Chronique de rentrée : Vive le sport !
Une fois n’est pas coutume, cette chronique de rentrée ne va pas parler de sport auto mais de sport tout court même si l’Endurance n'est pas bien loin. Comme moi, je suis sûr que vous avez suivi de près les Jeux Olympiques Paris 2024. Trois bonnes semaines à bouffer du sport quotidiennement. Mon seul regret, ne pas avoir été de la fête sur place. Pas question de laisser passer les Jeux Paralympiques.
J’ai eu la chance, car c’est une chance, de voir un paquet de manifestations sportives autour du monde en dehors de courses automobiles. Ma seule expérience olympique reste les FIA Motorsport Games qui n’ont rien à voir car les athlètes des JO et Jeux Para s’entraînent quatre ans pour le jour J. Pour les Motorsport Games, nous sommes face à une course supplémentaire dans la saison où il n’y a pas d’entraînement spécial.
Revenons-en aux Jeux Paralympiques et comment ne pas avoir une pensée pour Alessandro Zanardi, quadruple médaillé olympique en vélo à main, qui aurait sans aucun doute eu toutes les faveurs des pronostics sans un accident en 2020. Dans un autre registre, comment ne pas se souvenir de ce qu’a fait Frédéric Sausset aux 24 Heures du Mans 2016. Dix ans plus tôt, personne n’aurait imaginé voir un quadri-amputé au départ de la plus grande course d’endurance au monde. Ce rêve totalement fou est devenu réalité et on peut encore remercier toutes les parties concernées d’avoir pu œuvrer dans ce projet dingue.
Paris 2024, c’est du sport mais aussi des lieux qui sont restés intacts pour les Paralympiques. Mon choix numéro 1 était le Para Cyclisme à St Quentin-en-Yvelines mais les places étaient toutes vendues. Direction Para Athlétisme au Stade de France, Para Natation à Paris La Défense Arena et Para Badminton à l’Arena Porte de La Chapelle. Je vais être honnête, je ne connais pas les athlètes, à l’exception d’Andrea Eskau dont le vélo à main est signé Toyota Gazoo Racing Europe. Qu’on soit bien d’accord, je vais aux Jeux Paralympiques pour voir du sport et des athlètes de haut niveau, pas pour voir tel ou tel handicap, et de prime abord pas spécialement pour supporter la France. Je ne suis pas spécialement nationaliste même si c’est toujours mieux quand la Marseillaise est chantée sur la plus haute marche de la boîte. Je vous dis ça mais les deux seules miniatures des FIA Motorsport Games en ma possession sont les Mercedes-AMG GT3 de la France. Je suis par ailleurs un très mauvais supporter de football car dans un stade, je dois être l’un des rares à applaudir les deux camps car je viens pour le sport, pas pour soutenir une équipe particulière.
Durant les Jeux Olympiques, tous les athlètes français étaient unanimes. L’ambiance dans les arènes a transcendé les sportifs. Ce n’est pas usurpé tant ça vous donne la chair de poule. Le bruit est assourdissant à chaque effort d’un tricolore. Il n’y a pas que pour les tricolores que le bruit était assourdissant. Voir Gabriel dos Santos Araujo, atteint de phocomélie, une malformation congénitale empêchant le développement complet des membres, nager le 100 mètres dos impose le respect. Cela vaut bien une breloque aussi jaune que les couleurs de son pays le Brésil.
Le para badminton est aussi une belle leçon de vie avec des athlètes atteints de différents handicaps. J’ai vibré pour Maud Lefort, pourtant éliminée dès les poules préliminaires. Derrière le terrain où elle se produisait se trouvait une armée de fans drapeaux tricolores agités et portraits de l’athlète en grand. A chaque point gagné de la jeune francilienne de 18 ans, des encouragements indescriptibles. De quoi transcender la sportive et malgré le premier set remporté 21-8, Maud Lefort s’est inclinée dans les deux suivants 6-21 et 19-21 face à l’Indienne Manisha Ramadass.
