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WEC-Spa vs Formule E-Berlin, l'impossible accord

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29 mar. 2024 • 17:00
par
Thibaut Villemant
Ça y est, c'est dorénavant sûr et certain, les pilotes donnant la priorité à leur programme WEC ne pourront disputer aucune des deux courses de l'ePrix de Berlin. Le sport a perdu, et c'est fort regrettable...
© FIA WEC / FIA Formula E

Souvenez-vous : en 2017, la manche allemande du WEC et l'étape américaine de la Formule E sont organisées le même week-end, les 15 et 16 juillet. Sébastien Buemi, alors deuxième du WEC et leader provisoire de la Formule E, est privé de déplacement à New-York et voit ses chances de conserver sa couronne plus qu'anéanties. Quelques semaines plus tard, celle-ci échouera sur la tête de son grand rival Lucas di Grassi.

 

Loin de nous l'idée de dire que le Brésilien n'a pas mérité son titre, et ses impressionnantes statistiques dans la discipline sont là pour démontrer le contraire. Mais sur le plan sportif, il aura tout de même disputé deux courses de plus que son adversaire suisse qui, mis sous pression alors qu'il avait une avance de 32 points début juillet, passera à côté de sa finale, à Montréal (Canada).

 

Le scénario sera-t-il le même cette année ? Le champion sera-t-il réellement le meilleur sur la saison ou bien aura-t-il bénéficié de l'absence de l'un de ses adversaires à Berlin ? Car oui, malheureusement, pour la deuxième fois en dix ans, le cas de figure se présente à nouveau, et l'épreuve des 6 Heures de Spa (11 mai) se déroulera le même week-end que l'ePrix de Berlin, qui propose de surcroît deux courses. Qu'elle semble loin la commission calendrier mise en place par l'ex-Président de la FIA Jean Todt, qui avait pour but d'éviter ce genre de situations.

 

Longtemps, nous avons cru qu'une solution serait trouvée. Comme ce fut le cas l'an passé, quand le WEC avait avancé d'une semaine son rendez-vous ardennais. Nous espérions que le championnat du monde de monoplaces électriques fassent le nécessaire, d'autant qu'il s'agit de l'une des manches les plus faciles à décaler puisque non organisée en centre-ville mais dans l'aéroport désaffecté de Tempelhof. Un sujet que nous avions largement évoqué ICI. Las, il n'en sera rien, la Formule E avançant des contraintes logistiques liées à la tenue de l'ePrix de Shanghai, deux semaines plus tard.

En 2024, Jean-Eric Vergne et Stoffel Vandoorne disputent WEC avec Peugeot... - © Peugeot Sport

Un compromis évoqué... puis refusé

Les équipes de Formule E concernées ont alors tenté de trouver la solution la moins dommageable. Et l'édition 2024 des 6 Heures de Spa-Francorchamps WEC se tenant le samedi, certaines ont demandé à ce que possibilité soit donnée à leurs titulaires de rejoindre la capitale allemande le samedi soir, pour participer au moins à l'ePrix dominical.

 

Reste que la FIA a confirmé dans un bulletin que l'E-Prix de Berlin étant une compétition composée de deux courses [...], un changement de pilote après la fin des vérifications administratives n'est pas autorisé [...]. Il est donc nécessaire d'accorder à ces pilotes une autorisation spéciale et l'accord unanime des concurrents est nécessaire.

 

En marge de l'ePrix de São Paulo, un vote électronique a été mis en place et il a été demandé aux différents team principal de faire savoir si, oui ou non, ils étaient favorables à l'idée de voir les pilotes retenus en WEC disputer le deuxième volet de l'ePrix de Berlin. Las, chacun y voyant son propre intérêt et non celui de la série et encore moins (sans surprise) celui de ses adversaires, les constructeurs non touchés s'y seraient opposés, à l'instar – sans que cela n'ait été confirmé – de Andretti, McLaren, Nissan ou Porsche. Pour l'esprit sportif, on repassera... mais peut-on réellement les blâmer ?

 

De quoi mettre Envision Racing dans l'embarras puisque ni Sébastien Buemi ni Robin Frijns ne seront à Berlin, retenus respectivement par leurs engagements avec Toyota et BMW en Championnat du monde d'Endurance. Abt Cupra devra se passer de Nico Müller et Mahindra Racing de Nyck de Vries.

