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WEC / Qatar - Valentino Rossi (Team WRT) : « Je dois comprendre encore pas mal de choses »

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29 fév. 2024 • 11:00
par
Thibaut Villemant, à Losail (Qatar)
Après deux saisons réussies en GT World Challenge Europe pour ses débuts en compétition automobile, Valentino Rossi s'attaque au défi du WEC, toujours avec Team WRT. L'Italien débute ce week-end au Qatar, sur une piste qu'il connait bien.
© DPPI

Vous débutez en WEC ce week-end. Quel sentiment prédomine ?

Je suis très enthousiaste, car c’est quelque chose d'inédit. Le WEC constitue un vrai pas en avant après mes deux premières années en GT World Challenge Europe. Tout est différent ici et je suis curieux de voir comment se déroulent les week-ends ainsi que la course. Ce sont des épreuves différentes, plus longues avec des Hypercar à gérer... Mais je suis fier d’être ici avec BMW et j’espère être compétitif.

 

 

Vous connaissez bien Losail de par votre expérience en MotoGP. Est-ce vraiment plus une piste dessinée pour les deux roues que pour les quatre roues ?

Pas particulièrement. C’est aussi bien pour les autos. Je suis venu ici en 2003, il y a plus de 20 ans et, le premier jour, ils avaient posé le premier mètre d’asphalte. Il n’y avait pas de piste. C’est bien de voir les nouvelles installations. J’aime ce tracé. Avec une GT, les trajectoires sont différentes mais je connais le circuit, et c’est une bonne chose de débuter ici.

 

Cette expérience du MotoGP vous aide-t-elle justement avec les pneus, ou même la voiture ?

Avec les pneus c’est assez similaire. Quand vous pilotez, le feeling est proche, et la façon dont vous parlez avec les ingénieurs est la même. De ce point de vue, c’est assez similaire. Mais les courses sont évidemment très différentes. C’est le point majeur, car le MotoGP, ce sont des courses de 40 minutes, à fond. Ici, avec les courses longues, vous devez préserver les gommes, il y a de la stratégie et il faut travailler aussi dans les stands avec les changements de pilotes. Sincèrement, j’apprécie beaucoup.

 

Quel est votre ressenti avec les pneus Goodyear que vous découvrez, comme beaucoup de pilotes ?

C’est dommage de ne pas courir avec les pneus Michelin car j’ai piloté avec durant plusieurs années. Mais les Goodyear sont bons. En venant de Pirelli (manufacturier des séries SRO. Ndlr), c’est forcément différent, spécialement à l’avant, avec un grip différent. Donc il faut travailler sur la balance de l’auto. Ce sera étrange de changer de pneus d’un championnat à l’autre, mais ce sera une expérience.

 

Que devez-vous améliorer selon vous dans votre pilotage ?

Il s'agit de ma troisième saison. C’est difficile, car le niveau en GT est élevé, avec de très bons pilotes qui peuvent pousser les autos dans leurs retranchements. Au début, j’ai lutté, mais je me suis amélioré, avec de gros progrès entre la première et la deuxième saison. J’ai beaucoup travaillé entre la deuxième année et la troisième, car si je suis assez rapide, il me manque toujours quelque chose par rapport aux pilotes de pointe.

 

L’objectif est d’arriver à leur niveau. Ce sera difficile, mais je ne suis pas loin. Je dois comprendre encore pas mal de choses, notamment sur la façon d'utiliser les pneus sur un tour quand les gommes sont neuves. Les autres savent conserver un rythme soutenu sans faire d’erreurs. Ici, les limites de la piste seront un problème, car il faut être attentif en permanence car une petite erreur est un avertissement.

© DPPI

Comment abordez-vous la gestion du trafic avec les Hypercar ?

Il faut gérer cela prudemment tout en ne perdant pas trop de temps. En moto, je n’ai pas connu cela, avec des concurrents bien plus lents. Il faut souvent regarder derrière désormais. Les Hypercar sont 10 secondes plus vite, et cette année, leur nombre a largement augmenté. Donc au moins une fois par tour, deux Hypercar vont vous doubler. Il faut cerner les différents endroits opportuns pour les laisser passer. Les pilotes Hypercar sont tous des professionnels, et savent gérer cela. Parfois, avec la différence de vitesse, c’est dangereux.

 

Ressentez-vous de la pression à l'idée de participer aux 24 Heures du Mans ?

Les 24 Heures du Mans sont l’objectif premier depuis le début. Dès que j’ai commencé à parler avec Vincent Vosse, nous voulions aller au Mans. Je voulais vraiment y courir L’année dernière, grâce à Road to Le Mans, j’ai découvert la piste, et j’ai adoré. Vous êtes souvent à fond. Mais la course n'était que d'une heure. Là ça durera 24 heures, avec la nuit, les Hypercars… Je pense que ce sera excitant.

 

La pression ? Pas pour le moment, mais en se rapprochant de la course oui, forcément, car c’est un événement de grande envergure. L’année dernière, c’était une découverte et j’ai été impressionné par le paddock, les gens, la façon de travailler derrière les box. C’est génial. Oui, la pression montera avant la course.

 

Vous verra-t-on en Hypercar un jour ?

Pourquoi pas. Mais ce n’est pas mon objectif. Je ne sais pas si je serai assez rapide pour piloter l’Hypercar car il n’y a que des pilotes Pro. Je veux l’essayer c’est sûr. Je pousse beaucoup BMW et Andreas Roos (patron de BMW M Motorsport. Ndlr) m’a promis que je pourrai l’essayer à la fin de la saison. L’an dernier j’ai testé une LMP2, pour comprendre ce qu'est un prototype. De mon point de vue, l’Hypercar est similaire à la moto comparé au GT. Les trajectoires sont assez proches et le grip est important. Nous verrons, mais si je continue en GT, je serai content.

 

Jusqu’à quand vous voyez-vous courir ?

Le problème est que si je suis assez vieux, je suis encore en forme. Je vais essayer pour dix ans ! Cela va dépendre aussi de ma pointe de vitesse.

 

Le fait d’être père a-t-il changé quelque chose pour vous ?

La plupart des pilotes motos appréhendent peut-être un peu. Enzo Ferrari disait qu’un enfant vous faisait perdre une seconde de plus au tour. Mais je ne pense pas à ma fille quand je pilote. En voiture, c’est plus sécurisant qu’en moto, mais je suis toujours relax.

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