24H Spa

Les 24H de Spa-Francorchamps en mode Tourisme : 1987 (BMW)

GT World Challenge Europe
27 mai. 2024 • 12:00
par
Fabrice Bergenhuizen
Photo : DR

1987 marquait un grand tournant dans l'histoire des 24H de Spa-Francorchamps, ces dernières faisant désormais office d'épreuve phare du nouveau championnat du monde Gr.A.

 

Quant au plateau, il était radicalement différent de celui proposé lors des deux dernières éditions. Si l'incontournable Tom Walkinshaw et son emblématique écurie TWR brillaient par leur absence, Rudi Eggenberger troquait ses Ford Sierra XR4 TI pour les nouvelles et ô combien redoutables Sierra Cosworth avec le soutien de Texaco.

Quant à BMW, il remisait ses vénérables 635 CSI au placard (celles-ci n'étant plus utilisées que par quelques écuries privées) misant, à juste titre, sur sa nouvelle arme, en l'occurrence la bestiale et ô combien musicale M3 E30 dotée d'un "petit" moteur 4 cylindres de 2332cc.

 

Fort logiquement inscrites en Division 2, les Bavaroises "nouvelle génération" figuraient au nombre de  14 (!) sur la grille de départ et étaient confiées à des écuries aussi prestigieuses que Schnitzer, Linder, CiBiEmme, Bigazzi ou encore le Garage du Bac.

 

Egalement inscrites en Division 2, les nouvelles Alfa Romeo 75 Turbo n'avaient guère brillé depuis l'entame de la compétition mais, avec des pilotes du calibre de Tarquini, Laffite, Barilla et Schlesser en ses rangs, Alfa Corse avait bien l'intention d'inverser la tendance.

Victorieuses l'an dernier, à la surprise générale, de la coupe du roi, les spectaculaires Holden Commodore n'avaient cependant pas réussi à accrocher une position de choix au général, la faute à une litanie d'ennuis. Pour ce nouveau millésime, elles avaient la ferme intention de figurer bien plus haut dans la hiérarchie.

 

Si les qualifications étaient fortement perturbées par la pluie, Klaus Ludwig parvenait néanmoins à profiter d'une accalmie pour claquer un impressionnant 2'37"27 et hisser la Ford Sierra/Eggenberger n°7, partagée avec Thierry Boutsen et Klaus Niedzwiedz, en pole position devant la voiture sœur de Pierre Dieudonné-Steve Soper-Philippe Streiff.

Dès le départ, donné sur une piste totalement sèche, les Ford Sierra Cosworth/Eggenberger, pilotées par Thierry Boutsen et Steve Soper, imprimaient un rythme endiablé que seules les trois BMW M3/Schnitzer parvenaient, tant bien que mal, à suivre.

 

Le début de course était bien plus compliqué pour Thierry Tassin (Ford Sierra/Andy Rouse Engineering) qui se voyait pénalisé d'une minute pour départ volé avant d'être ralenti par un pare-brise maculé d'huile.

Le constat était pire encore pour les Ford Sierra/Wolf Racing Barclay de Winkelhock-Artzet-Burkard et Nurminen-Malherbe-Deletraz, toutes deux contraintes à l'abandon avant le cap de la demi-heure. La première citée sur bris de joint de culasse alors que Joachim Winkelhock, auteur d'un envol canon, s'était hissé au 4e rang et la seconde suite à une perte de roue.

 

Si bien qu'après une heure de course, la Ford n°6 de Soper-Dieudonné-Streiff possédait  deux secondes d'avance sur la voiture sœur de Ludwig-Boutsen-Niedzwiedz et respectivement 51s, 1'01 et 1'21 sur les BMW M3/Schnitzer de Ravaglia-Pirro-Capelli, de Ratzenberger-Quester-Oestreich et Grice-Moreno-Siller.

La BMW M3/Bigazzi de Sala-Grouillard-Vogt pointait en 6e position, précédant les surprenantes Holden Commodore de Brock-Crichton-Parsons et Moffat-Harvey.

