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A la découverte des 24H du Mans...

24 Heures du Mans
8 sep. 2021 • 8:53
par
Dominique Golaz
Découvrir les 24H du Mans sur place est toujours quelque chose qui marque. Découvrir la course en pleine période de COVID-19 n'est pas la chose la plus facile surtout après avoir acheté son billet pour l'édition 2020 qui finalement s'était déroulée à huis clos. Dominique Golaz nous a fait parvenir ses impressions sur son Le Mans 2021. Récit...
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Cette édition était donc pour moi la toute première. Conscient que cela ne reflète pas une édition « normale », j’ai tout de même tenu à partage mon expérience, qui pourra peut-être motiver certains réticent à y aller ou remémorer des souvenirs aux plus anciens.

 

Le départ...

 

Nous partons donc de Suisse le vendredi aux alentours de midi avec un temps magnifique. Nous prenons l’autoroute en direction de Lyon avec tout de même des beaux paysages un peu montagneux. Nous passons ensuite par Clermont-Ferrand aux heures de pointes et nous nous retrouvons dans les embouteillages. Dommage mais ça roule, juste un peu plus lentement.

 

À partir de là, nous continuons en direction de Tours, paysage relativement plat, des champs et des forêts, quelques éoliennes de temps en temps.

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En fin de journée, soleil couchant, nous commençons à voir « Le Mans » sur les panneaux autoroutiers. Yes, on y arrive gentiment.

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On arrive à notre chambre un peu après 21h, sacré bout de route et ça faisait un moment que je n’en n’avais pas autant fait. Avant de dormir, on refait un point météo. Chouette, apparemment ce sera du soleil avec des températures agréables, ni trop chaud ni trop frais.

 

Arrivée au circuit...

 

Le lendemain, réveil vers 9h, on part prendre le petit déjeuner, « ah, il ne fait pas tant beau que ça dehors » et il fait encore un peu frais. On se prépare et on va au circuit en direction du parking Expo, on commence à arriver dans la région du circuit, on voit les tribunes, les drapeaux et là un sentiment m’envahi, que je n’arrive encore aujourd’hui pas à décrire, on y est après 1 an et demi d’attente (billets de 2020). Je vois enfin ce circuit en vrai. Superbe ! 

 

On arrive durant le warm-up. Une fois la session terminée on monte en tribune voir un peu la vue qu'on aura (Dunlop / Goodyear), on prend nos marques et on regarde la course 2 du Road to Le Mans et là je me dis que ça y est, on y est. Une fois la course terminée on fait un petit tour, on traverse la fameuse passerelle Dunlop et on regarde un peu les différents points de vue qu'on peut avoir autour du circuit « GP ».

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On se promène dans le village, découverte des boutiques, des stands et on va jusqu'au "bout" en direction des paddocks pour avoir, mine de rien, une belle vue sur les paddocks et le bâtiment principal avec les drapeaux qui flottent dans le vent, j'ai adoré. Au Mans, j’ai eu l’impression que n’importe quel sentiment était multiplié par 10.

 

On attend un petit peu au bout du village, on voit les Alpine sortir avec la F1 A521. Cela faisait un moment que je n’avais plus vu de F1 en vrai, nous n’étions pas allés là-bas pour ça mais ça a fait plaisir de voir une F1 actuelle, même de loin.

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On remonte ensuite un peu dans le village et la recherche de quoi grignoter un petit peu, portion de frite avec saucisse, j'étais en train d'attendre ma commande quand je commence à sentir quelques gouttes tomber sur mes bras. Je me décale un peu de l'abri, lève la tête, des gouttes me tombent dessus, OK une petite averse, qui, au dernier point météo que j’avais regardé n’était pas prévue.

 

On va se poser et manger nos frites à côté d'un père avec son enfant et on parle un peu du Mans et comme beaucoup, il transmet cette passion à son enfant. On parle un moment et pendant ce temps, la pluie fait son apparition pour de bon, c'est ~15h, maintenant va falloir qu'on aille en tribune sans trop se faire mouiller !

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La course...

 

On se pose en tribune et on attend tout simplement, au vu de la météo je me disais bien qu'il y aurait 2-3 tours derrière la SC même si la pluie ne tombe plus trop au moment du départ. Au moment où les voitures partent pour le tour de formation initial, c'est donc la 1ère fois que je vois des LMH/LMP1, LMP2 et GTE rouler pour de vrai.