Je ne suis qu’un sportif du dimanche qui ne fait pas de compétition mais j’imagine la déception de perdre devant son public alors qu’on s’est préparé durement durant des années pour cela et que ces Jeux Paralympiques mettent tous ces athlètes en lumière. Voir Maud Lefort à quelques mètres de moi être obligée de quitter la zone mixte en larmes alors qu’elle était en pleine interview a de quoi faire pleurer. Cette immense déception se voit dans les regards de tous les athlètes éliminés. C’était le cas aux JO mais encore plus aux Paralympiques. Ils quittent les terrains avec le sourire, le sentiment d’avoir tout donné mais cela ne suffit pas à cacher la déception. J’espère qu’ils et elles trouveront tous et toutes le moyen de rebondir car ces Jeux sont un coup de projecteur énorme car tout le monde n’a pas l’aura médiatique d’un Léo Marchand, Armand Duplantis ou Teddy Riner. Tous ces entraîneurs des athlètes paralympiques en back office qui poussent leurs poulains ont aussi beaucoup de mérite. Quelle sera l'attention médiatique une fois les Jeux terminés ?
Pour en revenir à Maud Lefort, elle joue dans la catégorie SU5 pour les athlètes atteints d’une légère limitation de mouvement d’un bras, limitation considérable de mouvement du bras qui ne joue pas ou une absence d’une partie de membre. La joueuse a eu une chute à l’âge de 7 ans occasionnant le déplacement du coude.
Ces Jeux m’ont aussi permis de découvrir le Stade de France où je n’avais jamais mis les pieds. Là aussi, tu prends une grande claque dans la gueule et je ne parle pas de l’endroit qui reste malgré tout impressionnant. Le para athlétisme, c’est quelque chose. Il est difficile de connaître les différentes catégories en fonction des handicaps mais ce que j’en retiens, ce sont des frissons à chaque série. En Endurance automobile, on félicite rarement le dernier. Là, même l’athlète qui termine loin est acclamé comme s’il venait de gagner. Les Jeux procurent cette sensation que j’ai du mal à vous décrire dans ces lignes. Il faut la vivre en réel.
Si vous perdez, pas question de vous cacher derrière une Balance de Performance défavorable et vous aurez beau aller vous plaindre au législateur, cela ne servira à rien. Justement, les perdants ne se plaignent pas. Ils sont déçus mais ils ont donné tout ce qu’ils pouvaient, tout jusqu’au bout… Quand je lis après une course d'endurance que terminer entre la 5e et la 10e place est synonyme de bonne dynamique. Wow super ! Il y a toujours une excuse : la BoP (quand on peut en parler), le trafic, la stratégie, les limites de piste. Aux Jeux, on ne peut pas se cacher derrière autre chose qu’une contre-performance personnelle. Il y a tout de même quelques petites phrases à lire ici-et-là comme en cyclisme sur piste où la vitesse par équipe peut regretter sa 4e place.
Pour celles et ceux qui sont sur les podiums, il y a de la joie, des larmes et de la communion. En sport auto, on peut même faire la gueule sur un podium. On parle d’athlètes atteints d’un handicap mais il faut aller bien au-delà du handicap, qu’il soit visible ou non. Nous sommes face à des sportifs et des sportives de haut niveau qui ont un mental d’acier. Imaginez Ali Truwit, attaquée par un requin il y a un an et qui a dû être amputée d’une jambe. Elle n’était pas aux Jeux Olympiques mais elle est aux Jeux Paralympiques pour y disputer le 100 m et le 400 m nage libre ainsi que le 100 m dos. Il en faut de la résilience pour rebondir aussi vite. Moi, ma valeur étalon en sport auto se nomme Guillaume Moreau. Quand tu vois sa remise sur pied après un grave accident au Mans, tu te dis que ton petit bobo personnel c’est que dalle. Avec les Jeux Paralympiques c’est la même chose. Le sport permet de s’en sortir, de se reconstruire après un accident de la vie et même de se construire quand le handicap est de naissance.
Personnellement, je reste admiratif de ces champions et ces championnes pour leur envie d’aller de l’avant, de se faire mal. Toutes et tous ont une histoire personnelle bien particulière. Prenez Billy Monger qui a perdu ses deux jambes dans un accident en F4. Le Britannique s’apprête à disputer un Ironman à Hawai : 3,8 km de nage, 180 km de vélo, 42 km de course. Moi, je me contente de ma séance de Zwift quotidienne et je trouve déjà que je ramasse assez...
Commentaires (7)
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AMICALEMANS
3 sep. 2024 • 17:41
Dinoir
5 sep. 2024 • 9:46