Les heures suivantes n'apportaient guère de changement à la hiérarchie, les Sierra/Eggenberger continuant sur un gros tempo tandis que les M3/Schnitzer tentaient de s'accrocher.

 

On notait cependant la superbe remontée de la Ford Sierra n°8 de Tassin-Rouse-Percy, désormais 5e.

 

Le début de soirée marquait un coup d'arrêt pour la Ford/Eggenberger de Soper-Dieudonné-Streiff, laquelle rentrait aux stands avec un radiateur d'huile endommagé. Un gros quart d'heure étant nécessaire pour réparer les dégâts!

Après 7H de course, la seconde Ford/Eggenberger de Ludwig caracolait cependant toujours en tête avec 1'43 d'avance sur la BMW/Schnitzer de Ravaglia, celle de Ratzenberger, 3e, étant reléguée à un tour.

 

La BMW M3/CiBiEmme de Van de Poele-Martin-Theys, 4e à deux tours, commençait à montrer le bout de son nez, devançant la seconde BMW/CiBiEmme de Cecotto-Brancatelli-Baldi, bien remontée après quelques avaries en début de course.

 

Si les Ford Sierra/Andy Rouse Engineering et les Holden Commodore se maintenaient dans le peloton de tête, en revanche cela tournait à la bérézina pour les Alfa Rome 75 Turbo officielles de Nannini-Francia-Schlesser et Laffite-Barilla, toutes deux étant confrontées à de gros soucis de boîte de vitesse.

La première partie de nuit était toujours placée sous le signe de la domination de la Ford Sierra/Eggenberger de Boutsen mais la BMW M3/Schnitzer de Ravaglia profitait de ravitaillements plus rapides des troupes de Charly Lamm pour rester au contact, voire même de prendre occasionnellement la tête au gré des arrêts aux stands.

 

Cette cadence pour le moins soutenue n'allait cependant pas être sans conséquence pour le bras armé de BMW Motorsport. Ainsi, vers 2H du matin, le trio Grice-Moreno-Siller devait jeter l'éponge (moteur cassé), imité 2H plus tard par le brelan Ravaglia-Pirro-Capelli, pour une cause identique!

A mi-parcours, si la Ford/Eggenberger de Ludwig-Boutsen-Niedzwiedz occupait toujours le leadership, elle ne possédait jamais qu'un tour d'avance sur la BMW/Schnitzer rescapée de Ratzenberger-Quester-Oestreich et deux sur les CiBiEmme de Van de Poele-Martin Theys et Cecotto-Brancatelli-Baldi.

 

En embuscade en 5e position, la Ford Sierra de Tassin-Rouse-Percy devait, hélas, renoncer suite à une perte de roue, Tassin prenant, dès lors, place sur la seconde voiture du team en compagnie de Semoulin et Pareja.

 

Excellente jusque là, la Holden Commodore de Peter Brock abandonnait à son tour (piston percé).

 

Alors que la pluie faisait son grand retour dans les Ardennes belges, les faits de course se succédaient. Ainsi, peu après 9H du matin, la BMW/CiBiEmme de Cecotto-Brancatelli-Baldi s'éclipsait également, trahie par son moteur.

Deux heures plus tard, la Ford Sierra/Eggenberger de Soper-Dieudonné-Streiff, déjà bien retardée, devait jeter le gant sur bris de joint de culasse. L'inquiétude était palpable chez les troupes de Rudi Eggenberger, d'autant qu'une paire d'heures plus tard, Klaus Niedzwiedz ramenait en toute hâte la Sierra rescapée, suite à une touchette avec la….Ford de Tassin.

 

Si après les réparations d'usage, la Sierra n°7 occupait toujours le commandement, la BMW/CiBiEmme n°48 était revenue dans le même tour!

A 13H26, Niedzwiedz rentrait, une nouvelle fois aux box, avec un panache de fumée ne laissant rien présager de bon. Comme sur la voiture sœur, un joint culasse cassé douchait les espoirs de victoire de la formation suisse.

