Vécu

Ma découverte de Monza, 20 ans déjà !

Endurance Info
20 avr. 2023 • 8:50
par
lmercier, un brin nostalgique à Orly avant de décoller vers Milan
Le temps passe vite, très vite et peut-être même trop vite. Avant d'oublier les souvenirs, il est bon de les coucher par écrit. Retour à Monza en 2003 pour le très beau FIA GT.
Photo : DPPI

En 20 ans, il s’en est passé des choses dans la vie de tous les jours et sur les circuits. Il y a deux décennies, Fanatec s’appelait encore Endor, AWS n’existait pas encore et Blancpain fêtait le 50e anniversaire de sa montre de plongée, sa célèbre Fifty Fathoms. Pour la partie GT, le FIA GT rayonnait sur la scène européenne avec neuf rendez-vous de trois heures et un de 24 à Spa-Francorchamps.

Photo : LM

De Barcelone à Monza en passant par Magny-Cours, Enna-Pergusa, Brno, Donington, Spa-Francorchamps, Anderstorp, Oschersleben et Estoril, le FIA GT avait la particularité d’être diffusé sur Eurosport dans le cadre des LG Super Racing Weekends avec en prime la Formula Renault V6, l’ETCC et deux Renault Clio Cup. Stéphane Ratel, président-fondateur de SRO Motorsports Group, avait déjà flairé le filon du partenaire titre d’une série. A cette époque, pas d’Endurance-Info et peu de médias pour couvrir les courses. Sans l’incontournable Jean-Marc Teissedre pour le papier et Virages.net sur la toile, pas simple de se tenir au courant car Facebook a été créé un an plus tard.

Le cru FIA GT 2003 (photo : DPPI)

Sur le plan personnel, cette année 2003 a été primordiale pour la (ma) suite et sans cette saison FIA GT, je ne serais certainement pas là à écrire ces lignes. Si je vous dis que je dois beaucoup de choses à la Lamborghini Murcielago qui faisait ses débuts en FIA GT à Monza en octobre 2003, vous allez certainement vous demander pourquoi. Il y a donc 20 ans, je mettais les pieds pour la première fois à l’Autodromo di Monza. #flashback

Il n'y a pas que José Maria Lopez que vous reconnaîtrez (photo : LM)

Plus tôt dans l’année, il y avait eu cette visite par hasard au paddock FIA GT à Magny-Cours. Je ne manquais pas une course FIA GT devant mon écran de télévision, alors avoir pass pour un accès à tout le paddock, c’est comme si tu passais dans un autre monde, un peu comme si on t'enlevait les petites roues de ton vélo d'enfant. Ce pass marqué Freisinger Motorsport, obtenu par Stéphane Ortelli, qui est l’ami d’un ami, était le précieux sésame que tu montres à tout le monde une fois le meeting fini. Je vais vous avouer quelque chose 20 ans plus tard. Avec l'ami de l'ami, nous ne pouvions aller à Magny-Cours que le vendredi et le samedi. Il aurait donc fallu rendre le pass avant de quitter le circuit. Je crois avoir dit à Stéphane (désolé Steph ?), à qui je parlais pour la première fois, l’avoir perdu pour pouvoir le garder, un peu à l’image d’un trophée. Vingt ans plus tard, je l’ai encore. Il y a eu ensuite le déplacement aux 24H de Spa que je pensais être le dernier de l’année pour moi. Une fois la canicule de 2003 passée, je me suis mis en tête d’aller à Monza pour la finale. Avec ces deux courses, j’avais sympathisé avec des membres de l’équipe (Erik, Canard, Jean-Louis). Quand j’y repense, cette petite équipe faisait des miracles. C’était encore la période où on pouvait pique-niquer à l’arrière du stand. Mais venons-en à Monza…