 

Ma première impression en les voyant rouler, même au ralenti ? Ces voitures me font peur, elles m'intimident, je ne sais pas trop comment décrire le sentiment que je ressens à ce moment-là, elles émettent quelque-chose qu'on ne ressent pas derrière un écran, même si ce n'est pas les prototypes les plus puissants qu'on ait eu au Mans en termes de performance pure, même au ralenti j'ai senti ce petit truc qui en dégage, que ces voitures sont faites pour aller très vite et ne demandent que ça, que les pilotes arrivent à les exploiter au mieux. Elles sont domptées par les pilotes mais ils peuvent très vite devenir passager de ces machines. Je n'ai évidemment jamais sous-estimé le travail et le courage d'un pilote, mais derrière un écran ça se ressent moins. En les voyant proches du sol, dans un tout petit cockpit et à des vitesses où là aussi on le ressent moins derrière un écran, je me suis tout de suite dit la même chose que notre cher ami Thomas Bastin dit, ces pilotes ne sont pas comme nous.

 

Le départ se fait donc avec la situation actuelle que l'on connaît, j'ai filmé mais pas pris de photos. Encore une fois, étant un petit nouveau dans le monde de l'Endurance, je n'ai pas connu par ex. le Groupe C ou autres GT, mais personnellement j'aime bien que le bruit que dégage ce V6 biturbo, assez sourd et grave, le passage des vitesses et tout aussi sympa à écouter.

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Au fil du temps la trajectoire sèche, le peloton s'étire un peu. Fantastique départ des 2 Corvettes en GTE Pro qui se placent 1ère et 2ème.

 

Important fait de course au niveau de la courbe Dunlop avec la #38 de Jota qui part dans les graviers. Tellement dommage, en tête avec une maitrise déconcertante. En début de course, elle bataillait plus avec les Glickenhaus que les autres LMP2.

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Ensuite, on se promène un peu dans le village et on va se placer juste au-dessus de la sortie des stands, on rencontre un Américain, il nous a fait de la place pour se mettre contre la barrière et on a un peu discuté avec lui également, apparemment et même avec notre french accent il nous a bien compris, lui son kiff c'est l'Endurance et les circuits européens. Il n'aime pas la NASCAR. La course suit ensuite son cours et on retourne en tribune, le soleil commence gentiment à se coucher avec toujours autant de nuages dans le ciel.

 

Quelques gouttes tombent à nouveau, la piste redevient humide et beaucoup arrivent trop vite à la courbe et chicane Dunlop. On se souvient encore tous de la collision entre les deux United Autosports #23 et #32. Pour le coup ça s'est passé droit devant notre tribune.

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Tout se passe en très peu de secondes, on a malgré ça le temps d'avoir peur pour les pilotes, on a l'impression que le temps passe au ralenti et on se demande comment ça va finir "p***** il arrive trop vite, en perdition, 2-3 autres voitures sont en train de passer la chicane", ça rejoint ce que je disais avant, ils peuvent très vite devenir passagers de leur voiture et non plus pilotes. Heureusement sur le coup, les deux voitures peuvent repartir, la #23 pourra aller au bout des 24h, ce qui ne sera malheureusement pas le cas pour la #32.

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Un peu plus tard, safety-car suite à la sortie de piste de la G-Drive #25 qui sort juste avant la chicane Dunlop, ce virage a vraiment l'air d'être très technique. Fin de la courbe, il faut vite se replacer à droite de la piste pour prendre la trajectoire de la chicane tout en commençant déjà à freiner un peu.

 

Pour nous, on rentre se coucher dans la nuit, on s'était dit qu'une nuit blanche suivie de 8h de route le dimanche ce n’était peut-être pas la meilleure chose. Du coup on rentre à la chambre, dodo, réveil avec petit déj' et on rejoint le circuit. Les Toyota en tête ainsi que WRT en LMP2, Ferrari toujours au commande des GTE, Pro et Am et une bonne surprise, les deux Glickenhaus toujours présentes, sans qu'aucune des deux n'accuse un retard de 20 tours sur le leader suite à un passage au garage pour X réparation ou autre.

 

C'est le moment de parler des deux voitures qu'on a sur la photo du dessous. La 488 en termes de bruit, clairement on sent que les turbos étouffent le bruit du moteur. Par contre qu'est-ce que j'ai aimé entendre la soupape de décharge ainsi que l'anti-lag des turbos aux changements de rapport. Jouissif !! Elle avait aussi l'air très stable en courbe et sortie de virage, un régal à regarder.

