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Entretien avec Cyril Abiteboul (Genesis Magma Racing) dans le paddock de Barcelone

European Le Mans Series
WEC
11 avr. 2025 • 10:00
par
Laurent Mercier, à Barcelone
En visite à Barcelone dans le stand IDEC Sport, Cyril Abiteboul, team principal de Genesis Magma Racing, s'est entretenu avec Endurance-Info sur l'avancée du dossier GMR-001 LMDh.

Pour Genesis Magma Racing, l’aventure en Endurance a débuté à Barcelone dans le cadre du lancement de la saison European Le Mans Series. Un an avant les débuts de la marque sud-coréenne en Hypercar, le clan Genesis Magma Racing se rôde à la discipline sur un programme LMP2 en partenariat avec IDEC Sport dans la catégorie LMP2. De quoi prendre ses marques avant de voler de ses propres ailes.

 

Pour ce premier meeting de l’année, qui s'est terminé par une belle deuxième place, Cyril Abiteboul s’est rendu en terre catalane pour prendre la température d’un paddock Endurance. L’occasion pour Endurance-Info d’aller échanger avec le patron de la branche compétition de Hyundai/Genesis afin d’en savoir plus sur l’avancée du projet Hypercar GMR-001.

Photo : Genesis

Genesis Magma Racing arrive bientôt en Hypercar. Y a-t-il eu hésitation entre les entités Hyundai et Genesis ?

 

Nous avons fait cela en deux étapes. Dans le courant 2024, un travail de fond a été fait sur l’analyse des différents championnats en complément du WRC afin de voir quelle serait la prochaine étape pour le groupe en sport auto. Nous avons regardé différentes formules et l’Endurance a primé. De façon concomitante, nous avons réfléchi sur la marque qui serait la plus pertinente et nous avons trouvé une bonne concordance entre Genesis et l’Endurance. Genesis souhaite accélérer son développement sur de nouveaux marchés, ce qui renforce le fait de venir dans la discipline. La décision définitive a été prise en septembre 2024.

 

Le choix du châssis Oreca s’est de suite dessiné ?

 

Bien sûr, nous avons regardé les quatre constructeurs sélectionnés par le législateur. Notre choix s’est plutôt porté dans un premier temps sur Oreca et Dallara. Multimatic est plus proche de Porsche et Ligier avait moins d'expérience de la catégorie. Oreca et Dallara étaient à coup sûr de bons choix. Nous sommes allés vers Oreca dans ce que l’on peut appeler une zone de confiance. Nous arrivons en Hypercar avec beaucoup d’humilité même si nous avons 12 ans de sport automobile en rallye et tourisme. C’est un grand pas en avant pour le constructeur. Le facteur humain est très important et nous avons donc opté pour Oreca.

Photo : Genesis

Venir dans un premier temps en LMP2 était indispensable ?

 

Nous avons analysé une participation à la catégorie LMP2 pour une année 2025 que l’on peut qualifier de transition. Nous avons hésité sur les mérites de le faire ou de ne pas le faire. La question s’est posée car cela demande des moyens financiers et humains. Nous aurions pu nous concentrer sur le simple développement du prototype Hypercar mais démarrer dans la catégorie reine sans la moindre expérience dans la discipline nous a paru assez audacieux. Une fois la décision prise de débuter en LMP2, il a fallu trouver une équipe pour nous accompagner. Nous avons discuté avec trois ou quatre équipes (RD Limited, TDS Racing, CLX Motorsport, ndlr) qui sont toutes de bonnes équipes. Le choix s’est porté sur IDEC Sport, pas uniquement sur la proximité avec Oreca. Il y a derrière une stabilité, une puissance, une disponibilité et une expérience. Quand un constructeur comme Hyundai/Genesis arrive, il faut que la structure soit capable d’absorber cela. On a senti qu’IDEC aurait les épaules pour le faire.

Photo : MPS Agency

Justement, comment se passe cette collaboration ?

 

Le personnel est plutôt concentré sur la n°18. A ce jour, cela représente cinq personnes en action sachant qu’il y a deux types de personnel avec les personnes qui sont intégrées dans l’équipe à plein temps et celles qui sont plus dans l’observation. Tout va se renforcer en cours de saison. L’idée n’est pas de se reposer sur les équipes existantes qui sont en rallye. Nous recrutons de nouvelles personnes chaque semaine. De nouveaux visages vont apparaître durant l’année. Le recrutement se fait principalement en Endurance, mais pas uniquement en prototype car nous avons des personnes qui viennent du GT. Nous voulons de la diversité sur un groupe de 60 personnes même s’il ne faut pas sous-estimer qu’il va nous manquer l’expérience de l’Endurance. 

 

Le Trajectory Programme est important pour GMR ?

 

Si des talents émergent du Trajectory Programme, c’est bien et si cela peut se faire dès l’année prochaine, c’est encore mieux. On ne mise pas que là-dessus pour mettre en place nos équipages 2026. Investir sur des talents et donner des opportunités à des pilotes est quelque chose qui nous tient à cœur. Nous n’en sommes qu’au début du programme. Nous sommes là pour apporter une opportunité, pas pour mettre qui que ce soit en situation d’échec. On l’a fait quand j’étais chez Renault F1 et cela a fonctionné. Je souhaite faire la même chose en Hypercar. Le sport auto est rempli de belles histoires et il faut que l’on soit à l’origine de ces belles histoires. C’est aussi la responsabilité des constructeurs automobiles qui s’engagent dans un tel programme.

