Le Mans

La préparation de course avant tout pour BMW M Team WRT et Andreas Roos

24 Heures du Mans
13 juin. 2024 • 15:30
par
Pierre Tassel, au Mans
Dries Vanthoor a surpris son monde hier en signant le meilleur temps des qualifications des 24 Heures du Mans ... y compris l'encadrement de l'équipe BMW M Team WRT. Mais l'alliance germano-belge ne quitte pas des yeux son objectif premier.
© BMW Media

On demeure honnête et humble chez BMW M Team WRT. Nous parlons bien d'une marque déjà lauréate dans la Sarthe il y a 25 ans et d'une équipe qui a terrorisé les pelotons GT3 et LMP2 ces dernières années.

 

Mais le lancement du programme BMW M Hybrid V8 a fait repartir tant la firme munichoise que l'équipe de Vincent Vosse sur de nouvelles bases. Avec forcément une phase de découverte et d'apprivoisement mutuel. Après un début de campagne délicat au Qatar et une performance encourageante à Imola, le résultat de la qualification d'hier avait tout l'air d'un premier jalon d'importance, bien que complètement inattendu.

 

« Clairement, nous ne nous attendions pas à cela, nous a confié Andreas Roos, patron de BMW M Motorsport ce jeudi au Mans. Depuis dimanche, nous sommes concentrés sur notre propre programme, avec un focus sur les longs runs. L'aspect pure performance n'était pas au coeur de notre planning. Bien sûr nous avions réalisé une simulation de qualifications car il est important de donner au pilote l'opportunité d'expérimenter la voiture avec peu d'essence et les pneus neufs. Nous espérions avoir la chance d'être en Hyperpole.

 

Porsche, Ferrari et Toyota sont très forts, et rien que l'addition de ces forces fait qu'il était sur le papier compliqué de viser le top 8. Nous espérions avoir un tour clair sans trafic, et au final, ce qu'a fait Dries en piste, chapeau. C'était un tour fantastique. Il était dans le bon rythme. Il était même en amélioration avant le drapeau rouge. Il faut cependant nuancer et être réalistes : plusieurs voitures étaient en amélioration sur leur ultime tour. Je pense que le tour de Dries aurait quand même été suffisant pour se hisser en Hyperpole.

 

Peut-être pas P1. Tant que c'est le top 8. C'est aussi un vrai coup de boost pour l'équipe. Pour tous les efforts mis en oeuvre depuis le début du programme Hypercar et notre décision d'arriver en WEC avec WRT, c'est un bon résultat et une vraie récompense. Pour au moins une journée, nous avons la voiture la plus rapide en piste. »

 

D'autant plus que cette n°15 confiée à Dries Vanthoor, Marco Wittmann et Raffaele Marciello a connu un souci moteur dimanche à la Journée Test avec un bloc remplacé et expédié en vitesse à Munich pour analyse. Le tout en gérant les déplacements répétés de Wittmann, Sheldon van der Linde et René Rast à Zandvoort pour le DTM.

De la gestion des vibreurs

 

Une performance qui vient d'une exploitation de plus en plus maîtrisée par les ingénieurs BMW de la M Hybrid V8. Voiture engagée depuis plus d'une saison par Team RLL en IMSA, la GTP / LMDh allemande se dévoile petit à petit aux ingénieurs bavarois et belges, avec ses aspects positifs et négatifs.

 

Ainsi, la gestion de la puissance, notamment dans des conditions bosselées ou au passage des vibreurs demeurent un sujet toujours aussi d'importance pour ne pas dépasser la limite imposée par le règlement. « Le mieux vous gérer cela, le plus vite vous allez, confirme Ross. C’est du temps au tour. Le plus près vous pouvez être de la courbe de puissance, le mieux vous êtes. C’est un gros effort d’optimisation. Le passage des vibreurs, les bosses … cela nécessite un réglage différent. C’est plus simple sur une piste lisse qu’un circuit comme ici qui emprunte une route normale. Quand vous roulez à 300 km/h en ligne droite, vous n’avez plus ces pics de puissance. Dans des sections plus tortueuses, le souci apparaît, notamment avec les vibreurs. Je n’irai pas dans les détails de comment nous gérons cela, et à quel point nous pouvons prendre les vibreurs car c’est relatif à la performance. Pour gérer cela, cela touche aux amortisseurs, au contrôle de traction, à la trajectoire du pilote, comment vous appliquez la puissance … C’est une optimisation très complexe. »

 

En parlant de performance, Andreas Roos avoue que l'introduction du Power Gain au-delà de 250 km/h amène un nouvel outil intéressant dans l'optique d'équilibrer les performances, plus particulièrement ici sur le plan de la vitesse maximale, élément majeur au Mans.

 

« Quand vous essayer d’équilibrer les voitures, vous utilisez principalement la puissance et la masse, précise le responsable. A un moment, vous êtes limités sur la façon dont vous réalisez le temps au tour et atteignez la vitesse de pointe. Parfois, sur un temps au tour vous avez de vraies différences de vitesse de pointe. Et vous pouvez ainsi ajuster la vitesse de pointe avec cet outil, et réduire les différences entre les autos. Je pense que c’est un très bon outil. C’est certain qu’aucune soufflerie ne peut atteindre 340 km/h. Il y a cette limitation. Pour moi, c’est un plus un sujet BoP pour équilibrer les performances. Cela offre un autre outil. Sinon, vous pouvez ouvrir d’autres problèmes. Pour générer un temps au tour, vous pouvez offrir plus de puissance à quelqu’un, et il sera automatiquement plus rapide en ligne droite. Donc vous pouvez ensuite réduire cette vitesse au-delà de 250 km/h, et atteindre aussi ce temps au tour. C’est à l’ACO et la FIA de décider ce qu’ils font. Il faut être dans la fenêtre de la puissance d’homologation. Il n’y a pas un besoin énorme en termes d’ajustement. »

Tout pour la pole ?

 

BMW M Team aborde la fin de cette journée du jeudi avec en tête la session Hyperpole pour la n°15. Avec tout mis en oeuvre pour signer la pole ?

 

« Pour moi, être en Hyperpole coche déjà une case, poursuit Roos. P1 ou P8 ...Bien sûr être en pole permet de célébrer quelque chose en plus. C'est la course qui compte et dimanche à 16h, nous verrons qui sera devant. Notre objectif aujourd'hui sera encore de préparer la course. Nous avons été en difficulté au Qatar, mais c'était notre retour à ce niveau et la première fois avec Team WRT.

 

Des progrès nets ont été vus à Spa, et à Imola il y a eu trop d'erreurs, avec des pénalités. C'est aussi l'un des sujets majeurs ici au Mans. Il faut avoir une bonne voiture, une bonne équipe, de bons pilotes, mais c'est très important d'être parfaits en exécution. Il faudra survivre à la nuit. Nous savons que la course peut être brutale. »

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