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François Perrodo : "J'ai toujours été à contre-courant"

24 Heures du Mans
WEC
18 aoû. 2021 • 12:00
par
lmercier
François Perrodo fait partie des meilleurs gentlemen aux 24 Heures du Mans depuis maintenant pas mal d'années. Le pilote AF Corse remet en jeu son titre mondial en GTE-Am. Avec le renouveau de l'Endurance, faut-il en profiter pour revoir ou supprimer les classifications FIA des pilotes ? François Perrodo donne son sentiment sur le sujet.
Ferrari #83 LM 2021

Champion du Monde GTE-Am en titre, François Perrodo ne peut pas revendiquer un titre mondial mais bien un "GTE AM FIA Endurance Trophy". Sur le fond, on peut assimiler son trophée à une couronne mondiale. Les catégorisations FIA des pilotes ont montré leurs limites et peut-être est-il temps de revoir le système. 

 

Au siècle dernier, les pilotes roulaient avec qui ils voulaient. Il n'était pas question de Pro ou de Pro-Am et encore moins de Am. Chacun faisait sa sauce sans se soucier des classifications. La discipline s'est professionnalisée et il faut maintenant rentrer dans des cases. Si trois pilotes Bronze veulent rouler dans une Hypercar, ce n'est pas possible. Si trois Platinum veulent se partager un volant, ce n'est pas possible non plus. François Perrodo, qui a roulé en GT3, LMP2, GTLM et GTE est bien placé pour donner son avis sur le sujet. Endurance-Info l'a rencontré pour recueillir connaître son sentiment. 

 

Selon vous, les catégorisations ont toujours lieu d'être ? 

 

"Oui même si je supprimerai l'obligation d'avoir un Silver dans un équipage. En GT,  celui qui fait débat est le Silver. Parfois, on peut dénicher des pépites qui sont passées en-dessous des radars. Je suis le premier à dire que c'est limite mais comme tout le monde, je maximise les chances de performance."

 

Avec l'arrivée programmée du GT3 au Mans, êtes-vous pour ou contre le fait de voir une seule classe GT à l'avenir ? 

 

"Selon moi, c'est tout de même mieux d'avoir une classe Pro et une Am. Entre un très bon Silver et un Gold, la différence est infime. Entre un Silver et un Platinum, la différence est clairement là. Pour ma part, je ne serai jamais aussi vite qu'un Pro."

 

Pourtant, à la fin des années 2000, une seule catégorie GT était en piste...

 

"Je connais bien Joe Macari qui a terminé 4e des 24 Heures du Mans 2007 en GT avec Adrian Newey et Ben Aucott. Difficile de faire plus gentlemen comme équipage. Son grand regret est de dire qu'il a terminé quatrième. S'il y avait eu une classe GT-Am, il aurait gagné sa catégorie." 

 

Vous avez aussi connu cela en prototype ?

 

"J'ai toujours été à contre-courant. On gagne en GT et je tente l'aventure LMP2. C'est l'année des nouvelles LMP2 en 2017 et pas de chance pour moi, je suis le seul Bronze. J'arrête sur un podium aux 24 Heures du Mans pour revenir en GTE. Encore une fois, pas de chance car maintenant il y a du LMP2 Pro-Am. Je fais tout à l'envers mais je ne regrette rien (rires)." 

 

Vous verriez des GT3 au Mans telles qu'on les connaît actuellement ? 

 

"Ce qui serait vraiment bien, ce serait d'avoir des GT3 sans ABS et avec des pneus confidentiels." 

 

Vous raisonnez comme un pilote professionnel...

 

"(Rires). Si nous avons les GT3 actuelles, on ne va pas se plaindre non plus. Je roule régulièrement sur une Mercedes-AMG GT3 avec mon beau-frère et Manu (Collard). Les pneus y sont beaucoup pour une différence avec le GTE. Une GTE est bien plus fine à piloter. J'ai toujours été un peu embêté avec l'ABS." 

Ferrari #83 LM 2021

Le niveau des Am est de plus en plus relevé ?

 

"En une décennie, le niveau dans la catégorie a explosé. Il y a toujours le Am qui va se préparer pour faire une fois Le Mans. On voit qu'une dizaine de Am roulent vraiment bien. Ben Keating en est le parfait exemple."

 

Votre préparation a évolué au fil du temps ? 

 

"C'est un ensemble de choses. Je faisais nettement moins de simulateur. Maintenant, je sais comment cibler une course de 24 heures. Il y a l'expérience mais aussi le contact avec les pilotes professionnels." 

 

Si le futur du LMP2 devait passer par du LMDh sans système hybride, cela pourrait vous intéresser ? 

 

"L'idée est séduisante. Pourquoi pas essayer une voiture si cela devait arriver. Le coût serait certainement intéressant pour tout le monde. Pour ma part, je me vois continuer en GT car j'espère bien profiter du GTE jusqu'au bout et faire durer le plaisir le plus possible." 

 

Le regard des autres (public, pilotes) a changé sur les gentlemen ?

 

"Je n'ai jamais eu la sensation d'être pris pour autre chose qu'un pilote. On m'a vite assimilé à Manu (Collard) avec qui je formais un couple sportif. Manu y est pour beaucoup mais je ne me suis jamais senti montré du doigt. On voit cette année que le niveau est très relevé avec les Keating, Perfetti et Dalla Lana." 

 

Vous allez donc continuer ?

 

"J'aimerais bien être là en 2023 pour le centenaire des 24H du Mans. Ce sera une grande fête du sport auto et rien que d'être sur la grille sera sympa. Dans 20 ans, je pourrais dire que j'y étais. C'est triste de voir la fin des GTE mais je comprends tout à fait le raisonnement." 

 

Vous êtes intéressé par les nouvelles technologies ? 

 

"Je ne suis pas fermé à l'électrique pour le côté urbain. Pour l'extra-urbain, c'est une aberration. Je suis plutôt pour un mélange des deux. Un moteur thermique me fait bien plus vibrer." 

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