24H Spa

Les 24H de Spa-Francorchamps en mode Tourisme : 1981 (Mazda)

GT World Challenge Europe
22 mar. 2024 • 11:00
par
Fabrice Bergenhuizen
Les 24 Heures de Spa approchent et Fabrice Bergenhuizen s'est intéressé à la grande époque du Tourisme de la classique belge. Place à l'édition 1981 remportée par Mazda.
Photo : Mazda

En 1981, alors que je n'étais âgé que de 6 ans, mes parents ont eu l'Excellente idée de m'emmener aux 24H de Spa-Francorchamps.

 

Autant vous dire que je suis directement tombé sous le charme de cette épreuve unique en son genre. Cerise sur le gâteau, pour mon baptême du feu, j'ai eu droit à une grande primeur avec la victoire d'une voiture dotée d'un moteur rotatif, en l'occurrence la Mazda RX7, menée avec dextérité, par le génial pilote-préparateur britannique Tom Walkinshaw et l'excellent pilote-journaliste belge Pierre Dieudonné.

 

La période 1982-1988 fut tout aussi historique puisqu'elle a coïncidé avec l'ère dorée des voitures de tourisme. Ces dernières étant régies par la réglementation Gr.A et réparties en trois divisions: Division 1 pour les moins de 1600 cc, Division 2 pour les voitures dont la cylindrée était comprise entre 1600 et 2500 cc et Division 3 pour les plus de 2500 cc, soit les ténors de la discipline.

 

A l'époque, et ce bien que les voitures étaient d'architectures complètement différentes, il n'y avait point de BOP, de temps d'arrêt imparti aux stands, d'arrêt technique obligatoire et j'en passe…

Tout était très simple et se jouait à la méritocratie. Bien que les bolides étaient relativement proches de la série et le règlement assez strict, les préparateurs avaient encore le loisir de faire la différence. Bon nombre d'ente eux étant d'ailleurs tout aussi populaires, voir plus, que leurs pilotes. On songe notamment au précité Tom Walkinshaw (TWR), aussi brillant dans les Ardennes belges qu'aux 24H du Mans, au Malinois Julien Mampaey (Juma), dont le fils Bart assurera brillamment la relève en accumulant les titres avec Andy Priaulx dans la nouvelle ère version sprint de l'ETCC puis du WTCC, de Charly Lamm, l'emblématique manager du BMW Team Schnitzer, du Suisse Rudi Eggenberger qui a, tour à tour, fait briller des BMW, des Volvo puis des Ford Sierra ou encore de Luigi Cimarosti, le sorcier de Comblain-au-Pont. Ce dernier, après avoir remporté à diverses reprises les 24H durant les seventies avec les superbes coupés BMW 3.0 CSL, s'est distingué en alignant des bestiales mais hélas peu fiables Chevrolet Camaro avant de faire briller les Alfa Romeo GTV6, en Division 2, durant les eighties.

 

Par ailleurs, on était bien loin du bling-bling que l'on connaît de nos jours. Point de parquet dans les box, d'écrans plasma et tout ce tralala! C'est bien simple, les mécaniciens du clan Schnitzer exerçaient, tout au début de cette période dorée, leur savoir faire en short (de même que Charly Lamm!) et en sandales, ce qui ne les empêchaient pas d'être très professionnels comme en attestent les victoires remportées en 1985, 1986 et 1988.

 

Si, durant toutes ces années, les écarts ne se comptaient pas en secondes mais bien en tours, cela n'empêchait pas le double tour d'horloge ardennais d'être hyper passionnant à suivre et truffé de nombreux rebondissements.

 

Les Gr.A n'étant pas castrées par une BOP, elles émettaient toutes (ou presque) une mélodie des plus envoûtantes. Tous ceux qui ont eu la chance, le privilège, de voir débouler des Jaguar XJS, Rover Vitesse, Holden Commodore, BMW  635 CSI puis l'iconique M3 E30 ne vous diront pas le contraire!

 

D'un autre côté, si, de nos jours, beaucoup considèrent que les éditions "tourisme" s'assimilaient à une course d'attente, à l'économie, je peux vous garantir que de visu, il n'en était rien! Bien au contraire!

Programme officiel 24H Spa 1981

Le grand Hans-Joachim Stuck, pour ne citer que lui, n'étant pas du genre à lever le pied et plus particulièrement dans le mythique raidillon de l'eau rouge. Tous ses passages avec la 635 CSI/Schnitzer, en 1984, de surcroît sous la pluie, étant on ne peut plus jouissif.

 

A cette époque, bon nombre de pilotes de F1 tels Gerhard Berger,  Thierry Boutsen, Emanuele Pirro, Marc Surer, Philippe Streiff ou de jeunes loups aux dents longues comme Olivier Grouillard ou encore Joachim Winkelhock venaient se joindre à la fête et ils n'amusaient pas le terrain! Loin s'en faut!

 

Une fête qui battait son plein tout au long du circuit, où il était encore possible de faire un tour complet par l'extérieur de Rivage (désormais appelé "Bruxelles" et je me demande d'ailleurs bien pourquoi!) jusqu'au Bus-Stop en passant par la spectaculaire et ô combien rapide section de Blanchimont où on était vraiment très proches des bolides, qui plus est sans grillages pour nous gâcher la vue. Frissons garantis ! Quant aux oreilles elles bourdonnaient ! Mais qu'est-ce que c'était bon ! Pas la peine de vous dire que les limites de la piste n'existaient pas…

 

En revanche les buvettes (souvent locales) étaient bien présentes d'un bout à l'autre du circuit tandis que le shopping center regorgeait de points de restauration où l'on pouvait ingurgiter tantôt une assiette de pâtes, tantôt une bonne pièce de bœuf ou encore des moules à prix plus que démocratiques!

Commentaires (3)

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PierreBid

22 mar. 2024 • 12:59

Merci pour ce texte éloquent!! Ce fut aussi ma première fois, emmené par mon père pour mes 11 ans. Et Vous lire me replonge dans l'ambiance , les odeurs d'huile de ricin ,...et de frites.
C'est là que tout a commencé pour moi , bien qu'à la rtbf il me semble avoir vu les années d'avant mes premières 24H.
Je me souviens très bien de la Mazda et des BMW 530. Des Ford Capri et des Chevrolet Camaro.
formidable époque. !

p.mahiat@hotmail.com

22 mar. 2024 • 13:26

Ah oui, c'était bien, mais c'est bien aussi maintenant.
Ma 1ère fois en 77, victoire de Joossen-Andruet.
Depuis, je ne manque jamais, parfois les essais, parfois la course et en général le tout. Les voitures actuelles vont plus vite et le spectacle toujours à la hauteur.
Le mieux c'est quand il pleut: c'est là qu'on voit les grands comme HJ Stuck.
Question buvettes, frites...... c'était mieux avant.

Xa

23 mar. 2024 • 10:01

@fabrice

Dans les 80's, n oublions pas l excellent team Bavaria et Dominique Fornage.
Le 6 cyl des BMW 635 bourdonne encore dans mes tympans. 🙂 Avec des pilotes comme andruet ballot lena metge sourd.

Le team Waterloo motors a été aussi un grand acteur dans ces années

Ne pas oublier le préparateur Hartge pour les BMW qui fut une des références