John Doonan (IMSA) : « Ne pas sacrifier la qualité au profit de la quantité »
Avec des 24 Heures de Daytona qui affichent une nouvelle fois complet et un peloton garni tant en GTP, qu'en LMP2 et dans les deux classes GTD, John Doonan ne peut qu'être satisfait.
Le patron de l'IMSA, qui s'était déjà largement confié dans nos colonnes sur la saison à venir, a donné plus de détails autour de la manche floridienne qui ouvrira la saison les 24 et 25 janvier prochains.
Comment analysez-vous cette grille de 61 voitures ?
Je pense que le niveau de compétition est peut-être à un niveau que je n'ai jamais vu auparavant. Je me rends sur les courses IMSA depuis l'âge de neuf ans. Et quand on regarde le talent des pilotes, celui des équipes, celui des ingénieurs, ce que les constructeurs ont accompli dans le cadre de leurs programmes clients et, bien sûr, dans le cadre de ce que nous appelons les programmes approuvés par les constructeurs, le niveau de compétition dans l'IMSA est plus élevé que jamais. Vous savez, dans mon bureau, et c'est un peu le fan en moi qui parle, je dresse la liste de toutes les courses sur mon tableau blanc dans chaque catégorie, du WeatherTech au Michelin Pilot en passant par le VP Racing Sports Challenge, et je passe en revue la liste des constructeurs et de ceux qui ont eu la chance de gagner une course ou de monter sur le podium. Quand on regarde cette image à la fin de la saison, c'est tellement spécial que tout le monde, à un moment donné, ait pu avoir la chance de monter sur le podium. Je pense que le modèle économique des constructeurs est stable au regard de la compétition-client.
A-t-il été aisé de déterminer quelles équipes pouvaient s'engager pour une seule course, voire deux ? Avez-vous facilement choisi quelles équipes devaient être sur la grille de Daytona, aux côtés de toutes celles qui se sont engagées pour toute la saison ou pour l'Endurance Cup ?
Ce n'est pas une décision facile à prendre. Je suis reconnaissant envers mon équipe, car elle a mis en place un processus d'inscription par le biais d'un comité, et je tiens à la féliciter pour avoir élaboré ce processus. Évidemment, nous nous intéressons aux équipes qui s'engagent pour toute la saison et qui visent le championnat. Nous nous intéressons aux équipes qui s'engagent pour la Michelin Endurance Cup. Et puis, à partir de là, aux équipes qui ont peut-être développé un programme marketing très spécial autour de leur participation à Daytona. Je suis vraiment fier de là où nous en sommes. Ce n'est pas un processus facile, car nous avons reçu beaucoup d'intérêt, mais en même temps, en fin de compte, nous voulons mettre en piste les équipes les plus compétitives possibles, et je pense que vous le verrez à tous les niveaux. Évidemment, nous voulons ouvrir la voie à de nouvelles équipes. Je suis très fier de notre personnel. Ils ont rencontré individuellement chaque participant, qu'il s'agisse de Meyer Shank Racing en programme GTP, 13, TDS, Tower... Ils se sont entretenus avec chaque équipe pour comprendre leurs plans marketing, leurs line-ups de pilotes, leur association avec le constructeur. J'espère que ce qui différencie l'IMSA, c'est la relation personnelle que nous entretenons avec ceux qui veulent venir courir avec nous. Nous continuerons dans cette voie et nous continuerons à chercher des moyens de donner une chance à de nouveaux venus, en particulier ceux qui émergent du système IMSA.
Savez-vous combien de demandes ont été reçues ?
À un moment donné, d'après les demandes d'inscription, nous étions proches de 90. Nous étions entre 85 et 90 équipes qui souhaitaient participer.
Quel est le plan d'action ou les objectifs en termes de traitement des demandes d'inscription et de la nécessité potentielle d'élargir la grille ou de s'adapter pour dépasser les 61 voitures ?
Nous essayons de maintenir la qualité du spectacle, tout en veillant à optimiser les résultats, et je suis très attentif à ne pas sacrifier la qualité au profit de la quantité. Si vous remontez à 2020, nous avions 39 inscriptions sur la grille. Ce nombre est passé à 40 la saison suivante et, chaque année depuis, à l'exception de l'année où le film de Brad Pitt a été tourné, nous en avons eu 61. Je pense que cela témoigne de la bonne santé de notre sport dans son ensemble et nous voulons maintenir cette dynamique aussi longtemps que possible.