 

On sent que les pilotes des Glickenhaus en sortie de chicane doivent y aller "tranquillement", ils en étaient presque à retenir les GTE qui étaient derrière. Sur le mouillé c'était encore plus flagrant et là ils retenaient vraiment les GTE, on dirait que les pilotes doivent constamment corriger la voiture du moment qu'ils sont en virage où ne pas aller à fond. En comparaison avec les GR010 et l'Alpine, les Glickenhaus 007 LMH avaient l'air d'être les plus difficiles à dompter pour les pilotes, qui pourtant ont de l'expérience.

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Notre Fanch et son équipe ont fait une nuit très solide. François est au volant et en tête de la catégorie GTE- Am. Ça fait aussi plaisir d'avoir vu quelques Aston rouler en AM.

 

On change ensuite un peu d'endroit pour se rendre aux "Esses" du Tertre Rouge. Là aussi on se rend compte de l'appui de chacune de voitures peu importe la catégorie. Magnifique !!

 

En fin de course, Toyota s'est même permis le luxe de faire attendre la #8 au stand pour repartir en même temps que la #7, la #8 aura donc finalement deux tours de retard.

 

Fin de course folle en LMP2 avec la #41 qui n'a plus de puissance à la sortie de la chicane Dunlop. On la voit arriver normalement, trajectoire OK mais plus rien à la réaccélération, aucun bruit, juste plus de puissance. On se prend la tête, les mains dans les cheveux "Noooon, c'est pas possible qu'est-ce qui se passe" et on la voit ensuite sur l'écran, arrêtée aux Esses juste un peu plus loin, Le Mans a choisi son vainqueur en LMP2.

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La course se termine, c'est la fin, le double tour d'horloge est arrivé à son terme. C'est le moment de lâcher le téléphone et d’applaudir. On a évidemment tous déjà applaudi au moins 1x "par principe", mais là c'était un applaudissement tellement sincère, je voulais tant remercier tous ces pilotes, les commissaires de piste et autres organisateurs, tout le monde qui a œuvré de près ou de loin sur cette édition. En applaudissant avec une petite larme qui coule au coin de l'œil, je voulais juste dire merci.

 

À peine quelques minutes après l’arrivée, les voitures rangées en bord de piste sur la ligne droite des stands, un silence règne déjà sur le circuit.

 

Le retour...

 

On attend un peu et on sort ensuite gentiment du parking Expo, on commence à prendre l'autoroute et on croise quelques camions, notamment ceux de la Fun Cup. 

 

On the road again! Nous repartons en direction de la Suisse en laissant Le Mans derrière nous et en profitant du coucher de soleil avec les nuages qui, eux aussi, commencent à partir.

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Je n'ai pas de mot vraiment précis pour décrire tout ce que je ressens par rapport à la course auto et les émotions et sentiments que ça procure. Je suis la F1 depuis 2003, je suis vraiment l'Endurance et le GT depuis moins de deux ans. J'ai appris à penser différemment sur certains points, à beaucoup mieux comprendre d'autres et ma première expérience sur circuit en Endurance était ce week-end, et quelle expérience !

 

Commentaires (4)

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vvf36

8 sep. 2021 • 16:43

Le premier Le Mans s'apparente toujours à une claque. J'ai également ressenti ça en 2005 lors de ma première. Je conseille à tous de le faire une fois pour comprendre la dimension de l'épreuve.

PAVE

8 sep. 2021 • 18:12

Très bel article.
Pour moi c'était mes 25 èmes 24h du Mans (J'ai 31 ans).

Fan fan et hyper fan de cette course mythique.
Désormais mes amis de Paris viennent chaque année 3 jours au Mans pour les 24h depuis 5 ans. Notre rituel

tet2lar

11 sep. 2021 • 18:14

C'est une course vraiment addictive. Mes premières en 1975 et depuis, je n'ai loupé qu'une édition. Maudit virus !

Dom-San

19 oct. 2021 • 10:28

Mieux vaut tard que jamais, merci PAVE pour le retour :).

Maintenant au moins je peux partager tous les avis qui disent comme vous, c'est spécial et je ne peux que comprendre l'envie d'y retourner encore et encore chaque année, pour mon cas je ne sais pas si je le ferais chaque fois, les 1400 bornes aller/retour en voiture c'était un peu longuet à la fin, à voir si y aller en train et se mettre au camping pour le week-end complet ne serait pas plus avantageux / pratique.