Vincent Vosse (Team WRT) : « Difficile de faire des pronostics »

Team WRT est aux 24 Heures du Mans pour la quatrième fois, la première dans deux catégories (Hypercar, LMGT3). L’écurie belge de Yves Weerts et Vincent Vosse aligne deux BMW M Hybrid V8 et deux M4 GT3. Les deux modèles vont découvrir le tracé sarthois ce dimanche à l’occasion de la Journée Test.

En une décennie, WRT s’est vite fait un nom dans le monde de l’Endurance. Sur les 186 pilotes en piste, 41 ont déjà porté au moins une fois les couleurs WRT même si cinq des pilotes de l’effectif WRT débutent au Mans  (Leung, Marciello, Rossi, van der Linde et Wittmann). Vincent Vosse, l’emblématique patron de WRT, sait que la tâche ne sera pas facile au Mans même si tout a été minutieusement préparé avant d’arriver en Sarthe.

Avant de parler du Mans, revenons sur les 6 Heures de Spa. Du bon et du moins bon ?

Spa était un très bel événement et j’ai rarement vu cela. L’ambiance était folle et le public est venu nombreux. Quant à la reprise de la course, il y a des pour et des contre. Si le règlement le permet, comme ce fut le cas, tu n’annules pas deux heures de course. Il y avait tellement de monde qu’il aurait été dommage de s’arrêter là. Pour WRT, Spa est un week-end à oublier car nous n’avions pas la compétitivité en Hypercar et nos deux BMW M4 GT3 ont été prises bien malgré elles dans des accidents. En quittant Spa, il était difficile de trouver du positif. Tout ce que tu ne veux pas qui arrive te tombe sur la tête. On va retenir que c’était un bel événement (rires). Nous arrivons au Mans avec une motivation décuplée.

WRT connaît Le Mans mais cette fois il s’agit de concourir dans la catégorie reine. La motivation est décuplée mais le stress aussi ?

C’est notre première saison en Hypercar même si nous étions déjà de la partie en WEC en LMP2. Il y a eu toute cette campagne d’essais à boucler avant le début de saison. Dans la foulée des 6 Heures de Spa, nous avons roulé au Paul Ricard durant deux jours. Dans le même temps, il a fallu préparer les 24 Heures du Mans et les 24 Heures de Spa qui vont arriver deux semaines plus tard. Le timing est serré et de toute façon, le timing est toujours trop serré. On veut toujours avoir plus de temps pour approfondir sa préparation. En Hypercar, il est difficile de dire quelles peuvent être nos ambitions. Nous avons connu un début de saison mouvementé et prometteur à la fois, et nous sommes toujours en phase de progression. Il est difficile de faire des pronostics tant que nous ne sommes pas en piste au Mans. C'est à ce moment-là que nous saurons où nous en sommes, nous et les autres, en termes de performances. Nous ferons de notre mieux, sans nous mettre plus de pression que celle qui découle de la défense des couleurs d'une grande marque, qui a une mentalité de vainqueur et qui a connu le succès ici il y a 25 ans.

Vous remarquez tout de même une belle progression ?

L’équipe a fait un pas en avant à Spa-Francorchamps en Hypercar qui ne s’est pas forcément traduit sur le plan du résultat final. J’ai en tête que pour les prototypes répondant à la réglementation technique LMDh, ce sera serré. Dans un premier temps, on doit égaliser la performance des Cadillac puisque c’est un peu la valeur étalon car ils roulent avec une base identique à la nôtre. Après cela, il faudra se rapprocher le plus possible des Porsche. Le reste viendra naturellement. Pour le moment, c’est conforme à nos attentes. Si nous étions déjà dans le top 5, ce ne serait pas vraiment normal. L’expérience ne s’achète pas.

WRT vient au Mans en outsider ?

Le statut n’a pas d’importance. Le moment où tu te dis que tu n’as pas le moindre regret à avoir sur ta course, que tout a été propre, alors la grosse partie du travail aura été faite. Je ne me pose pas la question de savoir si c’est mieux de venir la deuxième année en Hypercar ou pas car les choses sont ce qu’elles sont. On ne peut pas faire différemment. Il y avait des avantages à être là en 2023 et des avantages à arriver maintenant.

Des pilotes soulignent que le partage de la piste entre Hypercar et LMGT3 n’est pas simple. Quel est votre avis sur le sujet ?

Tu peux te dire qu’il y a assez de prototypes pour faire un championnat WEC avec LMP3, LMP2 et Hypercar. Le Mans sans GT, ce n’est pas Le Mans, comme le WEC sans GT, ce n’est pas le WEC. La piste doit être partagée, ce n’est pas un débat. Aujourd’hui, il y a trop de différence de vitesse entre les voitures. Il faudrait que les GT soit un peu plus rapides en ligne droite. Selon moi, ne pas partager la piste n’est pas une option.

Et de là revoir du Pro et du Pro-Am en LMGT3 ?

J’avais proposé deux LMGT3 par constructeur avec une en Pro, l’autre en Pro-Am, un peu à l’image de l’IMSA. Je pense que ce serait un bon compromis même si les règles actuelles me vont. On vit la plus belle période de l’Endurance. Tu le vois sur les courses. Dans le passé, il y avait du monde au Mans, mais pas sur les autres courses. Là, tu vois le monde et le spectacle au rendez-vous, alors, bravo ! Il faut trouver un moyen d’éviter l’escalade des coûts en LMGT3. On fait rouler des Bronze et des Silver, alors ce n’est pas aux constructeurs de payer l’addition. Il y a clairement une envolée des coûts. On s’en doutait mais il faut se poser les bonnes questions. Nous sommes au plus haut du plus haut.

Les 24 Heures de Spa vont vite arriver. Là aussi, il y a une envie de revanche…

Certains de nos pilotes enchaînent trois courses de 24 heures dans le mois de juin. Spa s’annonce aussi grandiose. Ces dernières années, nous n’avons pas eu la réussite escomptée. Nous n’avons pas de problème avec Spa mais Spa semble avoir un problème avec nous. Au début, nous avons connu la réussite en très peu de temps.