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Vécu : en immersion sur le film Overdose réalisé par Olivier Marchal

Endurance Info
27 nov. 2021 • 20:40
par
lmercier
Endurance-Info a eu la chance d'assister au tournage de Overdose, le nouveau film réalisé par Olivier Marchal. Deux jours inoubliables dans le monde du 7e art même si tout ne s'est pas passé comme prévu. Le charme du cinéma...

Tout est parti d'une discussion avec Fred Ducastel, l'ancien team principal de IDEC Sport, parti rejoindre à plein temps Ciné-Cascade de Jean-Claude Lagniez. On s'est dit qu'on irait bien voir de près une cascade sur un film.

 

Le COVID-19 a retardé l'échéance mais notre homme n'a pas oublié la demande. Un appel plus tard et me voilà invité à Carcassonne sur Overdose, le dernier film réalisé par Olivier Marchal. Mieux encore ! Je vais avoir l'occasion de tourner une scène en chauffeur d'une voiture banalisée pour suivre les méchants du film. 

 

Le synopsis de Overdose : Sara, qui dirige la brigade des stups de Toulouse, enquête sur un go-fast entre l'Espagne et la France. S'en suit une aventure explosive qui mêle action et sentiments. Sofia Essaïdi, Assaad Bouab, Alberto Ammann, Francis Renaud et Kool Shen font partie du casting. Autant vous dire que le nom de Laurent Mercier ne va pas figurer au générique de fin. Avec Alberto Ammann, on se croirait dans Narcos avec Pacho au sein du Cartel de Cali. 

 

La dernière cascade à laquelle j'ai participé était l'oeuvre de Thomas Bastin qui n'a eu besoin que d'une seule prise pour renverser son café sur mon tee-shirt blanc à Spa. Et là pas de doublure... Pour redevenir sérieux, j'ai pas mal discuté cascade avec mon ami Fred Mako qui a travaillé pour Ciné-Cascade. Fred devait d'ailleurs être là pour assister à mon départ en trombe, mais une séance d'essais avec Porsche l'en a empêché. 

 

Overdose a beau avoir un scénario bien établi, comme en course automobile, il peut y avoir un changement de stratégie. Je n'ai pas tourné la scène et je n'ai pas vu la cascade où une Porsche devait être écrasée face à une BMW. Pourtant, j'étais bien sur place. Un déplacement inutile ? Tout le contraire ! Malgré deux contretemps, une très belle expérience... 

 

En immersion sur le tournage de Overdose...

 

Comme toute personne du film, je reçois une feuille de service pour le 11e jour de tournage qui se situe dans la Cité de Carcassonne. On est loin d'un paddock de circuit. Rendez-vous au camp de base avant de rejoindre le décor situé à 200 mètres de là. Rendez-vous est pris à 8h30 au HMC (habillage, maquillage, coiffure) pour un PAT (prêt à tourner) à 9h30. J'ai droit à un blouson en cuir en guise d'accessoire. Par chance, il ne pleut pas mais la température est très froide. En deux mots : ça caille grave. 

 

Direction le décor au pied de la Cité de Carcassonne. Sympa comme lieu de tournage. Je retrouve un univers que je connais : Maserati Levante, Porsche Macan, Porsche 997, Range Rover. On va rajouter un camion poubelle. Il y a un monde fou sur le décor, bien plus que dans une équipe de course. Olivier Marchal est là sous sa petite tente à suivre ses deux écrans et à échanger avec le 1er assistant réalisateur. Je dois encore comprendre comment fonctionne le mode opérationnel d'un film avec qui fait quoi et quand.

Oui le gars à droite en kaki est bien Fred Ducastel

Une scène se termine, tout le monde avance de 50 mètres pour tourner la suivante. Si on avance de 50 mètres/heure, la journée va être longue. Je vous donne la scène à venir. Le Macan longe la Cité suivi de la Porsche 997. Une moto avec deux policiers surgit, stoppe le Macan à l'aide du camion poubelle qui lui barre la route. Une Peugeot 508 déboule et colle le Macan. La 997, un peu en retrait, s'arrête, tourne à gauche et part en trombes. Eduardo et Vanessa, qui sont dans le Macan, sont arrêtés. Fin de la scène qui dure moins d'une minute.

