24H Spa

WRT aux 24 Heures de Spa, P****, dix ans sans victoire !

GT World Challenge Europe
Intercontinental GT Challenge
27 juin. 2024 • 11:20
par
Laurent Mercier, spadois
Sur ses terres, WRT veut faire oublier dix ans de disette aux 24 Heures de Spa. Entre Vincent Vosse, Pierre Dieudonné, Thierry Tassin et Kurt Mollekens, l'encadrement de l'équipe a tous les ingrédients pour connaître chaque recoin de la classique belge.
Photo : Brecht Decancq

Les Guignols de l’Info auraient dit : « P***** dix ans ! ». Dix ans que WRT n’a plus remporté les 24 Heures de Spa. L’équipe belge de Vincent Vosse et Yves Weerts compte deux succès dans les Ardennes belges en 2011 et 2014. Depuis, WRT a toujours eu des autos pour gagner mais la machine s’est toujours enrayée, la plupart du temps à cause de sorties de piste. 2024, l’année de la rédemption ?

 

En 10 ans, pas moins de 41 GT3 ont été engagées par WRT aux 24 Heures de Spa pour 79 pilotes différents. Pour cette édition du centenaire, trois BMW M4 GT3 sont au départ dans le camp WRT, dont deux qui reprennent des livrées historiques. Pour continuer sur les chiffres, le management de WRT compte 65 départs aux 24 Heures de Spa et huit victoires pour quatre personnes : Pierre Dieudonné, Thierry Tassin, Vincent Vosse, Kurt Mollekens. Sauf erreur de notre part, on compte 97 pilotes différents chez WRT aux 24H de Spa de 2010 à 2024.

 

« J'ai grandi à quelques kilomètres du circuit et j'avais l'habitude de me rendre à Spa-Francorchamps pour assister aux courses depuis mon enfance », se souvient Vincent Vosse. « C'est là qu'est née ma passion pour le sport automobile. Les 24 Heures ont toujours été une course particulière, avec le plus grand nombre de spectateurs. Pouvoir y participer était donc un rêve qui s'est concrétisé en 1995, et le gagner était le couronnement d'une ambition. Pourtant, je ne l'ai gagnée qu'à ma huitième tentative, en 2002, avec une Viper, et lors des sept participations précédentes, je n'ai terminé la course qu'une seule fois. Cela montre à quel point il peut être difficile de réussir dans une telle course. Par la suite, je suis monté trois fois sur le podium et j'ai décroché une pole position, manquant de peu une deuxième victoire en 2004, lorsque nous étions en tête au volant d'une Ferrari, mais que nous avons été ralentis par un problème technique. Ma dernière course a eu lieu en 2010, lorsque j'ai arrêté de courir pour me concentrer entièrement sur le projet Team WRT. Gagner à nouveau en 2011 et 2014, en tant qu'équipe, après avoir gagné la confiance d'une grande marque automobile, c'était magique. Depuis, nous nous sommes toujours battus aux avant-postes. Nous voulons gagner à nouveau ! »

Vincent Vosse aux 24H de Spa 2010, l'année de sa dernière participation (photo : DPPI)

Vincent Vosse sait mieux que quiconque que les 24 Heures de Spa restent une course à part, Balance de Performance ou pas. WRT a toujours été en mesure de s’imposer mais depuis une décennie, le meilleur résultat reste une deuxième place en 2021 à 3’’978s de la victoire après un envol depuis la dernière place.

 

Avec 17 départs, Pierre Dieudonné a lui aussi une longue relation avec les 24 Heures de Spa, mais le directeur sportif tient d’emblée à rectifier les choses : « Dans les livres et sur Internet, je suis listé comme un triple vainqueur, mais ce n'est pas vrai. La confusion vient du fait qu'en 1974-75, lorsque la BMW 3.0 CSi de Luigi Racing a gagné, j'étais officiellement inscrit, mais en tant que pilote de réserve, et je n'ai pas pris le volant des voitures gagnantes. J'ai gagné en 1981, avec la Mazda RX-7, en compagnie de Tom Walkinshaw. Une victoire mémorable à bien des égards : c'était la première victoire d'un constructeur japonais, qui plus est avec une voiture ne roulant pas dans la catégorie supérieure et équipée d'un moteur rotatif. C'était aussi la dernière victoire d'une équipe de deux pilotes et la première fois qu'une caméra embarquée était utilisée en direct par la télévision belge. J'ai eu la chance de vivre deux périodes très différentes des 24 heures, puisque j'ai couru à la fois sur l'ancien circuit routier et sur le nouveau circuit. L'ancien circuit de 14 km était très rapide et effrayant, surtout la nuit ou par mauvais temps, et les accidents graves étaient fréquents. La peur s'ajoutait au stress normal de la course. Éviter les erreurs et les problèmes avec la voiture était une nécessité, car le prix à payer était très élevé. Aujourd'hui, la course est complètement différente, elle est devenue une course de vitesse de 24 heures. Il faut toujours faire une course sans faute, mais les voitures d'aujourd'hui permettent de les conduire à la limite pendant toute la durée de la course. »

