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Vincent Beaumesnil (ACO) : "Ecouter les constructeurs présents et ceux qui veulent venir"

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21 fév. 2017 • 16:00
par
lm@endurance-info.com

Directeur des Sports de l'Automobile Club de l'Ouest, Vincent Beaumesnil a en charge les dossiers majeurs des séries labellisées ACO sur son bureau. A chaque saison ses nouveaux dossiers et 2017 ne déroge pas à la règle. Entre les débuts des nouvelles LM P2, le développement du LM P1 non hybride, la réduction des coûts, le contrôle de la BOP, l'avenir du LM P1, les sujets ne manquent pas. Vincent Beaumesnil a répondu à nos questions sur les dossiers majeurs. Entretien...

Vous êtes satisfait des listes et confiant sur la saison à venir ?

« Elles reflètent toutes les trois de la cohérence de la pyramide Endurance. Les séries continentales sont devenues des piliers qui alimentent le FIA WEC et les 24 Heures du Mans. Si l’ACO n’avait pas relancé l’Asian Le Mans Series, il aurait fallu se passer d’équipes au Mans. De plus, la catégorie LM P3, qui connaît un franc succès, offre une plate-forme de qualité pour  un coût intéressant. Le système de l’ascenseur pour aller en LM P2 fonctionne parfaitement. Le LM P2 entre dans une nouvelle ère avec un plateau en progression. On a atteint nos objectifs. Le niveau de compétition est une chose, mais n’oublions pas que les autos vont plus vite pour un moteur moins cher. Les LM P2 ont les performances des LM P1 d’il y a dix ans. C’est aussi cela qui rend la catégorie attractive. Les choix stratégiques sont payants même s’il faut rester vigilant. »

Le retrait rapide d’Audi montre que rien n’est jamais acquis. Il faut maintenant redoubler d’effort pour préparer l’avenir ?

« Personne ne peut se réjouir du départ d’Audi. C’est la fin d’une époque et le début d’une nouvelle ère. Nous aurons tout de même 60 autos au Mans avec en prime un beau plateau en FIA WEC. Les équipes qui ont quitté le championnat ne sont pas parties par désintérêt du championnat. On avance tous en rang serré et rapidement. Nous avons déjà repoussé les règles actuelles de deux ans et il faut dans le même temps travailler pour la suite. »

L’objectif est bien de continuer à diminuer les coûts, mais n’est-il pas incompatible d’associer cette réduction aux nouvelles technologies ? 

« Je reste persuadé que l’on peut voir des nouvelles technologies à coût maîtrisé. L’équation n’est pas impossible à trouver. Aujourd’hui, on envisage différentes possibilités. 2020 peut toujours passer par l’hybride avec quelque chose en parallèle à cette technologie hybride. Il faut garder une attractivité technologique pour un niveau de compétitivité plus abordable. Nous sommes en pleine période de réflexion avec les différents acteurs. Il faut écouter ceux qui sont là et ceux qui veulent venir. »

Les récentes annonces sur le LM P1 non hybride vont dans le bon sens ?

« La classe LM P1 non hybride commence réellement à se lancer et je m’en réjouis. Il faut pouvoir hisser les autos à proximité immédiate des LM P1 hybrides pour un budget bouclé par une équipe privée. Des dérogations supplémentaires ont été données. Les équipes ont compris l’intérêt du LM P1 non hybride. Le vrai retour va s’opérer en 2018/2019 avec de nouvelles autos et de nouveaux moteurs. Les LM P1 hybrides doivent faire face à 30% de charge aéro en moins, ce qui va permettre de réduire l’écart. Cependant, on connaît la capacité des constructeurs à travailler durant l’hiver et c’est quelque chose que l’on ne peut pas maîtriser totalement. On l’a vu il y a deux ans. »

Vous vous attendez à une saison disputée en GTE ?

« Le GTE n’a jamais été aussi serré qu’en 2016. Il y a plusieurs niveaux de lire la saison écoulée et toujours une bonne raison de dire que les choses se passent mal. L’écart entre les trois marques a été infime et cela n’aura échappé à personne que la Porsche n’était pas opérée directement par le constructeur. On note deux soucis majeurs. Avant les 24 Heures du Mans, il y a un comportement visant à obtenir une bonne BOP pour la course majeure de la saison. De plus, en laissant libre le rythme de développement du pneumatique, nous avons été pris par surprise sur la deuxième partie de saison. Nous avons mis en place des règles en définissant un cadre pour le développement du pneumatique sachant que les manufacturiers pourront toujours amener de la technologie. En agissant de la sorte, nous diminuons la notion d’imprévisibilité. La Balance de Performance de Silverstone et de Spa sera séparée de celle du Mans. La BOP sera définie en amont de la première course et le système sera ensuite automatique avec des critères préétablis. L’informatique donnera en fin de course la BOP pour la manche suivante. On reste sur une BOP automatique. Le Mans sera un cas à part. »

N’y a-t-il pas un risque de voir un afflux de constructeur en GTE  au détriment du LM P1 ?

« Les produits sont totalement différents. Le GT est issu d’un produit de la gamme d’une marque sportive de haut niveau. Le LM P1 est réservé à une technologie bien plus poussée afin de montrer la capacité technologique de la marque. Les deux approches sont différentes. En LM P1, la possibilité est donnée de gagner le général, un championnat et Le Mans. La convergence GT n’est pas abandonnée mais il n’y a pas de démarche dédiée actuellement sur le sujet. »

Vous étiez aux 24 Heures de Daytona. Qu’avez-vous pensé du concept DPi ?

« On ne poursuit pas les mêmes objectifs même si la volonté d’avoir un prototype commun était bien là. L’offre est différente de celle de l’Europe. Je suis content que la catégorie ait pu démarrer aux Etats-Unis. Aujourd’hui, la Cadillac est une Dallara P217 équipée d’un moteur General Motors. Je ne pense pas qu’il y ait une montagne à gravir pour venir en LM P1 non hybride. Voir un châssis Dallara équipé d’un moteur Cadillac n’est pas insurmontable si l’auto est alignée par une équipe privée. »

Venons-en au Circuit des 24 Heures du Mans. Des améliorations seront apportées d’ici juin prochain ?

« La sécurité est toujours au centre des discussions. Nous sommes dans le domaine de l’optimisation. Les ‘Slow Zones’ seront un peu plus longues en les faisant démarrer dans des parties plus lentes du circuit dans la mesure du possible. On poursuit également les travaux dans la zone des Virages Porsche où nous avons déplacé un mur. La procédure de départ évolue quelque peu pour la mettre dans un schéma plus proche du FIA WEC avec un départ directement en épi. L’autre nouveauté concerne le Road To Le Mans avec l’organisation de deux courses. »

La puissance des LM P3 sera revue à la hausse sous peu (environ 50 cv) ?

« Oui dès 2018. Il y a deux objectifs à cela, le premier étant de les rapprocher des LM P2 et le second de les démarquer des GTE. »

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