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Stéphane Ratel : "Dans ce métier, j'ai appris à être patient"

GT World Challenge Europe
3 aoû. 2021 • 12:55
par
lmercier
Ce n'est pas parce que la traditionnelle conférence de presse donnée par Stéphane Ratel n'a pas eu lieu dans le cadre des 24H de Spa que le président-fondateur de SRO Motorsports Group ne s'est pas exprimé sur le présent et l'avenir.
Ratel Spa 2021

L'une des particularités des 24H de Spa 2021 a été l'absence de conférence de presse donnée par Stéphane Ratel. Il faudra attendre début septembre et le meeting GT World Challenge Europe du Nürburgring pour en savoir plus sur 2022. Pour le patron-fondateur de SRO Motorsports Group, la période actuelle est toujours synonyme de casse-tête. Stéphane Ratel s'est entretenu avec Endurance-Info sur le présent et l'avenir. 

 

Les multiples changements concernant l'accueil du public aux 24H de Spa vous ont causé des tracas ? 

 

"La situation était très stressante et assez incompréhensible. Tant qu'il y a une limitation, le public hésite à venir. C'est différent de ce que l'on a pu voir avec la F1 à Silverstone. Venir à Spa n'est pas une obligation. Les 24H de Spa restent une fête avec un public qui vient assister à un événement dans son ensemble qui comprend la course, la fête et les concerts. Tout cela fait partie d'une expérience. Rien que le mot bulle fait peur. Il faut être un vrai passionné de compétition pour venir. J'espère que nous pourrons revenir à une situation normale en 2022."

 

Le plateau est tout de même magnifique...

 

"Nous sommes passés de 71 à 58 engagés. Il y a tout de même eu un tassement avec la perte d'une dizaine de voitures. La catégorie Am a quasiment disparu. De 1995 à 2000, mon grand rêve était de sortir du 'gentleman only'. Je me souviens des discussions sur le sujet avec mon ami Hans Reiter. Maintenant, mon souci est de ramener les Am. Cette année, nous avions 16 Pro-Am et 2 Am. Il faut donc travailler pour les ramener."

 

Comment faire revenir les Am ? 

 

"On ne peut pas occulter la situation actuelle avec la fermeture des frontières et la difficulté pour voyager. Est-ce que l'on va garder les classes Pro-Am et Am dans le même format qu'actuellement ? Une réflexion est engagée sur le sujet. Nous avons tenté de sortir le GT Rebellion Series qui finalement n'a pas vu le jour." 

 

Quelle est votre plus grande satisfaction de cette grille ? 

 

"Pendant de nombreuses années, la bande des quatre a boudé la course. Je parle de Aston Martin, Corvette, Ferrari et Porsche. Le premier à revenir a été Porsche sous l'impulsion de Frank Walliser. Ferrari monte en puissance et nous avons enfin une Aston Martin pour la gagne. Il ne manque que Corvette qui je l'espère va venir." 

 

Vous avez conscience comme nous que les limites de la piste posent un problème récurrent. Les choses vont s'améliorer ?

 

"Le système en place cette année est un test grandeur nature. Je n'ai aucun doute sur le fait que l'on va trouver quelque chose qui soit aussi imparable que le chronométrage. Les limites de la piste empoisonnent nos courses depuis 10 ans. Nous avons été plus impactés que tout le monde car nos championnats reposent sur la BOP qui est faite pour une piste. Là, ça va au-delà de la piste." 

 

Pourquoi cette absence de conférence de presse à Spa ? 

 

"Il y a encore quelques incertitudes, notamment en ce qui concerne l'Intercontinental GT Challenge. On se donne un mois pour finaliser les calendriers.   C'est aussi le cas pour les FIA Motorsport Games où on se donne un peu de temps pour trancher avec des pilotes qui vont devoir venir du monde entier."

 

Les 12H de Bathurst 2022 sont confirmées ?

 

"Si la Formule 1 va en Australie, alors on pourrait mettre en place un protocole identique." 

 

Vous restez confiant sur l'avenir du GT2 ? 

 

"Je continue de penser que c'est la bonne solution avec un très bon compromis entre le coût, la performance et le look. Je n'ai aucun doute sur le succès de la formule. Dans ce métier, j'ai appris à être patient. Le GT2 est un gros investissement pour SRO, mais cet investissement vaut le coup. Les GT4 ont leur place avec des autos de 300 à 400 chevaux. Les GT2 développent plus de 600 chevaux sur des autos basées sur les modèles routiers."

 

Il faut s'attendre à de grosses nouveautés lors de la conférence de presse ?

 

"Le temps est à la stabilité. Le coeur de la conférence sera de dire : "voilà ce qu'on a présenté il y a un an et voilà où nous en sommes." Les calendriers seront au centre de la conférence de presse. Les Etats-Unis vont mieux et on ne peut pas dire que l'année est mauvaise compte tenu de la situation. L'arrivée de Fanatec et le développement du esport vont dans le bon sens. Nos grandes pertes sont l'absence de spectateurs, des invités et le manque d'hospitalités. L'impact est important. Peut-être qu'on a l'impression que les meetings sont peu garnis en public mais 5000 là, 8000 là, 12 000 là, ça fait du monde."

 

Venons-en à l'avenir. On parle de plus en plus de l'arrivée des GT3 en remplacement des GTE. SRO pourrait jouer un rôle ?

 

"SRO entretient de très bonnes relations avec l'ACO. Nous avons même une histoire commune car j'ai été associé aux dix premières années des Le Mans Series et j'ai roulé aux 24H du Mans. J'espère que nous trouverons des moyens de travailler ensemble. Les prochaines saisons du WEC s'annoncent extraordinaires, l'ELMS se porte très bien et Road to Le Mans est un vrai succès. Dans son ensemble, la planète 'sportscars' se porte bien. J'étais au Mans en 2019 et j'ai vraiment apprécié. J'aime cet environnement qui est mon monde. Je n'ai pas le sentiment d'une compétition entre nos séries comme j'ai pu le ressentir aux Etats-Unis. Nous sommes avant tout des coordinateurs d'équipes qui proposons des schémas aux écuries. Ce qu'on a mis en place avec l'ADAC GT Masters pour éviter toute date commune profite à tout le monde." 

 

On nous prédit la fin du moteur thermique d'ici 10 ans. Cela vous inquiète ?

 

"Je reste persuadé qu'il y aura toujours des courses avec des voitures équipées d'un moteur thermique. La formule GTX proposée par SRO va dans le bon sens. C'est la seule application du customer racing pour l'électrique. Le championnat GT électrique mis en place par la FIA est purement pour les constructeurs. SRO, c'est de la compétition-client. J'ai appris de 1998 et je n'ai rien oublié..." 

 

 

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