 

Dans le même temps, la BMW M3/Schnitzer de Ratznberger-Quester-Oestreich était, elle aussi, immobilisée à son stand avec des problèmes de distributeur.

Elle n'en sortira que, peu avant l'arrivée, afin d'être classée au…26e rang.

Une voie royale s'ouvrait désormais à Eric Van de Poele, Jean-Michel Martin et Didier Theys qui ne se faisaient pas prier pour imposer la BMW M3/CiBiEmmme n°48 avec 8 tours d'avance sur leurs plus proches poursuivants tout en remportant la Division 2!

Précisons qu'Eric Van de Poele fut le grand artisan de ce succès. Auteur de deux doubles relais de nuit (soit près de 7H30 au volant!), il s'est, au petit matin, envolé pour l'Allemagne afin de disputer, à Wunsdorf, une manche du DTM. Arrivé 10 minutes à peine avant le départ, il réalisait la prouesse de se classer 3e derrière Grohs et Hessel, une superbe performance qui contribuera largement à son titre de champion en fin de saison. A sa descente de podium, il avait la bonne surprise d'apprendre que "sa" voiture était en tête des 24H de Francorchamps! De fait il tenta de rejoindre la Belgique le plus vite possible mais loupa le podium ardennais pour quelques minutes à peine.

 

C'est le seul "bémol" à cet exploit XXL qui, assurément, fera date dans l'histoire du sport automobile.

 

Les BMW M3/Bigazzi de Sala-Grouillard-Vogt et Garage Du Bac de Giroix-Fabre-De Dryver s'offraient respectivement les 1ers et 2èmes accessits, précédant la Holden Commodore de Moffat-Harvey.

 

Impressionnante de régularité, la belle Australienne finissait donc brillante 4e tout en remportant haut la main la Division 3.

 

Accidentée en début de course, la BMW M3/Linder de Heger-Danner-Dufter a effectué une solide remontée pour se classer 5e devant la Ford Sierra RS Cosworth rescapée de Semoulin-Pareja-Tassin.

Toujours présents en nombre, les vénérables coupés BMW 635 CSI ont, cette fois, accusé le poids des ans, le mieux classé d'entre eux, en l'occurrence le CiBiEmme de Duez-Verellen-Van Hove finissant 8e.

 

Accablée par une ribambelle d'ennuis, les Alfa Romeo 75 Turbo officielles n'ont guère brillé, Tarquini-Drovandi-Langes et Laffite-Barilla-Schlesser sauvant l'honneur en terminant respectivement aux 11e et 12e rangs.

 

Deux Toyota Supra étaient alignées par l'écurie RAS Sport, une version turbo pour Heyer-Joosen-Jelinski et une atmosphérique pour Olofsson-Thibaut-Bachelart. Qualifiées en fond de grille, elles devaient rapidement jeter l'éponge sans avoir pu jouer un rôle majeur.

 

Toyota pouvait toutefois se consoler avec un magnifique triplé en Division 1, assorti de la Coupe du Roi!

 

Lingmann-Holzl-Müeller coiffant sur le fil Vandermaesen-Simons-Simons pour la victoire tandis que Fermine-De Liedekerke-De Mévius hissait leur Corolla sur la 3e marche du podium.

 

En fin de saison, si la Ford Sierra Cosworth/Eggenberger n°7 permettait à Ford de décrocher la couronne des constructeurs, du côté des pilotes, c'est une nouvelle fois Roberto Ravaglia qui décrochait la timbale avec un petit point d'avance sur Klaus Ludwig!

 

L'Italien devenant du coup, à la fois le premier et le…dernier Champion du Monde de l'ère Gr.A, la FIA décidant que le championnat redeviendrait européen en 1988.

 

Commentaires (2)

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zorglub18

27 mai. 2024 • 13:18

Quand on lit le nom des pilotes, c’était du haut niveau, rien à envier au Mans

clejoly

27 mai. 2024 • 18:55

Merci Fabrice, c est du petit lait comme on dit, et illustré avec les photos, c est top, vraiment!
On se rend bien compte de l histoire et de l'héritage de cette course, rien à envier au Mans.