Super GT

Le Super GT vu au travers des jantes Work Wheels

Super GT
7 jan. 2024 • 9:00
par
Pierre-Laurent Ribault
On parle souvent de la guerre des pneus en sport auto, mais pour une fois changeons un peu d’angle et parlons de jantes ! Le marché japonais de seconde monte est l’objet d’une féroce concurrence dans le domaine entre des marques locales mondialement reconnues, Enkei, Rays, Work, Weds, BBS entre autres, souvent issues de la compétition, et que l’on retrouve sur les voitures en Super GT. 

Nous avons eu l’opportunité lors de nous entretenir avec le responsable de la compétition pour Work Wheels, Takahiro Umeuchi, rencontré à Fuji, pour en savoir un peu plus sur cet aspect peu couvert de la course auto. 

 

Tout d'abord, parlez de l'histoire de WORK Wheels en Super GT 

WORK a débuté en 1977 et créé une équipe de course en 1983. À l'époque, nous fabriquions des roues pour nos propres voitures en F2 et F3. A un moment donné WORK s’est retiré en propre mais nous avons alors fourni des roues à d’autres équipes. Nous avons fourni des équipes en championnat national N1 (NDA l’ancêtre du Super Taikyu) à partir de 1991, puis nous avons commencé en JGTC en 1998 avec la Mitsubishi FTO Taeivon, avant d’équiper plus tard entre autres la McLaren F1 GTR du Hitotsuyama Racing et la Lamborghini JLOC, avant de changer de priorités en 2009. 

Lorsque la réglementation technique du championnat a changé en 2012 pour aller vers l’aluminium, WORK commençait tout juste à travailler sur les roues monobloc dans ce matériau, donc nous avons donc décidé de recommencer à travailler en Super GT avec Gainer à partir de 2014 pour se forger de la compétence. Nous sommes maintenant présents sur six voitures avec en plus ARTA et Up Garage. 

 

Quelles sont les différences entre les jantes pour la compétition et les jantes du commerce ? 

Les jantes pour la compétition sont conçues d’abord pour la performance et la facilité d’exploitation plutôt que pour le design, et elles doivent répondre à la réglementation technique. Cela étant les jantes pour le GT sont fabriquées par les mêmes personnes dans les mêmes usines que les jantes destinées aux voitures de série qui ne sont pas fondamentalement différentes des jantes produites pour la compétition dans leur concept. 

 

Pour les voitures de course il faut surtout pouvoir proposer une bonne réponse de la structure vis-à-vis des mouvements latéraux et de l’appui. Il y a eu une course à la légèreté mais la réglementation impose désormais un matériau et un poids minimum (en GT500 9 kg mini pour les roues avant et 10 kg mini pour les roues arrière) donc nous privilégions la recherche de rigidité sur la légèreté à tout prix comme autrefois. 

Y-a-t-il de grandes différences entre les jantes utilisées en GT500 par rapport au GT300 ? 

La conception est la même mais les jantes utilisées en GT500 sont plus rigides. Elles ne seraient pas adaptées à l’utilisation en GT300 où les contraintes sont différentes. 

 

Est-ce que les constructeurs qui utilisent vos roues ont des demandes particulières, en termes de design par exemple ? 

Il y en a eu dans le passé mais en général nous sommes libres de choisir le design. Par contre, il y a des demandes spécifiques des équipes et en particulier des mécaniciens pour adapter les roues en vue de faciliter et accélérer la manipulation lors des arrêts par exemple. 

Combien de jeux de jantes fournissez-vous par voiture pour une saison ? 

Du fait de la limitation réglementaire du nombre de pneus par course, une voiture n’a pas besoin plus de huit jeux de roues, mais ça peut monter à quatorze ou seize jeux pour les teams qui font du développement pour les manufacturiers de pneus comme Gainer ou ARTA. 

 

Est-ce que vous travaillez directement avec les manufacturiers de pneus ? 

Lorsqu’un manufacturier introduit un nouveau type de gomme, il y a effectivement des discussions en amont mais dans le courant de saison, nous n’avons pas besoin d’altération de nos jantes en fonction des évolutions des pneus. 

 

C’est un peu plus sensible en monoplace. Work équipe la série Super Formula Light (NDA équivalent à la F3) où on doit fournir un produit permettant de favoriser la montée en température rapide des gommes. 

 

Est-ce que les jantes sont changées chaque saison ? 

Non ! Évidemment il peut y avoir des roues détruites ou qui développement des fissures suite à des incidents en course, mais de façon générale sauf incident nos jantes durent facilement quatre ans. Il y a même des teams qui ont utilisé les mêmes roues pendant sept ans. Bon, quand une roue à quatre ans, il ne faut pas regarder de trop près, il y a beaucoup d’éraflures d’usage, mais elle remplit son office ! 

 

Quels sont les enseignements tirés de la compétition pour vos produits pour la route ? 

Nous continuons de proposer des modèles classiques de jantes pour le public en deux ou trois pièces qui ont bénéficié de l’expérience de la compétition pour leur développement, mais, et c’est la même chose pour tous les fabricants de jantes présents en compétition comme Rays, Enkei ou bien nous-même, au fur et à mesure de l’évolution des châssis et des pneumatiques de course vers plus de rigidité les jantes forgées monobloc se sont imposées. 

 

Est-ce qu’il y a des technologies que vous avez en R&D et que vous prévoyez d’introduire ? 

Oui mais c’est top secret !

Commentaires (1)

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Guyom

7 jan. 2024 • 21:01

Sympa cet article ! 😉