GT4

PROsport Racing est en colère et le fait savoir

GT4 European Series
16 aoû. 2024 • 12:00
par
Laurent Mercier

Cela fait un petit moment qu’on ne vous avait plus parlé de Balance de Performance. Cette fois, c’est la catégorie GT4 qui est montrée du doigt par PROsport Racing qui aligne des Aston Martin Vantage GT4 en GT4 European Series. Chris Eisser, patron de l’équipe allemande, tire à boulets rouges sur la situation actuelle.

 

PROsport Racing aligne deux Aston Martin de la génération précédente sur la série européenne, toutes deux en Silver. Raphael Rennhofer et Hugo Sasse se partagent le volant d’une auto, la seconde étant pour Fabio Rauer et Hendrik Still.

 

Devant des programmes de plus en plus onéreux, des évolutions proposées par les constructeurs, des BoP changeantes et des contacts peu sanctionnés, Chris Eisser tire la sonnette d’alarme. Les déclarations dans le communiqué de presse sont cinglantes.

« Je ne veux pas infliger à nouveau à nos pilotes ou à mon équipe ce que nous avons vécu à Hockenheim en GT4 European Series, a déclaré Chris Eisser. Je suis moi-même parti dès le vendredi à l’issue des essais et j’étais sur le point de retirer les voitures. Sur un plan sportif, c’est une humiliation annoncée et sur le plan économique, c’est un grand dommage pour nous, car avec une telle BoP, nous n’avons plus de pilotes ni de clients satisfaits. »

 

Il reste deux meetings à disputer à Monza puis Jeddah pour la finale et la présence de PROsport Racing n’est pas assurée. « Si la BoP évolue dans une direction objectivement juste pour nous, nous prendrons le départ, mais dans la situation actuelle, cela ne représente pour nous qu’une perte d’argent et la destruction de notre nom en GT4, poursuit Eisser. On l’a vu récemment à Hockenheim, Hugo (Sasse) s’est hissé à la 7e place sur la grille de départ grâce à un très bon tour en qualification, mais il s’est fait dépasser par huit voitures dans la première moitié du premier tour car nous n’avons pas une vitesse de pointe suffisante dans les lignes droites et nous sommes tout simplement mangés par la concurrence. Avec un désavantage de vitesse de pointe allant jusqu’à 15 km/h, le meilleur pilote ne peut pas obtenir de résultat, justement parce qu’à Monza et Jeddah, la vitesse maximale est décisive. »

 

PROsport Racing fait toujours rouler le modèle précédent de la Vantage GT4, ce qui n’a pas empêché le team de Chris Eisser de remporter une course au Paul Ricard. « Notre problème est que le modèle économique de SRO et des constructeurs est basé sur la vente de nouvelles voitures et des évolutions, regrette-t-il. Les équipes doivent donc toujours prendre le départ avec le matériel le plus récent. Nous roulons avec le modèle précédent d’Aston Martin, qui est selon nous la meilleure voiture de course. Nous savons de source sûre que la BoP de l’ancienne Vantage a été modifiée à la demande d’Aston Martin Racing de manière à ce qu’elle soit derrière la nouvelle Vantage. Comme la nouvelle voiture se trouve jusqu’à présent plutôt en milieu de peloton, nous avons dû être freinés à tel point que nous n’avons pratiquement aucune chance. J’ai parfois l’impression qu’il y a une BoB, Balance of Business. »

Au fil des années, PROsport Racing a vu l’escalade des coûts sachant que la nouvelle Vantage GT4 est clairement plus qu’une simple évolution du modèle précédent. « Après plus de dix ans de course en GT4 et quatre championnats remportés avec trois modèles différents, je pense pouvoir porter un jugement sur le sujet, explique Eisser. Si l’on regarde l’évolution des prix des GT4 ces dernières années, cela n’a plus rien à voir avec une série d’entrée de gamme. Le prix d’une nouvelle GT4 a augmenté de 100% depuis 2016 et, comme si cela ne suffisait pas, on présente aux clients, dès la deuxième année, un joli package Evo pour un prix juteux. 

 

« Notre première GT4, une Porsche 911 Cup GT4 de la génération 997, coûtait à l’époque moins de 100 000 euros et on pouvait devenir champion avec cette auto, et aujourd’hui, il faut débourser 250 000 euros pour avoir une voiture avec quelques accessoires. Une saison ne coûtait pas 100 000 euros il y a 8 ou 10 ans, maintenant le triple ne suffit plus. Selon moi, la catégorie GT4 est actuellement une sacrée vache à lait et il est urgent de veiller à ce que la situation ne s’aggrave pas davantage. »

 

PROsport Racing souhaitait prendre part à l’ADAC GT4 Germany avant de faire machine arrière. « Nous avons annulé après avoir vu la BoP, souligne Eisser. Avec cette BoP, nous serions à la traîne sans aucune chance, comme à Hockenheim. Notre Aston Martin a certes la même BoP que l’année dernière, mais à quoi cela nous sert-il si la BMW et la Mercedes-AMG roulent avec une puissance moteur nettement supérieure et si la Porsche a moins de poids par rapport à l’année dernière. »

 

Si le programme GT4 de PROsport Racing connaît un sérieux coup d’arrêt, l’équipe allemande réfléchit à aligner sa Vantage GT3 en ADAC GT Masters. Pour cela, l’équipe allemande attend d’en savoir plus sur la BoP.

Commentaires (6)

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julien36

16 aoû. 2024 • 13:10

L'équipe tire à boulets rouge sur tous les acteurs 😵.
A se demander à quoi servent vraiment les EVO pour les constructeurs ? Planche à billets ou gains réels (BOPée de toutes façons)?

On revient toujours au même: les constructeurs sont toujours ceux qui cassent le jouet à terme, après de belles empoignades sur la piste pour le spectateur.

fasthib

16 aoû. 2024 • 14:46

Le problème me semble assez simple : pourquoi autoriser des EVOS sur une classe de voiture soumise à une BOP ? Une fois le modèle homologué, hop plus d'EVO, de toute façon la bop est là pour "équilibrer les chances".

Ah bah non, les constructeurs doivent vendre du carbone, puis une fois que le GT sera impayable ils ne vendrons plus rien du tout.

Nordschleife

16 aoû. 2024 • 15:12

Qui aurait pu prédire ?

Dom-San

16 aoû. 2024 • 16:10

@fasthib: Selon moi une EVO n'a pas que pour unique but d'améliorer la performance pure de la voiture mais par exemple aussi sont confort, ce que Toyota a beaucoup fait avec leur EVO de la Supra, sans parler de performance, les pilotes semblent bien plus satisfait de la voiture, il y a aussi le chassis, freins, etc... tous ces éléments n'étant pas régis par la BoP. Cependant, il faudrait peut-être mettre une limite aux constructeurs avec une interdiction de proposer une EVO de leur modèle de base genre les 3-4 premières années, voir les 5 premières années

ben76500

16 aoû. 2024 • 16:53

@dom-san pour le coup oui la supra avait un sérieux déficite de perfo. mais le problème se situe sur le nombre de kit evo, la gestion de la bop et des prix des constructeurs....