24H Spa

Les 24H de Spa et moi...

GT World Challenge Europe
29 juin. 2023 • 14:00
par
lmercier, franco-belge

Pour un Français, les 24 Heures du Mans restent le graal en sport auto. On peut supposer que pour un Belge il en est de même avec les 24 Heures de Spa. Quand la première course citée vient de fêter son centenaire, la seconde le fêtera dans un an. On peut être français et vouer une attirance particulière aux 24H de Spa. Personnellement, c'est mon cas. 

 

Cela fait maintenant 20 ans que je viens sur cette course chaque année sans interruption. Spa-Francorchamps est sans aucun doute le deuxième circuit après Le Mans où j'ai mis les pieds le plus de fois, voire même celui où je suis le plus allé car je vais en général au Mans une fois par an pour les 24H contre quatre dans les Ardennes belges. Au bas mot, je dois être à approximativement septante fois. Pourtant, je ne peux pas dire que j'étais prédestiné à venir ici. Moi, en gamin passionné, c'était Le Mans grâce à mon père, alors que Spa, mon père y est venu grâce à moi. 

L'arrivée aux 24H de Spa 2003

Je vais être honnête, je suis loin d'être un connaisseur de l'époque Tourisme de Spa même si je connais les Ford Capri Bastos ou les BMW Fina/Bastos. Moi mon truc, c'est le GT. Je ne vais pas vous refaire mon histoire que tout le monde connaît du pourquoi du comment je suis arrivé en sport auto car une partie de l'histoire a été racontée ici. 2003 est une année charnière pour moi et une fois de plus Stéphane Ortelli a joué un rôle à dans cette histoire. Les 24 Heures de Spa 2003 restent la première course hors de France à laquelle j'ai assisté. Et quelle édition ! 

 

2003 était la troisième année de la classique belge réservée aux GT. Je suivais sur Eurosport tous les meetings LG Super Racing Weekends et j'ai eu l'occasion de me rendre à Spa (après être allé à Magny-Cours) pour suivre de près Freisinger Motorsport, cette petite équipe allemande qui faisait tout de même rouler Stéphane Ortelli, Romain Dumas et Marc Lieb. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir ce tracé au beau milieu d'une forêt où il fallait avoir une bonne condition physique pour en faire le tour à pied. Et quelle météo de merde !!! A ce moment-là, je ne savais pas encore qu'on parlait de météo spadoise. Nan mais sans déconner, j'avais découvert les 24H du Mans en 1980 sous la pluie et je découvre Spa aussi sous des trombes d'eau. Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse. Je suis de suite tombé amoureux de l'endroit. Quand t'arrives au Mans tu entends Bruno Vandestick, et à Spa au début des années 2000 (et même bien avant), c'était Christian Lahaye. Spa et ses petits stands Endurance en dévers, son célèbre virage et sa météo si particulière. La seule fois où j'ai pris des bottes en caoutchouc sur un circuit. C'est aussi la seule course qui a fait que j'ai perdu une copine. Il fallait choisir entre un repas et Spa, j'ai choisi...Spa. Bizarre, elle n'a plus donné signe de vie (même 20 ans après). 

Mes débuts à Spa en 2003

Dès l'édition 2004, j'avais un pass média autour du cou pour Infos Course puis Endurance-Info. Je l'ai déjà dit et je le répète, SRO n'a jamais rechigné à accréditer des médias 2.0 et je dois encore remercier Patricia Kiefer et Jacquie Groom pour cela. La salle de presse, bardée de médias belges que je ne connaissais pas, était située à l'époque au-dessus des stands Endurance. On ne parlait pas encore de CrowdStrike 24 Hours of Spa mais bien de Proximus 24H de Spa. Pour vous, Proximus est un opérateur de télécommunications, mais pour moi c'est assimilé aux 24H de Spa et à rien d'autre. 

 

A Spa, j'ai un tas de souvenirs. J'y ai vu la BMW M3 GTR en 2004, les Maserati MC12 vs Ferrari 550 Maranello vs Aston Martin DBR9 en 2005. Nan mais quelle époque quand on y repense. Il faut vivre avec son temps mais la catégorie GT1, c'était quelque chose. A Spa, j'ai aussi vu rouler Richard Virenque et j'ai eu pitié pour Manu Collard en 2006

 

J'y ai aussi vu les débuts des GT3 en 2006 avant d'y voir un an plus tard une même équipe engageant trois GT3 à tour de rôle, soit une sorte de tournante entre les voitures. J'ai malheureusement vécu la fin du GT1 mais le début de la Blancpain Endurance Series en 2011. De cette année-là, j'ai le souvenir des débuts en Endurance de Hexis Racing et ses deux Aston Martin DBRS9 déjà d'un autre temps mais qui pouvait revendiquer la victoire jusqu'au dimanche matin. Avec le recul, c'est assez fou car en 2011, Philippe Dumas était team principal, Fred Mako et Pierre-Brice Mena au volant, Côme Ledogar au nettoyage des jantes. Cette semaine, le premier est chez AF Corse, le deuxième roule pour l'équipe du quatrième et le troisième a gagné l'épreuve en tant que team principal en 2019 chez GPX Racing. Des histoires sportives aux 24H de Spa depuis 2003, je pourrais vous en sortir un tas mais vous les connaissez déjà et celles-ci sont faciles à rembobiner. En revanche, les histoires humaines sont différentes les unes des autres. 

