Jules Gounon (Alpine) : « Nous pouvons jouer avec les big boys »

Peut-on parler de podium inattendu ?

Je n'aime pas employer le mot inattendu car, au final, nous avons bien bossé. L'équipe se donne du mal pour en arriver là et a travaillé dur pendant l'hiver. Et puis nous faisons des courses pour essayer de gagner, pas pour se contenter d'un top dix. Ce matin, nous avions l'espoir de faire quelque chose de bien. Mais de là à ce que l'on termine sur le podium... L'arrivée de Nico et Fred (Lapierre et Makowiecki, respectivement au poste de directeur sportif et au volant de la n°36. Ndlr), a vraiment apporté un plus sur le plan technique. Nous allons dans la bonne direction.

Vous avez choisi de chausser les pneus Soft très tôt. Comment l'expliquez-vous ?

Nous voulions être en mesure d'effectuer des tours de sortie rapides pour essayer de contrer nos concurrents en Medium. À Imola, la track position (position sur la piste. Ndlr) est excessivement importante. Malheureusement, au moment où je chausse les Soft, il y a un Full Course Yellow, donc le fait de les avoir ne me fait quasiment pas gagner de temps lors de mon tour de sortie. Ce fut même assez dur car la température de piste était encore relativement élevée et je me suis retrouvé au milieu d'un peloton avec uniquement des voitures en Medium.

Finalement, ça ne s'est pas si mal passé non ?

Nous avons réussi à conserver notre track position et nous nous sommes retrouvés dans le groupe de tête même avec les Soft. Donc je pense que ça a effectivement été une décision clé. Et qui nous a d'ailleurs permis de prendre la décision de remettre des Soft à Mick (Schumacher. Ndlr) en fin de course pour ses deux relais, car nous savions comment ils réagissaient. Nous avons vu trop haut en pression sur le premier train, mais l'équipe a bien rectifié le tir sur le second.

Le fait de chausser les Soft était-il également destiné à anticiper une possible bruine ?

Oui, c'est effectivement ce que nous avions vu sur les radars. Moi quand je « box » au moment du FCY, il y a des gouttes et nous hésitions alors entre Medium et Soft. Moi, j'ai notamment poussé pour le Soft, car je me suis dit que s'il pleuvait, nous serions vraiment mieux que les autres. Pour résumer, j'ai envie de dire : début de course compliqué sur la plan de l’exécution. Puis, à partir de la mi-course, nous avons vraiment déroulé.

Cette façon de gérer les pneus, c'est un changement par rapport à l'an passé n'est-ce pas ?

L'année dernière, nous avions peur du Soft. Nous ne voulions jamais les chausser tant nous les dégradions. Là, nous sommes partis avec une philosophie de réglages assez différente. L'équipe a trouvé pas mal de solutions sur ce plan et, désormais, nous arrivons à doubler les relais avec du Soft quand les autres sont en Medium. Ça confirme que nous avons vraiment fait un pas en avant.

Avez-vous la sensation de pouvoir désormais vous mêler à la lutte avec les ténors ?

On parle tout le temps de potentiel, mais nous savons que nous pouvons jouer avec les big boys. J'ai passé deux relais avec Nyck de Vries (Toyota n°7. Ndlr) derrière moi, que je regardais à la télé quand il était en F1. Et il n'est pas passé. J'étais donc assez content de me retrouver à cet endroit-là. Et ça récompense encore une fois les efforts fournis par l'équipe.

Moi personnellement je travaille vraiment dur physiquement pour être bien dans la voiture. Voilà, ça met du baume au cœur à tout le monde et ça nous met sur une bonne dynamique à l'approche des 24 Heures du Mans. Des fois, il y a des années durant lesquelles tu travailles mais où rien ne te sourit. Mais là je pense que ce podium nous met sur une dynamique intéressante.

En dehors du choix de pneus, il y a aussi eu ce pari stratégique en fin de course avec Mick Schumacher...

Oui, l'équipe a fait un super choix stratégique en fin d'épreuve, en optant pour deux relais courts avec un demi-plein plutôt qu'un relais très long très chargé et un très court. Roulant relativement léger et avec des pneus Soft, Mick a pu adopter un super rythme et c'est ce qui nous permet de terminer sur le podium.

Après une première manche en deçà des attentes au Qatar, ça fait du bien au moral non ?

Au Qatar, nous n'avons pas été récompensés. Alors que nous étions sixièmes, nous avons rencontré des soucis. Mais là, après cette course, nous pouvons parler de début de saison réussi. C'est vraiment bien pour l'équipe de finir troisième.

Que faudrait-il améliorer encore ?

Plein de petits détails. Nous sommes dans un championnat ultra compétitif avec huit constructeurs dans la catégorie-reine. Il n'y pas de place pour l'erreur. Aujourd'hui, nous en avons commis quelques-unes, mais nous avons eu un peu de réussite avec les Full Course Yellow et les Virtual Safety Car. Je le répète, il faut continuer à travailler dur et à nous améliorer encore sur plein de petits points.

Le meilleur exemple à suivre, c'est Toyota. Au niveau exécution, ils sont assez incroyables. C'est normal me direz-vous, ils sont là depuis de nombreuses années. Mais c'est ce vers quoi nous devons tendre. Et je pense que Nico (Lapierre. Ndlr) nous apporte aussi un peu ça, de par son expérience chez Toyota mais aussi à la tête de son équipe (CLX Motorsport. Ndlr).