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En visite chez Esprit Compétition

28 mar. 2021 • 18:25
par
Thierry Lesparre
Pilier des courses de Formule Ford historiques pendant plusieurs saisons, Laurent Fort a franchi le pas en 2001 en créant sa propre structure : ESPRIT Compétition. Rapidement d’autres voitures de courses comme des GT ou des prototypes viennent grossir les rangs des monoplaces du début. Aujourd’hui les ateliers d’ESPRIT Compétition, idéalement situés en plein cœur du Circuit Paul Ricard, juste en bord de piste, occupent des locaux qui s’étalent sur plus de 1000 m2. 
Ford GT Matech

« Notre métier c’est de faire rouler des voitures de course ».

L’une des particularités de la structure de Laurent Fort est de ne faire que du circuit en historique : de la Formule Ford à la F3 Classic en passant par la F2 ou la F1, des Protos 2 et 3 litres et des GT. « Certaines autos qui nous sont confiées par nos clients français ou étrangers sont entièrement refaites, d’autres sont prêtes à rouler et, après un contrôle complet, nous les engageons en course.» L’ensemble des travaux sont réalisés par les hommes d’ESPRIT Compétition, hormis les moteurs et certaines boîtes. « En historique comme dans d’autres domaines, pour chaque moteur il y a quelques spécialistes. Il y en a qui font tout, mais je considère que ce n’est pas optimal ! » 

Ford GT Marc VDS

La caverne d’Ali Baba

Véritable musée (roulant), les ateliers d’ESPRIT Compétition recèlent quelques merveilles prêtes à prendre la piste à tout moment, à commencer par une Tyrrell 009 aux couleurs de Candy, la F1 que pilotait Didier Pironi durant la saison 79 ou une Ensign ex Eliseo Salazar dans sa livrée du Grand Prix de Las Vegas 1981. A proximité des deux F1 se trouve une enfilade de monoplaces plus modestes comme une Crosslé, une Formule Renault, une F3 Classic ou une March F2 de 75 ainsi que le châssis d’une Formule Ford Royale fraîchement restauré. « Elle arrive d’Irlande, je l’ai confié à un ami soudeur qui a fait des châssis de monoplace toute sa vie. Il a fait toutes les soudures dans les règles de l’art. C’est important car nous sommes dans un milieu d’ultra spécialistes. » Juste à côté, un proto 2 litres Crosslé avec son petit BMW 4 cylindres est en cours de réfection totale, toutes les suspensions, les triangles et les portes moyeux l’ensemble a été réalisé en brasure comme à l’époque. Parmi les chantiers à venir et pas des moindre, se trouve une Lola T210 de 1970 remarquablement préservée et pour cause, après seulement deux saisons d’activité au Brésil, la Lola a été remisée pendant trente ans avant d’être réimportée en Europe en 2008. Cette T210 n’a jamais été accidentée, ni même restaurée et le temps semble s’être arrêté sur elle. Cette auto a un historique singulier puisqu’elle a remporté le championnat d’Amérique du sud aux mains du double champion du monde de F1, Emerson Fittipaldi.

Esprit Compétition

De la Ford GT40 à la GT1...

Le temps passe et l’historique se modernise. Si la doyenne des autos entretenues par ESPRIT Compétition n’est autre qu’une mythique Ford GT 40 de 1969, ESPRIT Compétition assure aussi  l’exploitation de deux Ford GT1, une de 2009 et l’autre de 2010 ainsi que d’une Marcos Mantis GT3 de 2001, des autos qui appartiennent déjà à l’histoire. « Du moment qu’il existe des séries historiques, il y a des gens intéressés qui veulent rouler avec. Il faut savoir s’adapter et suivre la tendance.» L’approche du sport auto historique est en pleine mutation avec l’arrivée de ce type de voitures. « Il n’y a eu que cinq GT1 comme celles-ci de fabriquées et il n’existe pas de pièces de rechange sur le marché. Nous avons fait appel à une société qui est dans la zone et qui fait de la numérisation. Nous avons fait numériser toutes les pièces de la voiture que l’on garde dans des fichiers machine en cas de casse. Des pièces que l’on pourra refabriquer en impression 3D. »

 

Esprit Compétition

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, il n’est pas plus compliqué d’exploiter et entretenir ces GT pas tout à fait modernes mais pas non plus vraiment anciennes. La seule vraie difficulté au final mais qui se règle relativement facilement avec des connaissances et des moyens, réside dans le fait que les voitures modernes utilisent des calculateurs et comme tout produit électronique en trois ans cela devient obsolète. Ajoutez à cela des fabricants qui n’assurent forcément pas la maintenance et ne veulent plus en entendre parler ou qui vous conseille de tout simplement de tout changer. «Sur une des deux Ford GT, nous sommes obligés de remplacer la gestion électronique de 2010 qui est devenu obsolète, nous allons devoir changer le système complet, il faut refaire tout le faisceau électronique de la voiture. Bosch ou MoteC ont une politique plus axée compétition client que d’autres fournisseurs, une fois la voiture convertie à leur système cela devient plus facile de traiter avec eux. » Dans le cas de la Ford GT la facture sera de l’ordre de 12 000 euros !

Esprit Compétition

« Il faut se réinventer »

Entre la crise sanitaire et le Brexit, l’activité n’est pas épargnée. « Cela fait plus de 25 que je fais de la course auto presque essentiellement avec des monoplaces anglaises, alors je connais énormément de gens en Angleterre ce qui me permet d’avoir un réseau pour trouver des pièces, en trois coups de fils je peux trouver qui va pouvoir me dépanner ou qui peut éventuellement les refabriquer. » Pour illustrer ses propos, Laurent Fort me montre une Lola T600 entièrement dénudée en cours de remontage. Il s’agit de la T600 que se partageaient Brian Redman et Bobby Rahal lors des 24 Heures du Mans 1981. « On attend le moteur et les pièces commencent à arriver au compte goute. La boite est terminée et les amortisseurs aussi. On fait refaire les réservoirs, le premier vient d’arriver des Etats Unis et l’autre est en transit. Il y a un peu de délais à cause de la COVID mais c’est surtout le Brexit qui nous pose problème avec l’arrivée de nouvelles taxes et des temps d’immobilisation et de dédouanement plus long, bref c’est devenu un vrai calvaire et ça coûte trois fois plus cher ! »

Esprit Compétition

Si l’on ajoute à cela l’annulation de quasiment toutes les courses de voitures historiques, il devient impératif de se réinventer et explorer de nouvelles voies. Actuellement ESPRIT Compétition accompagne plus que jamais ses clients lors de track days, la meilleure alternative permettant de faire rouler ces magnifiques autos pour le plus grand plaisir de leurs propriétaires. Une piste que vont exploiter Laurent Fort et sa collaboratrice, qui est aussi son épouse, dans un avenir très proche puisqu’ils vont organiser des journées circuits sur le tracé du Castellet dès ce mois-ci. En parallèle il s’est associé avec un ami carrossier réputé pour réaliser des restaurations plus classiques dont le premier chantier sera une Porsche 911.

Esprit Compétition

 

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