Jamie Chadwick et Mathys Jaubert font partie du Trajectory Programme (photo : MPS Agency)

Où en est le recrutement des pilotes ? 

 

Le recrutement se poursuit. On regarde avec une vision la plus large possible. Nous sommes heureux de voir que notre programme intéresse beaucoup de gens. C’est le début d’une nouvelle histoire, d’une nouvelle aventure. Il faut équilibrer le risque car c’est une découverte, donc on va forcément essuyer les plâtres avec des moments de difficulté. C’est ce qu’on rappelle à tous les pilotes avec qui nous discutons. Nous avons de très beaux profils intéressés. Une équipe travaille dans l’ombre.

André Lotterer et Pipo Derani sont les deux premiers pilotes du programme Hypercar (photo : Genesis)

Daniel Juncadella fera partie de l’effectif en 2026 ?

 

Dani est dans une position assez singulière car il est associé à General Motors qui lui a permis de rentrer dans ce programme LMP2. On donne à Dani une opportunité qu’il n’a pas eu jusque-là de rouler dans un prototype. Il se peut qu’il soit avec nous à l’avenir mais ce n’est pas arrêté.

 

Venons-en à la voiture. Le moteur tourne ?

 

Le moteur tourne au banc. Nous démarrons les essais d’endurance et voir jusqu’où vont ces essais. Le planning prévu suit son cours et le démarrage s’est fait le jour prévu, à savoir le 28 février. Jusqu’à maintenant, il n’y a pas de surprise mais les surprises vont venir à un moment, ce qui est normal. Ce serait inquiétant s’il y avait déjà des surprises. Il faut voir dans les mois qui viennent. Nous avons choisi un V8, précisément parce que le V8 était une excellente occasion de ne pas avoir à redessiner un moteur complet à partir de zéro et de nous inspirer plutôt de notre moteur WRC qui est un 1.6 litres. 

Photo : Genesis

Le premier roulage sur la piste a été annoncé pour la fin août et là aussi, le planning reste de rigueur. Nous aurons quelque chose à montrer sous peu sur la livrée. On ne se voit pas de présenter la voiture autrement que de la faire rouler en essais en août.

 

Du côté des programmes, aucun changement à signaler ?

 

Deux autos en WEC en 2026 et deux en IMSA en 2027. Le plan reste conforme aux annonces. En IMSA, un partenaire équipe sera chargé de nous représenter. Un appel d’offres très méthodique est en cours et la décision sera prise peu avant l’été de sorte à donner le temps à ce partenaire de s’organiser et de monter en puissance.

 

Vendre des voitures à des clients sera le prochain sujet ?

 

Notre programme n’est pas construit sur la vente de voitures. Ce que j’espère, c’est que notre voiture sera suffisamment compétitive pour donner envie à des équipes. Avant toute chose, on se doit de faire nos preuves en montrant ce qu’est capable de faire la voiture. On a pu voir que Porsche a aussi pu progresser compte tenu du nombre de voitures en piste. Pour nous, ce n’est pas un sujet pour 2026 et 2027, mais je l’espère pour 2028. On rentre dans le cycle d’homologation et le plan est d’aller au bout du cycle d’homologation. Cela nous permet aussi d’amortir notre investissement. Ce qui compte, c’est que nous sommes là sur la durée.

 

On entend dans le paddock que Genesis pourrait aussi arriver en GT3. Qu’en est-il ?

 

Le GT3 fait partie des choses qu’on analyse mais cela ne fait pas encore partie des décisions. Pour cela, il faut déjà une voiture de route et il faudrait quasiment la penser avec la voiture de course. Aujourd’hui, ce n’est pas quelque chose que nous avons dans au catalogue Hyundai/Genesis. Commençons déjà par faire bien notre programme Hypercar.

Photo : Genesis

Avec la Nexo, Hyundai a un pied en hydrogène. La marque reste à l’écoute de ce qui va être mis en place en compétition ?

 

L’hydrogène colle à la marque. Je reviens justement de Seoul où a été présentée la Nexo 2 qui a un design assez ravageur avec une nouvelle génération de pile à combustible. D’une manière générale, le groupe croit à l’hydrogène pour les voitures particulières et les véhicules industriels. On croit à cette énergie mais à voir pour sa transposition en compétition.

Photo : Hyundai

Dernière question. A titre personnel, que représente Le Mans pour vous ?

 

Même quand j’étais en F1, j’allais au Mans chaque année aux essais. J’adore cette ambiance et je pense avoir peu manqué d’éditions durant les 15 dernières années. Je suis très heureux de participer à cette course si mythique de l’intérieur. La passion de cette course est toujours là et elle le sera encore plus à l’avenir.

Commentaires (1)

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dmeyers

11 avr. 2025 • 13:05

Je ne m'y étais jamais arrêté, mais la ressemblance du logo Genesis avec celui de Aston Martin, c'est impressionnant !