Une météo bien spadoise en 2003

L'édition 2017 me revient en tête avec la victoire de Saintéloc Racing avec à la clé une interview de Fred Thalamy, directeur sportif, la coupe à la main, ravi de ce succès tout en discrétion dans une grande pudeur. Et ce diable de Jules Gounon sur la plus haute marche du podium ? Lui, c'était comme s'il avait touché les étoiles. L'année suivante et le gros accident de Stéphane Ortelli sur la Lexus est resté en mémoire. Là, c'était nettement moins joyeux.

 

Il y a 2019 et le drapeau rouge où je bois le café à 6h du mat' sur une chaise de camping dans le stand GPX Racing à quelques centimètres de la Porsche qui s'imposera quelques heures et où en ce dimanche matin, personne dans l'équipe n'osait penser à la victoire. 2020, c'est l'édition de la pandémie avec pas âme qui vive, des tests PCR à répétition, un masque toute la semaine mais on y était et la course a eu lieu. 2021, c'est l'accident du départ où on a attendu de longues minutes avant de connaître l'état de santé de Kévin Estre, Franck Perera & Co. Et 2022 ? Assis sur le petit muret face aux stands Endurance à 19h30 en compagnie de Jérôme Policand et Raffaele Marciello sans un bruit autour alors que trois heures plus tôt, c'était l'euphorie totale dans un vacarme incroyable. 

 

Je ne sais pas encore ce que réserve 2023 mais il y aura à coup sûr de belles histoires humaines à raconter. Pas plus tard que mardi matin, nous étions chez Vincent Vosse devant une Jupiler dans son bar très racing à refaire l'histoire du sport auto. Moi qui suis quelqu'un de très collectionneur de tout, c'est l'endroit rêvé qui respire le sport auto. 

2003, l'année de la victoire de Freisinger Motorsport à Spa

Cela fait donc 20 ans que je viens aux 24H de Spa et cela en fait 10 que je commente cette course grâce à Laurent Gaudin, manager général de l'épreuve, qui a eu cette idée très bête je vous l'accorde, de me faire confiance pour parler dans le micro. Une belle idée à la con que seul lui pouvait avoir en tête. J'ai même commenté sur le direct YouTube avant Thomas Bastin car la première année j'étais avec Bruno Vandestick. Ce n'est que l'année suivante que le duo Bastin/Mercier a été mis en place sur le championnat et à Spa. En un an, je suis passé de 'mais que se passe-t-il ?' à 'mais c'est pas possible !!!' Je n'ai pas la prétention d'être commentateur ni même consultant, mais juste le mec qui essaie de retranscrire ce qu'il sait et être le porteur d'eau quand il le faut. Thomas Bastin, c'est le genre de mec qui est capable de t'asperger de café tout en donnant le poleman d'une course disputée en 1847 (oui oui) sans chercher dans ses innombrables fiches. Laurent Gaudin, c'est celui qui est ouvert à toute sorte d'initiative que tous les autres championnats refuseraient catégoriquement. Peu importe la question, il y a une réponse et il arrive même d'avoir une réponse avant la question. Il y a surtout la facilité de faire son travail de journaliste en totale liberté. 

 

Les 24H de Spa sont le meeting où plus de 200 autos vont par la route du circuit au centre-ville de Spa et inversement devant des milliers de personnes. Quand tu vis cela de l'intérieur, tu sais que c'est quelque chose d'incroyable à une époque où des malfaisants (pour rester poli) font tout pour éloigner les humains des voitures. Je n'ose pas imaginer ce que vont ressentir les coureurs du Tour de France dans la montée des cols avec toute cette foule.

 

Un grand merci à toutes les personnes qui suivent les retransmissions toute l'année car on fait aussi cela pour vous. Il y a des voitures, mais aussi des pilotes, des mécaniciens, des commissaires, des officiels, des organisateurs. Le paddock des 24H de Spa est un grand cirque qui s'installe pour une semaine. En 2003, j'applaudissais le cirque et 20 ans plus tard je fais partie du cirque. En deux décennies, Spa a su garder une certaine proximité entre les fans et les acteurs. Si à la création d'Endurance-Info en 2006 on m'avait dit qu'en 2023 nous aurions un stand pour accueillir le public, j'aurais souri. En attendant, il faut penser à le fermer le soir et à l'ouvrir le matin. Une vie de saltimbanque comme on aime... 

 

 

 

 

Commentaires (2)

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vvf36

29 juin. 2023 • 16:00

Hâte de découvrir ça pour la première fois

Philippe Reynens

29 juin. 2023 • 16:23

Comme je le disais à ton co-commentateur préféré Thomas Bastin il y a quelques temps, j'aurais 64 ans dans quelques jours et ce seront mes 60ème 24h de Francorchamps: 1964-2023, le compte est bon. Epoque tourisme, époque GT, c'est toujours une joie d'y être et pour encore pour longtemps j'espère.