... et Formule E avec DS - © DS Automobiles

« J'aurais bien aimé aimé pouvoir courir le dimanche à Berlin, c'est une évidence, nous a confié Nico Müller, qui sera à Spa avec Peugeot Sport. Même en y allant que le dimanche, la situation n'était pas optimale puisque nous n'aurions eu qu'une séance d'essai avant les qualifications quand les autres se seraient appuyés sur une journée de compétition. Mais nous aurions aimé tout de même avoir le choix. Ça aurait été sympa... Mais bon, il y a un règlement et des équipes qui n'ont pas voulu de ce compromis. Disputer parallèlement Formule E et WEC est un super privilège et ça nous apporte beaucoup. J'espère donc que ce conflit de dates n'effraiera pas les écuries dans le futur... »

Quelles conséquences à l'avenir ?

Ce que craint que Nico Müller, c'est que les écuries de Formule E n'autorisent plus à leurs pilotes de disputer ce double programme. Reste que le WEC a le vent en poupe quand la Formule E semble perdre en notoriété et peiner à se renouveler. Et même si les contrats sont plus juteux, gageons que la grande majorité d'entre eux donnera sa préférence à l'Endurance. Or, depuis toujours, l'un des principaux points forts de la Formule E est bel et bien de s'appuyer sur un plateau de pilotes excessivement prestigieux. Attention donc à ne pas les laisser filer.

 

En WEC, ce conflit de dates ne changera rien ou presque au classement final, et seuls les absents pâtiront de la situation. Même si ce n'est pas l'idéal pour répéter ses gammes avant les 24 Heures du Mans, Jota (n°12) et Peugeot Sport feront ainsi confiance à des duos quand Lamborghini pourrait profiter de l'absence d'Edoardo Mortara pour donner du temps de roulage à Matteo Cairoli ou Andrea Caldarelli, qui n'auront effectué qu'une sortie en course au volant de la SC63 avant la classique mancelle, à l'occasion des 12 Heures de Sebring.

 

En face, en revanche, la Formule E n'a plus qu'à croiser les doigts pour que de l'absence à Berlin de Sébastien Buemi et de Robin Frijns n’aboutisse pas, en fin de saison, au sacre d'un champion par défaut... Une situation quoiqu'il arrive fort dommageable et qui laissera des traces.

Qui privilégiera quoi ?

Au final, ce ne sont pas les pilotes qui ont décidé mais bien leurs contrats. Et tous ceux étant liés – en Endurance – à un grand constructeur, n'auront pas d'autre choix de se rendre à Spa-Francorchamps. Exception faite de Edoardo Mortara, mais aussi de Stoffel Vandoorne et Jean-Eric Vergne, Stellantis Motorsport ayant bien plus à perde en se passant des services de ses deux pilotes à Berlin.

 

Pour rappel, même si nous l'avions déjà publié en novembre dernier, voici le tableau récapitulatif des pilotes touchés et du programme qui a leur "priorité". 

Commentaires (7)

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Alexandre.G

29 mar. 2024 • 17:25

La formule E est un petit championnat insignifiant pour la plupart des fans de sport auto. La fia devrait obliger la FE à s’adapter.
Beaucoup ont blâmé Porsche pour avoir empêché Da Costa de faire Fe/WEC mais il faut constater qu’il on raison de l’avoir fait

TiPi_MiouMiou

29 mar. 2024 • 17:27

Qui chapotte les 2 championnats ?
Ah, la FIA..

marcel.72

29 mar. 2024 • 18:13

Ce qui est sûr c'est que certains vont arriver sacrément mieux préparés que d'autres au Mans 2024 quand on voit par exemple Porsche et sa présence sur 2 championnats, ses écuries clientes, les pilotes empêchés de s'absenter, les essais à la pelle et Peugeot dont la nouvelle voiture déjà non testée en course au Qatar, ne le sera également pas à Spa 2 de leurs pilotes.. dommage

Cabrelbeuk

30 mar. 2024 • 4:28

Ca aurait été une belle occaz de faire courir les pilotes de réserve...

Dedepote

30 mar. 2024 • 10:11

La F1 qui squatte 24 week-end à elle seule et si on enlève les 2 de fin d'année il ne reste plus beaucoup de places pour les autres championnats FIA qui doivent se partager les 16 restants... il est peut-être là le problème ?