Pilote de safety car, une fonction à découvrir...
Pour piloter une voiture de sécurité, il n'y a pas de formation spécifique. Il n'est pas nécessaire d'avoir un passé de pilote. Il faut tout de même un bon coup de volant et bien résister à la pression car le mec que vous voyez en tête de cortège avec la rampe de feux sur le toit, c'est Jérôme Do Vale. Quand il prend la piste, Jérôme Do Vale ne part pas pour une danse entre amis. Il faut du contrôle, de la dextérité et de l'observation. Lui qui roule sur simulateur chez lui n'a cette fois pas le droit à l'erreur car il n'y a pas de reset. Découverte d'une fonction encore méconnue...
Comment en arrive-t-on à piloter une voiture de sécurité ?
"Je suis né avec le sport auto. Mon père a d'abord été commissaire avant de devenir vice-président de la FFSA et président de l'ASA Basco-Béarnais. J'ai aussi été commissaire. Etant de Pau, j'ai forcément été baigné par le GP de Pau dès l'âge de 3 ans. J'ai eu ma première licence à 16 ans, je suis passé par le rôle de commissaire et j'ai travaillé dans une école de pilotage. Un jour, j'ai discuté avec mon père de ce rôle de piloter la voiture de sécurité. Il m'a fait confiance et j'ai débuté à Pau en 2009 avec la 'leading car' où se produisait le WTCC. Il n'y a donc pas de formation, il faut juste avoir un bon coup de volant."

Après la 'leading car', vous passez au safety car ?
"J'ai débuté en 2009 par la Super Série FFSA, déjà avec une Audi R8. Au début, j'avoue que c'était tout de même un peu flippant. Là, on ne parle pas du GP de Pau, mais bien d'un Championnat de France. C'est un peu toi qui fait la course même si tu dois suivre les ordres. J'ouvre aussi la plus grande course GT au monde aux 24 Heures de Spa."
Vous qui parliez de flippant. Spa, c'est flippant, non ?
"C'est quelque chose de malade ! Je m'en rends compte a posteriori. Sur le moment, je fais un travail sans penser à quoi que ce soit à côté. Ce sera mes quatrièmes 24H de Spa le mois prochain. J'en suis à ma quatrième année en GT World Challenge Europe Sprint, ma deuxième en Endurance hors Spa et le FFSA GT depuis 2017. J'ai aussi ouvert Kyalami en IGTC."

On dit souvent qu'il faut avoir un brin d'inconscience pour disputer les 24H de Spa. C'est un peu la même chose pour vous compte tenu des enjeux ?
"A Spa, quand il pleut, tu ne vois rien. En bouclant trois tours, tu es trempé par la concentration. Il y a deux ans, l'année du drapeau rouge, je me suis fait peur car il y avait trop d'eau. C'était impossible de rouler, tu ne savais pas où il fallait rouler."
Là, on est loin du simulateur...
"Justement, il n'est pas possible de s'entraîner. Tu pars en piste sous l'eau avec des pneus froids, des freins en céramique qui sont eux aussi froids. Le rythme augmente au fil des tours."

Quand vous n'êtes pas en piste, quel est votre emploi du temps ?
"Je suis le déroulement de la course sur mon téléphone dans la voiture car cela facilite mon travail. Je reste de toute façon autour de la voiture. L'avantage est qu'avant de sortir en piste, le directeur de course neutralise le circuit par un Full Course Yellow. J'ai donc deux ou trois minutes devant moi. A Spa, nous faisons des roulements de deux heures dans l'auto. Au Paul Ricard, lors du dernier rendez-vous Endurance, j'étais seul. Le protocole sanitaire fait que l'on est seul dans l'auto sauf à Spa pour des raisons de sécurité. Mon copilote peut me guider et c'est lui qui éteint les feux avant la relance. Je dispose d'un bouton sur le volant pour échanger avec la direction de course."
Vous roulez à votre rythme ?
"Je régule ma vitesse selon le message du directeur de course. J'augmente le rythme pour monter les pneus et les freins en température."

On voit par moment qu'il y a des erreurs. Assis dans son canapé, le spectateur doit dire : "mais c'est qui le mec dans le safety ? Il n'est pas devant la bonne voiture..."
"Il peut y avoir des erreurs et il y en a eu dans le passé. Le facteur erreur intervient souvent quand nous sommes à l'approche de la fenêtre des ravitaillements.Tu sors et tu attends de savoir qui est le leader qui n'est plus forcément celui du tour précédent."
En deux mots, vous avez le métier que personne ne veut...
"C'est une chance inouïe pour moi de faire ce métier. Je préfère ne pas sortir car tout le monde veut voir de belles courses. Je ne laisserai ma place pour rien au monde."
Le reste du temps, c'est quoi le métier de Jérôme Do Vale ?
"La semaine, je suis agent de maintenance. J'ai la chance d'avoir un employeur conciliant, ce qui me permet de prendre des congés sans solde. J'ai la chance d'avoir Kelly, ma compagne, avec moi en FFSA GT car elle travaille elle aussi dans l'organisation en tant que commissaire de stand. On s'est d'ailleurs rencontré à Dijon en 2017 où elle était commissaire."

Vous faites uniquement les courses SRO sur les meetings ?
"En Fanatec GT World Challenge Europe Powered by AWS Endurance, je fais toutes les séries sauf le Lamborghini Super Trofeo Europe qui a son propre pilote. A Magny-Cours, pour le Sprint, j'ai débuté à 7h30 pour terminer à 23h30. Chaque course a sa propre auto. Je passe de l'Audi R8 au Porsche Taycan, en passant par la BMW M3 et la Renault Megane. Toutes les voitures sont de série même si la R8 est équipée d'un pack performance avec un peu plus d'aéro. Sur les meetings GT World Challenge Europe, une équipe technique Audi est prête à intervenir s'il y a un souci sur l'auto."
La panne d'essence vous guette ?
"On casse beaucoup de passages de roues car on prend beaucoup de boules de gommes sur les pneus. On peut avoir l'impression qu'on n'avance pas en piste. Par moment, l'auto ne tourne pas, ce qui n'aide pas pour la confiance. A Spa, il y a quatre ou cinq trains de pneumatiques. Pour l'essence, on fait tout pour ne pas être à court de carburant. Sur le sec, on peut rouler 1h30 sans remettre de carburant."
Commentaires (2)
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buges
28 juil. 2021 • 18:47
Et dans les anecdotes... parlons du funiculaire palois !!!!
tony
28 juil. 2021 • 22:41