La Nascar et l'IndyCar ont adopté le système de charter (une place garantie pour l'ensemble du calendrier aux équipes concernées). Cela a-t-il été envisagé en IMSA ? Et cela fonctionnerait-il ?
Pour faire court non. Nous avons une grande diversité de participants, allant des équipes indépendantes à des programmes soutenus par les constructeurs. Il est donc très difficile d'avoir un modèle comme celui-là avec la diversité des participants que nous avons. Nous allons continuer à fournir ce que nous considérons comme équivalent pour les équipes indépendantes ainsi que pour tous les constructeurs engagés. Bill France Sr, John et Peggy Bishop ont créé cela pour permettre à cette grande variété d'équipes de participer à des courses. Toutes ces équipes devraient être en mesure de concourir avec un programme très détaillé de BoP, et être capables de se battre pour la victoire. C'est notre objectif chaque année, à chaque événement : que tout le monde ait une chance. Je vais aller droit au but : je pense que nous avons eu une excellente réunion des constructeurs à Daytona peu avant les essais de novembre, avec tous les constructeurs autour de la table, sur la BoP. C'est un sujet difficile, mais je pense qu'il est nécessaire compte tenu de la diversité des voitures et des plateformes que nous avons en course. Tous les constructeurs, sans exception, ont dit que nous avions besoin de la BoP. Ils ne veulent pas qu'une guerre des dépenses éclate. Car au fil des ans, nous avons vu dans notre sport que s'il n'y a pas de règles, les dépenses deviennent folles et les programmes prennent fin.
La catégorie GTP compte régulièrement 10 ou 11 voitures sur la grille de départ. Envisagez-vous d'augmenter ce nombre ou de mettre en place des mesures incitatives pour attirer de nouveaux constructeurs ?
Nous avons atteint notre capacité maximale par rapport au nombre total de voitures sur la grille. Comme vous le savez, les trois séries que nous possédons et exploitons, à savoir le WeatherTech Championship, le Michelin Pilot Challenge et le VP, comptent actuellement 18 constructeurs. Nous accueillerions bien sûr avec plaisir les constructeurs de la catégorie reine, qu'il s'agisse de Ferrari, Toyota, Peugeot... et bien sûr Genesis, Ford et McLaren qui font leur entrée dans la catégorie reine. En fin de compte, c'est à eux de faire leur annonce. Nous espérons que l'importance du marché nord-américain pour leurs ventes de voitures de route et le développement de leur marque les encouragera à rejoindre la saison IMSA.
Genesis Magma Racing rejoindra le WEC l'année prochaine. Ford et McLaren sont également attendus en Mondial. Pensez-vous que Ford et McLaren rejoindront Genesis à Daytona en 2028 ?
Nous l'espérons vivement. Nous sommes en communication constante avec tous nos partenaires constructeurs, y compris Genesis, et nous avons eu des réunions très fructueuses avec eux. Il en va de même pour Ford, dont les réalisations sur toutes les plateformes de ce sport sont remarquables.
Les GTP vont passer par la soufflerie Windshear cet hiver, ce qui doit mettre tout le monde sur un pied d'égalité. Pensez-vous que cela pourrait encourager les équipes LMH à venir courir aux États-Unis, à Daytona ou à Sebring ?
Je l'espère. Il est évident que les réglementations techniques LMDh imposent des contraintes très strictes en matière de performances aérodynamiques. Il est essentiel que toutes les voitures passent par le même processus à Windshear afin de garantir que tout le monde puisse performer dans cette même fenêtre très étroite. Nous sommes en communication permanente avec tous les constructeurs.
Quelles seront les évolutions à destination des fans ?
L'une des choses dont je suis le plus fier, c'est que chaque billet d'entrée générale, donne accès au gridwalk, au paddock, à la séance d'autographes, etc. C'est quelque chose qui est extrêmement important pour nous et qui ne changera pas. Chaque événement de l'année dernière a été précédé d'une sorte de festival pour les fans. Cela va continuer. Sans oublier la capacité à laisser les fans découvrir un peu les coulisses via notre stratégie des réseaux sociaux et sur le numérique. Plus nous pouvons faire, en tant que communauté, en tant que sport, pour donner aux gens un aperçu des coulisses, plus cela continuera à susciter l'intérêt et à attirer un nouveau public.
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