Photo : DPPI

J’avais bien étudié la chose. A cette époque, j’étais en conflit avec mon employeur de l’époque sur une procédure de licenciement. Il me fallait donc rester dans les parages mais l’appel de Monza était trop fort au risque de tout perdre professionnellement. J’étais un fervent lecteur de Virages.net, le Endurance-Info de l’époque, dirigé par Jérôme Mugnier que je ne connaissais pas du tout en dehors de ses articles. Si vous lisez des brèves en 2023 sur Endurance-Info, c’est copyright Jérôme Mugnier car il en était l’instigateur sur son site. J’apprends donc que la Lamborghini Murcielago va débuter en FIA GT à Monza avec Dindo Capello et Tom Kristensen. Je contacte Jérôme par mail pour savoir s’il sera sur place en lui expliquant que je comptais faire le déplacement sachant tout de même que je n’avais pas encore décidé à 100%. Il me répond gentiment qu’il n’y sera pas mais qu’il serait ravi que je lui fournisse des photos. Sa réponse a fini de me convaincre. Direction l’Italie et Monza !

Celle qui a fait que mon nom est apparu pour la 1ère fois dans un média (photo : DPPI)

Mais j'y pense, la dernière fois que je suis allé en Italie, j’avais 15 ans et c’était en vacances avec mes parents. Cette fois, ça s’annonce plus complexe car la seule option est la voiture en solo. En 2003, le déplacement en avion était encore inconnu pour moi. Paramètre important à prendre en compte, je roulais en Audi S3, donc le voyage allait me coûter un bras niveau carburant. Il fallait trouver un hébergement (moins facile qu'en 2023), préparer le trajet car en 2003, pas de GPS, juste un PDA Hewlett-Packard équipé d’un pseudo GPS. Quand j’y repense, ce truc était une vraie merde mais très tendance à l’époque.

Photo : DPPI

C’est parti pour l’Italie ! Je vous passe les détails avec un petit accrochage avant d’arriver à Milan et un constat à remplir. Il y a un embouteillage (comme souvent), ça roule à 5 km/h, le PDA ne reconnaît pas la direction à prendre, je prends la carte routière et forcément ça freine. Paf le chien dans le Picasso de devant. Aucun accroc mais constat. Est-ce que je vais réussir à arriver à Monza ?

 

La réponse est oui car, par chance, mon père m’a appris dès gamin à bien me servir d’une carte routière (elles se font rares de nos jours) et à avoir des repères visuels. Me voilà donc sur la finale FIA GT dans le Parco di Monza. Un endroit chargé d’histoire. Le plateau comprend 40 GT (19 GT1, 21 N-GT), dont cette Lamborghini engagée par Reiter Engineering.

La Porsche de Toto Wolff et Stéphane Daoudi (photo : DPPI)

Du côté des engagés, Toto Wolff roule avec Stéphane Daoudi sur une Porsche 996 GT3-RS/RWS Yukos Motorsport. Vous l’aviez oublié cet équipage, non ? C’est l’époque de la Chrysler Viper GTS-R/Force One Fetsina Carsport, des Lister Storm, Ferrari 575M, Saleen S7-R et Ferrari 550 Maranello. Stéphane Ortelli et Marc Lieb jouent la couronne N-GT sur la fameuse Porsche/Freisinger Motorsport #50 et ses dents de requin. Les deux pilotes déjà en piste en 2003 qui rouleront encore ce week-end en GT3 sont Miguel Ramos qui pilotait une des deux Saleen S7-R/Graham Nash Motorsport et Andrea Bertolini qui évoluait sur une Ferrari 360 Modena/JMB Racing.

Photo : LM

J’ai deux appareils photos numériques pour immortaliser le tout. Le type d’appareil où tu regardes sur le petit écran pour voir si ta photo est nette. Tu penses que oui et quand tu la décharges sur un ordinateur, elle est floue. Je dois bien avoir une bonne centaine de photos…floues inutilisables. Je dois pourtant prendre cette Lambo pour l’envoyer à Jérôme le soir-même. Le souci est qu’en 2003 Internet n’est pas disponible partout et mon pass n’est pas un pass média. Je dois envoyer les photos en bas débit depuis mon logement avec le petit bruit quand t'essaies d'avoir cette p***** de connexion qui ne vient pas. Je pense qu’il a fallu une heure pour envoyer deux photos. Un calvaire !

