Le Mans Classic

Yannick Dalmas : « J'ai retiré mes bouchons d'oreille pour profiter de la mélodie du V12 »

Le Mans Classic
31 juil. 2023 • 12:00
par
Thibaut Villemant, au Mans
De retour au volant d'une McLaren F1 GTR sur le circuit des 24 Heures du Mans, le quadruple vainqueur du double tour d'horloge sarthois n'a pas boudé son plaisir.
© MPS Agency

Quand, il y a bientôt 30 ans, Paul Lanzante lui a demandé de piloter une McLaren F1 GTR aux 24 Heures du Mans, Yannick Dalmas a dû y réfléchir à deux fois. Il lui a fallu deux séances d'essai avant de donner son aval. Et encore, il était quelque peu sceptique au moment de prendre la direction de la Sarthe. La suite, on la connaît. La météo s'en est mêlée et cette auto - que le génial Gordon Murray n'a engagé en compétition qu'après avoir cédé face à la pression des Ray Bellm et autres Lindsay Owen-Jones - est entrée dans la légende...

 

Le châssis 01R victorieux en 1995 avec le trio Yannick Dalmas / JJ Lehto / Masanori Sekiya ne roule quasiment plus. « J'ai juste fait un petit run de démonstration il y a quelques temps, nous a confié le Français. C'était de la promenade. » Mais le 06R ayant terminé troisième cette même année aux mains de Andy Wallace / Derek Bell / Justin Bell est en parfait été de marche, et dotée de la livrée qu'elle arborait en 1996, lors de sa deuxième apparition en terre mancelle. Pouponné par Lanzante lui-même, il a fait son arrivée il y a peu dans la collection La JER.

© Endurance-Info

Et ironie du sort, c'est sur cette auto avec laquelle il a feraillé en 1995 que Yannick a participé à la manche des Endurance Racing Legends organisée en marge de l'édition 2023 de Le Mans Classic. « Il y a quelques temps, alors que nous étions sur un circuit, le propriétaire - qui est un ami - m'a dit : écoute, c'est l'anniversaire de McLaren, et même si ce n'est pas la tienne, ce serait un beau clin d'oeil, nous a conté Yannick. Comment refuser ? Et puis c'est rigolo qu'il s'agisse de celle qui nous a donné le plus de fil à retordre... Alors évidemment j'ai dit oui même si je suis un rookie à Le Mans Classic (Rires. Ndlr). » Un rookie avec beaucoup d'expérience. Aujourd'hui âgé de 62 ans, l'actuel commissaire-pilote du WEC totalise 12 participations aux 24 Heures du Mans entre 1991 et 2002.

 

Il aurait effectivement fallu être fou pour repousser une telle opportunité. « D'autant qu'hormis ce petit run de démonstration que j'ai évoqué précédemment, je n'avais jamais eu l'occasion de rouler vraiment à nouveau dans une F1 GTR depuis notre victoire en 1995, enchaîne Yannick. J'avais le souvenir d'une auto difficile à piloter, avec une direction lourde, pas mal de roulis, une boîte de vitesses complexe... Nous avions souffert car elle demandait beaucoup d'attention et donc de concentration. Mentalement, ça avait été compliqué. Il fallait vraiment s'en occuper... »

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Et dix-huit ans après, qu'en est-il ? « J'ai retrouvé les mêmes sensations, rigole-t-il. Je suis lessivé tant il faut rester vigilant pour ne pas partir en tête-à-queue. Combien de fois je me suis retrouvé un peu en travers à la réaccélération... Et j'ai fait très attention dans les zones de freinage à l'abord des deux chicanes, car la stabilité n'est pas celle de 1995, avec des réglages forcément moins optimaux. En même temps, je dis ça, ça remonte à tellement longtemps...  Mais j'étais tout de même sur la réserve et n'étais bien évidemment pas en quête de performance. »

 

Vraiment ? « En fait, avant le départ de la première course, nous nous sommes dits avec Paul (Lanzante, qui gérait déjà son équipe Kokusai Kaihatsu en 1995. Ndlr) qu'il serait peut-être judicieux de garder les pneus pluie, souligne Yannick. Nous étions les seuls à avoir agi de la sorte, donc j'ai été quelque peu frustré quand la direction de course a décidé d'agiter le drapeau rouge... » On ne se refait pas.

© MPS Agency

Et pour cause, la paire franco-britannique avait une fois de plus vu juste... comme en 1995. « Quand la course a été lancée derrière la voiture de sécurité, sous la pluie, d’innombrables images ont refait surface, avoue-t-il. Car l'édition 1995 avait vraiment été dantesque, et c'est ce qui nous avait permis de gagner. Sur le sec, nous étions clairement plus lents que les prototypes. Conjugué à notre capacité à ménager la mécanique, c'est ce qui nous a permis de rafler la mise. »

 

Yannick marque un temps d'arrêt, tape dans la main d'un pilote avec lequel il s'est battu pendant la course puis reprend, avec un immense sourire. « Oui j'ai souffert, lâche-t-il. Mais cette conduite centrale, quel pied. Et puis ce moteur, quel bijou ! Je n'ai pu m'empêcher de retirer un peu mes bouchons d'oreille pour profiter de la mélodie du V12. Oui, ce n'était pas ma voiture, mais peu importe, j'ai adoré... »

 

Nous aussi Yannick, alors merci !

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