Le Mans

Pascal Witmeur avait la 'Kickers' attitude au Mans en 1982

24 Heures du Mans
7 juin. 2022 • 14:00
par
lmercier
Pascal Witmeur compte six départs aux 24H du Mans, le premier en 1982 sur une Rondeau M382. Une expérience qu'il n'a pas oublié 30 ans plus tard.

Quel rapport peut-il y avoir entre Rondeau, Kickers, Plastic Bertrand et les 24H du Mans 1982 ? Je vous le donne en mille : Pascal Witmeur. Cette année-là, le Belge découvrait Le Mans au volant d’une Rondeau M382 en compagnie de Christian Bussi et Bernard de Dryver. A l’image du personnage, Pascal Witmeur a vécu des choses rocambolesques pour ses débuts en Sarthe, une course terminée au 15e rang. Comment pouvait-il en être autrement ?

 

Comment êtes-vous arrivé aux 24H du Mans ?

 

« A cette époque, je roulais un peu partout en dilettante. Depuis les 24H du Mans 1969 et le départ de Jacky Ickx, j’avais eu comme un électrochoc en plus de mes lectures de Michel Vaillant. En 1982, je tombe sur une petite annonce dans un magazine qu’un certain Christian Bussi, qui avait acheté une Rondeau, cherchait un pilote pour Le Mans. Il devait rouler avec un de ses amis suisse qui finalement a déclaré forfait. Il cherchait donc deux pilotes et Bernard de Dryver a rejoint l’aventure. Le prix n’était pas énorme, on parle de 25 à 30 000 euros avec beaucoup de place pour mettre les sponsors sur la Rondeau. J’ai trouvé Kickers, marque française qui avait une base en Belgique. Plastic Bertrand a aussi participé à l’aventure. »

Photo : Collection Privée

Vous êtes donc arrivé au Mans sans la moindre expérience…

 

« Je suis arrivé avec mes stickers aux vérifications alors que la déco de la voiture n’était pas terminée. Kickers amenait ¾ du budget mais entre la signature du contrat et Le Mans, la marque a connu des soucis financiers. Pour couronner le tout, Kickers France m’avait demandé si cela m’intéresserait d’avoir une auto ‘kickerisée’ pour la semaine des 24H, ce que j’ai accepté. En me rendant au Mans, j’ai fait un détour chez Kickers. Il était 5 heures du matin et je devais laisser ma petite Autobianchi pour y prendre une voiture dont la clé était cachée sur la roue arrière droite. En arrivant, j’ai eu un choc car la voiture était celle utilisée en 1981 lors du Tour de France. J’ai roulé avec cette chose improbable jusqu’aux Jacobins et dans le paddock. Elle est même tombée en panne le vendredi, ce qui finalement n’était pas pour me déplaire. »

Photo : Le Télégramme

Et votre découverte du circuit ?

 

« J’ai pris le volant lors de la deuxième séance pour découvrir le circuit. Après quatre tours, je rentre et Christian Bussi ouvre la porte et me dit : ‘t’as une histoire avec les 8 ?’ Je ne comprenais pas un mot de sa phrase. En fait, j’avais fait 4.28, 4.18, 4.08 et 3.58. »

 

La course s’est déroulée sans encombre ?

 

« Pas vraiment même si à un moment nous étions proches du top 10. Christian n’a pas beaucoup roulé car il s’occupait de la voiture. Durant la nuit, je pars pour un relais et l’embrayage casse en partant du stand. Je ne pouvais pas reculer, donc il fallait faire un tour comme cela. Je quitte le stand comme j'ai pu, non sans avoir failli harponner Michele Alboreto qui rentrait sur sa Lancia. Je vois le feu rouge à la sortie des stands et là je me dis ‘si je m’arrête, c’est fini’. Je me donc suis mis à zig-zaguer pour gagner du temps et le feu passe au vert. Je rentre dans le tour suivant pour réparer. La butée d’embrayage était cassée. Christian Bussi, qui était un sanguin, jette la pièce dans le fond du stand de colère. Moi, j’étais toujours dans l’auto en me demandant ce qui se passait. »

Photo : Collection Privée

Il suffisait de changer la butée et de repartir…

 

« C’est un peu plus compliqué... L’équipe va chercher une butée chez Rondeau qui n’avait pas la pièce. Il a donc fallu chercher la pièce jetée de colère dans le stand pour voir si elle pouvait être réparée. Trente minutes ont été perdues pour la retrouver. Cette Rondeau était incroyable avec son châssis tubulaire. Avec le temps, je me dis qu’il fallait être fou pour rouler là-dedans. On dirait une Fun Cup de 550 chevaux. Elle vibrait tellement que tu pouvais perdre un rétroviseur et tu avais des trucs qui te tombaient sur les genoux en plein relais. »

 

Vous gardez un bon souvenir cette édition ?

 

« J’ai été agréablement surpris de la façon dont se gérait le trafic. Lorsque Jacky Ickx arrivait, il changeait ses phares et te faisait un petit geste de la main en te dépassant. Quand Hans Stuck arrivait, tu avais l’impression que ta vie allait s'arrêter. Elles roulaient tout de même à 350 km/h ces autos. Sur la bosse de Mulsanne, la voiture se délestait légèrement, ce qui était je dois dire orgasmique. Quand je suis rentré, alors que je roulais de plus en plus vite, je me suis dit que j’étais vraiment au top. Le souci est que je n’avais pas vu l’aileron arrière s’était affaissé. Je comprends pourquoi j’allais de plus en plus vite. »

 

Il y a eu ensuite les 1000 km de Spa avec cette même Rondeau…

 

« Christian Bussi m’a invité à rouler à Spa. Kickers Belgique avait monté une opération en exposant la voiture dans un magasin. Les gens pouvaient s’asseoir dans la voiture et recevoir un petit diplôme comme quoi ils s’étaient assis dans une voiture des 24H du Mans. Il y avait un monde incroyable ! En 1983, j’ai à nouveau pris part aux 24H du Mans avec le même châssis, cette fois en compagnie de Jean-Paul Libert et Daniel Herregods. »

Photo : Collection Privée

 

 

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