Photo : Mazda

Thierry Tassin, directeur sportif du programme Hypercar en WEC, compte 19 départs et quatre victoires, toutes conquises au volant de BMW : la 635 CSi en 1983 et 1986, la 318is en 1994 et la 320i en 1996. Il pilotera une 635 CSi lors des épreuves d'exhibition cette semaine et souligne un autre aspect essentiel des 24 Heures : « C'est la plus grande course de GT au monde aujourd'hui, mais elle a toujours été un événement énorme, avec une résonance formidable. À mon époque, c'était un événement qui attirait un grand nombre de spectateurs et qui était couvert par la presse et les médias belges comme aucune autre course automobile. Pour un pilote belge, gagner les 24 Heures pouvait être le tremplin d'une carrière professionnelle. C'est ce qui s'est passé dans mon cas, lorsque j'ai gagné pour la première fois en 1983. Je courais alors en monoplace à un haut niveau, en Formule 2, mais je vivais une période difficile et j'étais à peine connu au-delà des cercles du sport automobile. Gagner les 24 Heures a relancé ma carrière et m'a fait devenir du jour au lendemain un personnage public. Je dois dire que voir l'envahissement de la piste par le public depuis le podium est quelque chose qui m'a coupé le souffle et que je n'oublierai jamais. »

Photo : Facebook DH Moteurs

Kurt Mollekens, team manager de l’équipe, compte deux victoires en 14 départs. « J'ai gagné la dernière édition de l'ère des voitures de tourisme, en 2000 avec une Peugeot, et la dernière course avec des voitures GT1, en 2009 avec une Corvette, alors je demanderai à Stéphane Ratel de me prévenir lorsqu'il décidera d'abandonner les GT3 », sourit l’ancien pilote. « La course a énormément évolué, il est beaucoup plus difficile de la gagner aujourd'hui, car elle a atteint un degré de complexité qui exige non seulement un véritable travail d'équipe, mais aussi la perfection à chaque étape et dans chaque détail. Cela tient en grande partie au fait qu'il s'agit d'une course de 24 heures avec plus de 60 voitures de la même catégorie. Ici, il n'y a pas de classes de voitures différentes, les plus de 60 voitures ont toutes les mêmes performances, les mêmes niveaux d'accélération et de freinage. La course est donc extrêmement difficile, et les dépassements très difficiles, vous êtes tous sur le même rythme et à la limite pendant 24 heures. »

Photo : DPPI

Dries Vanthoor, Charles Weerts et Sheldon van der Linde se partageront à nouveau le volant d’une BM M4 GT3 cette année et le trio de la #32 aura à cœur de faire oublier l’accident de 2023 où deux BMW s’étaient accrochées de nuit suite à un full course yellow assez étrange. Sur la #46, Maxime Martin, qui compte 17 départs, retrouve Valentino Rossi après la 6e place de 2023. Augusto Farfus parti chez ROWE Racing, c’est Raffaele Marciello, lauréat en 2022, qui complète l’équipage. Ahmad Al Harthy, Sam De Haan, Jens Klingmann et Calan Williams roulent sur la #30 engagée en Bronze Cup.

Le saviez-vous ? WRT était au départ des 24 Heures de Spa 2010 avec trois Audi R8 LMS GT3. La mieux classée était celle de Stéphane Ortelli, François Verbist, Kurt Mollekens et Stéphane Lémeret au 13e rang.

Commentaires

Connectez-vous pour commenter l'article