Photo : LM

2003, c’est encore la période où tu pouvais rester dans la voie des stands sans combinaison, sans casque. Presque de l’insouciance compte tenu des règles actuelles. C’était génial sauf pour Giancarlo Fisichella qui explosait son Alfa Romeo 155 en ETCC. J’ai passé une partie de mon temps dans les tribunes, ce qui ne m’arrive plus 20 ans plus tard, et l’autre partie de mon temps dans le stand Freisinger Motorsport. La course se termine par un doublé des Ferrari 550 Maranello, Cappellari/Gollin devant Bryner/Calderari/Livio. Chose qui ne risque pas d’arriver dimanche, le quatrième terminait à 1 tour. En N-GT, la 2e place de Ortelli/Lieb derrière la Ferrari/JMB Racing de Bertolini/De Simone était suffisante pour coiffer la couronne.

Photo : LM

Je garde un souvenir particulier de ce déplacement à Monza en octobre 2003 car c’était un peu l’aventure côté déplacement, la découverte d’un paddock très ‘friendly’ où on pouvait encore faire du sport auto de haut niveau sans avoir la dernière structure à la mode. Mon objectif était rempli : avoir des photos signées de mon nom sur Virages.net. Cette collaboration a permis d’en amener d’autres, Jérôme étant quelqu’un d’extraordinaire, comme l’a été avec moi toute l’équipe Freisinger Motorsport.

Photo : LM

Vingt ans plus tard, Stéphane Ratel est toujours là à diriger la planète GT. On ne parle plus de GT1 et de N-GT, mais qu’importe. Mon rôle a changé même si je suis toujours un piètre photographe. Je suis allé à Monza chaque année depuis 2003, dès 2004 avec une accréditation média grâce à l’aide de Jacquie Groom et Patricia Kiefer qui n’ont jamais dénigré les médias 2.0 qui n’avaient pourtant pas bonne réputation à cette époque. Voilà donc 20 ans que je me rends à Monza. J’ai la chance d’avoir été de toutes les campagnes GT3 depuis 2011 à Monza avec au total 55 manches couvertes (Sprint + Endurance) sur 60 depuis le lancement du championnat il y a 13 ans. Maintenant, je suis le porteur d’eau de Thomas Bastin à l’antenne, j'amène les bouteilles, je pète la climatisation, les chaises et je prends du café sur mon tee-shirt. Les temps changent. 

 

Il suffit de pas grand-chose pour faire tourner une vie professionnelle dans un sens ou dans l’autre. Steph, j’espère bien boire une bière avec toi ce week-end à Monza 20 ans après ton titre. Promis, je te ramènerai ton pass cette année. Quelle vie !

Commentaires (7)

Connectez-vous pour commenter l'article

Surgères

20 avr. 2023 • 10:56

Excellent !

clejoly

20 avr. 2023 • 12:30

Extraordinaire. Merci Laurent

dmeyers

20 avr. 2023 • 12:51

Donc, si je viens ici de lire ce texte, c'est grâce à une Lambo. c'est formidable. Merci Mr Laurent Mercier ?Audi S3, en 2003, sympa ! perso je roulais en 306 S16, boite 6, boitier optimisé chez Ruggeri.

frederic.kevers@gmail.com

20 avr. 2023 • 13:06

SUperbe récit-anecdote.

J'ai adoré le lire et je ne doute pas que nombreux parmi les jeunes et moins jeunes des salles de presse et alentours des circuits se (re)mettent à rêver d'une épopée à la Laurent Mercier ! J'en fais partie en tous cas !

Kiki7266

20 avr. 2023 • 13:16

L'accès paddock, stand, ligne des stands entre les courses à Magny-Cours en 2003, c'était du beurre (salé et mou) tant que tu ne génais pas les mécanos tu étais toléré et pouvais faire des photos.
Que chez Freisinger où tu pouvais te faire engueuler. Avaient un mécanicien version armoire normande comme Jean Baptiste lassaud qui t'engueulait, mais Stéphane Ortelli disait de pas s'inquiéter qu'il engueulant tout le monde???