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Erwan Bastard (D’station Racing) : « L'alchimie est bonne »

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27 avr. 2024 • 16:00
par
Pierre Tassel
© MPS Agency

La phase de découverte est en quelque sorte passée. Nouveau venu en WEC cette année après avoir brillé en GT4, Erwan Bastard avait débuté de la meilleure des manières sa campagne mondiale sous la forme d'un podium au Qatar avec la nouvelle Aston Martin Vantage GT3, alignée sous la bannière D'station Racing et partagée avec Clément Mateu et Marco Sorensen.

 

Le week-end dernier à Imola, l'équipage de la n°777 n'a pu répéter sa prestation avec des conditions plus piégeuses en Italie, avec seulement le point de la dixième place dans la catégorie LMGT3. Toujours dans le top 5 du championnat après deux épreuves avec ses équipiers, Erwan Bastard jette un premier regard sur son début de saison dans le grand bain du WEC.

Le résultat final à Imola est-il décevant au regard de l'entame de Losail ?

 

Après la performance du Qatar, nous nous attendions un peu à ce que soit un peu plus dur, notamment avec le Success Ballast. Nous sommes arrivés sur un circuit qui est peut-être un peu plus compliqué à appréhender que Losail. Il n'y a pas le droit à l'erreur, et c'était un peu plus dur de pousser la voiture à la limite. De plus, nous faisions partie des équipes qui n'avaient pas testé à Imola en amont de l'épreuve, donc cela ne faisait pas beaucoup de temps de roulage pour se mettre dans le rythme.

 

Comment expliquez-vous cette relative contre-performance ?

 

En termes de voiture, je pense que l'Aston Martin était dans le match, on l'a vu avec le meilleur chrono en EL3. The Heart of Racing était aussi présent tout le week-end et je termine avec la meilleure moyenne des pilotes Silver en course. Peut-être que nous avons commis de petites imprécisions, alors qu'au Qatar, je pense que nous avions réalisé la course parfaite. Certaines choses sont améliorables.

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Quel a été votre choix sur le plan stratégique face à l'arrivée de la pluie ?

 

Lors de l'entrée en action de la voiture de sécurité et l'arrivée des premières gouttes, j'étais dans la voiture et il n'y avait que le secteur 3 vraiment mouillé. J'ai eu un peu de mal à donner des infos à l'équipe, avec deux secteurs secs et le dernier détrempé. Ce n'est pas évident car la pluie bougeait assez vite. La sécurité voulait que l'on passe les pluie. Marco a ensuite fini en slicks. Ce sont des conditions que nous ne connaissions pas en plus, car nous n'avons pas roulé en essais avant le Prologue. Pour ma part, j'avais roulé à Snetterton sous la pluie, mais nous n'avions pas vraiment de retours dans ces conditions en tant qu'équipe.

 

Le trafic était une vraie question sur la piste italienne. Comment avez-vous géré ce paramètre ?

 

Au Qatar, c'est venu assez vite, avec de grands dégagements. A Imola, parfois les Hypercars se jetaient ! Quand on est pas habitué, cela peut impressionner. En course, quand cela fait deux jours qu'on les voit dans les rétros, cela devient un automatisme.

 

Vous avez désormais deux courses avec l'Aston Martin Vantage GT3. Commencez-vous à comprendre cette nouvelle voiture ?

 

C'est venu assez vite avec l'Aston Martin. Je pense que c'est clairement du fait qu'en GT4, j'avais piloté la Toyota GR Supra et la Ginetta qui étaient des voitures à moteur avant. Les automatismes sont revenus assez vite, même si cela n'a rien à voir avec l'Audi R8 LMS. Dès les sessions en Ultimate j'avais pris le coup, et désormais je peux attaquer un peu plus. La limite vient des circuits que je connais pas en GT3. Je me sens bien dans la voiture, qui est plus simple à piloter que l'Audi, et aussi plus sécurisante. Sous la pluie, l'Aston Martin est vraiment bonne. A Imola, même si nous nous arrêtons très vite pour passer les pluie, les deux tours que j'ai faits en slicks, c'était performant.

Justement, les pneus. Vous venez des séries GT4 European Series / FFSA GT et GT World Challenge Europe fournies par Pirelli. Comment jugez-vous le produit développé par Goodyear ?

 

Je suis surpris dans le bon sens. Il faut faire attention en pneus froids en début de relais pour ne pas faire de plat ou prendre de vibreurs, car ce sont des gommes qui ont une grosse mémoire. Mais une fois en température en les ayant préservés, il y a une dégradation très linéaire et plutôt faible. On peut tirer dessus assez longtemps. Et ils sont assez en phase avec la consommation en carburant et la voiture qui s'allège. Les chronos confirment cela avec un delta entre pneu neuf et pneu usé qui va entre cinq dixièmes et une seconde. Nous doublons voire triplons les relais.

 

Vous avez trouvé assez vite vos marques avec Clément Mateu et Marco Sorensen ...

 

L'alchimie est bonne. Avant le Qatar, nous avions fait un camp d'entraînement pour se rencontrer. Nous avons aussi le même coach avec Clément Mateu, en la personne de Valentin Hasse-Clot. Tous les trois, nous avons pris ce temps pour se découvrir, histoire de ne pas arriver sur la première course et devoir tout apprendre. Le fait d'être Français avec Clément aide aussi et il sait que nous pouvons échanger très facilement. Idem avec Valentin. L'entente est très bonne avec Clément, et aussi avec Marco, même s'il est un peu plus réservé. En termes de setup, nous avons trouvé ce qui nous convient dès le début. Depuis, nous ne touchons plus trop aux réglages, car nous sommes satisfaits et que cela fonctionne. On le voit aux performances de Clément et Marco. D'station et Prodrive font un très bon travail sur le plan ingénierie. Ils savent déjà où ils veulent aller en arrivant sur un meeting, et tout s'enchaîne très rapidement. En performance et en termes d'ambiance entre nous, nous sommes là. Il faut juste peaufiner les petits détails qui font la différence.

Vous évoquiez le manque de connaissance d'Imola. Vous arriverez à Spa sur une piste que vous connaissez par coeur ...

 

Comme toujours, il y aura beaucoup de facteurs qui entreront en jeu. Nous n'aurons pas le Success Ballast. Mais est-ce que 20 kg, ce n'est aussi pas dans la tête ? Je pense que nous sommes dans le coup, avec une voiture bien née et qui est capable d'être performante partout. Sans faire d'erreurs, je pense que nous pouvons être régulièrement comme au Qatar. C'est sûr que l'équipage de la Porsche - Manthey Pure Rxcing est un peu au-dessus, notamment avec Alex Malykhin. Mais c'est le jeu du WEC avec des super équipages partout, et avec le pilote Bronze qui a un vrai impact.

 

Je crois que vous avez réalisé votre passage obligatoire dans le simulateur AOTech. Comment s'est déroulée cette première approche des 24 Heures ?

 

La première idée est que cela montre la grandeur de l'événement. On sent que c'est la course majeure dans le championnat. Les procédures sont classiques pour la plupart, avec des spécificités comme retenir les slow zones. La piste n'est pas la plus technique, hormis dans la dernière partie. Mais cela fera clairement de belles bagarres. Je ne réalise toujours pas que je vais y aller. Le test en simu c'est bien passé, avec des personnes très sympathiques et qui sont vraiment à nos côtés pour expliquer les procédures.

 

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