 

Il faut d'abord répéter cette scène avec les cascadeurs même si elle est loin d'être brutale. Les acteurs patientent dans le froid, moi aussi. Pas de salle de presse pour se mettre au chaud, juste un café salvateur offert par la production. Sans l'apport d'un gros blouson prêté par Kevin Giroix (bien connu dans les paddocks), ma vie aurait pu s'arrêter là. Je ne savais pas que Carcassonne était en montagne. La répétition est tournée une fois, deux fois, trois fois, cinq fois, etc... Après le tournage avec les doublures (Fred avec une grosse chevelure, c'est quelque chose), les acteurs passent à l'action. Tout est millimétré, il faut sortir du champ. Là aussi, la scène est tournée de multiples fois. A un moment, t'as juste envie d'aller voir Olivier Marchal, lui tapoter sur l'épaule et lui dire 'c'est bon là on va avancer, non ?' Mais là, tu entends le 1er assistant réalisateur : 'on la refait car la Porsche doit s'arrêter un mètre plus loin'. Ensuite, c'est : 'il faut placer la 508 quelques centimètres plus à gauche'. On est chez les fous !!! Vous croyez que dans son canapé (le film sera diffusé sur Amazon Prime), le mec va se dire : 'p****, la 508 est 20 cm trop à droite' ? En réalité, c'est pour les plans avec les différentes caméras. Il n'est pas encore midi qu'on est toujours sur cette même scène.

 

Je tiens à souligner que malgré les répétitions qui s'enchaînent, il n'y a pas un mot au-dessus de l'autre. A chaque passage du Macan, l'actrice a la main droite levée, une cigarette entre les doigts. Il faut répéter en gardant les mêmes automatismes. Le tournage est on ne peut plus calme même s'il arrive que Olivier Marchal hausse la voix mais toujours avec le sourire, plus sur le ton de la déconne. Hop, direction la cantine au camp de base pour se mettre au chaud. 

 

Retour sur la même scène qui reprend. Quelques badauds sont là et Olivier Marchal se prête gentiment au jeu des selfies et des autographes. Moi, j'échange avec Jean-Claude Lagniez avec des anecdotes à dormir debout. L'un comme l'autre ont une gueule de bad boys pour le ciné mais les deux ont deux points communs : la gentillesse et la simplicité. Le temps tourne et une fois cette scène terminée, on revient en arrière pour en tourner une autre. Sur un film, pas de chronologie. On fait deux pas en avant et un en arrière.

Seize enfants sont présents sur le tournage du jour. Ils font partie d'une scène où le Porsche Macan passe près d'eux. Comme moi, les enfants attendent leur scène. Ils sont dans un bus. Pour les faire patienter, Olivier Marchal va les voir et échangent avec eux en prenant des photos. Vous auriez dû voir leur sourire ! C'est là aussi qu'on peut créer des vocations. Moi, j'allais en classe verte, eux ont tourné avec Olivier Marchal. Chacun son époque. Plusieurs parents étaient aussi sur place, d'où les photos et quelques cadeaux offerts au réalisateur, gêné de recevoir quelque chose. 

 

L'heure tourne, la nuit arrive. J'entends qu'on va avoir besoin des chauffeurs. Mon heure arrive, j'suis fin prêt sans dire que je suis chaud vu la température. Il a intérêt à avoir des watts le Macan d'Eduardo car je vais le coincer histoire qu'on en finisse. Pour être franc, je ne faisais pas trop le malin car tous les yeux sont tournés sur toi. Il faut partir au bon moment, à la bonne vitesse et s'arrêter comme il faut. Simple dans la vie de tous les jours mais plus compliqué sur un film. Le 't'es content d'être venu ?' avec le grand sourire de Jean-Claude et le 'nan mais tu verras c'est simple' de Fred ne me rassurent pas vraiment.

 

Croyez-le ou non mais il s'est mis à pleuvoir et ce n'était pas du cinéma. La noirceur est arrivée plus vite que prévu. L'équipe du film a eu beau essuyer les voitures, ce n'était plus raccord avec les scènes suivantes. Fin de la journée, savates et terminé bonsoir. Retour le lendemain matin à la première heure sur le même lieu. Entre temps, la région est placée en vigilance rouge pour les inondations. Une scène a tout de même été tournée en début de matinée sous la pluie. Il y aura du montage à faire pour ôter la pluie. La météo s'est nettement dégradée et la journée est terminée avant d'avoir débuté.

 

Inutile de vous dire que la cascade entre la Porsche et la BMW est reportée, et pas pour des raisons de COVID-19. Pas de tournage, pas de cascade. Malgré ce fâcheux contretemps, la découverte du monde du cinéma était une très belle expérience avec la rencontre de gens vraiment adorables. L'équipe de Ciné-Cascade, qui a dû préparer la Porsche aux petits soins dans le froid et sous la pluie, va devoir patienter pour 'écraser' la 997. Un sacré métier qui n'a pas entaché le sourire de Jean-Claude Lagniez et toute son équipe. I will be back. 

 

Jean-Claude Lagniez se verrait bien refaire une course avec son ancien coéquipier Fred Mako. Un jour, je ferai aussi faire une course avec Fred. On pourrait alors se faire un remake du film Le Bon, la Brute et le Truand. Fred jouerait 'le Bon' en tant que pilote pro. En cascadeur, Jean-Claude serait 'la Brute'. Moi, je serai 'le Truand' en saltimbanque qui n'a rien d'un pilote. On prendra Fred Ducastel comme team manager. Et là, pas de répétition... 

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