ 15% de plus que le FSI.

 

Michelin a d’abord travaillé sur les pneus avant, comme le précisait Matthieu Bonardel : "Le couple freineur est dix fois supérieur que le couple moteur lors des freinages à haute vitesse du fait de l’appui aéro. Et lors des freinages, après transfert de masse, ce sont les pneus avant qui souffrent le plus. De plus, tous les prototypes ont tendance à sous-virer. Donc, pour rétablir l’équilibre de la voiture et donner plus de grip, nous avons augmenté le diamètre des pneumatiques avant de 30 mm."

 

Il aura fallu trois ans de travail chez Michelin pour développer les gommes de la R10 TDI : "Les responsables d’Audi nous ont mis dans la confidence aux 24 Heures du Mans 2003. Les ingénieurs nous ont alors défini les grandes lignes du projet, le type de véhicule, ses caractéristiques techniques, l’impact au niveau des pneumatiques pour que nous puissions travailler sur ordinateur, en simulations et calculs."

 

 Les essais sur piste ont débuté dès 2004 à Jerez avec une Audi “hybride” équipée de certains éléments mécaniques de la R10 tels que les passages de roue, la hauteur de caisse, la répartition des masses. La R10 a débuté sur circuit à Misano le 29 novembre 2005 avec Frank Biela au volant.

 

Michelin s’est appuyé sur son expérience passée pour développer les gommes de la R10 TDI : "On s’est tout simplement aperçu qu’en fouillant dans nos expériences passées, nous avions une bonne partie des réponses aux questions posées par le projet Audi R10. Nous n’aurions pas pu en être là avec ce prototype diesel sans nos années d’expérience et d’engagement en FIA GT, Endurance, Supertourisme, sur des circuits européens, américains et japonais. C’est un travail qui va conditionner les prochaines années de l’Endurance."

 

L’Audi R10 TDI a débuté sa carrière par une victoire aux 12 Heures de Sebring. "Pour ce premier rendez-vous, nous avons volontairement fait un choix sécurité, c’est-à-dire le choix d’une architecture pneumatique fiable et sécuritaire", soulignait Matthieu Bonardel. "L’objectif était de doubler les relais et de ne pas rencontrer de mauvaises surprises, comme des casses de pneu par exemple."

 

Une fois l’étape sécurité maîtrisée, la phase de développement suivante fut celle de la constance avant celle de la performance. Le développement de ces nouvelles gommes profitait aux autres équipes, notamment Pescarolo Sport.

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