24H du Mans - Porsche, la désillusion
N'ayons pas peur des mots : au moment de faire le bilan des 24 Heures du Mans 2023, évoquer le cas Porsche revient à aller chercher dans le lexique de la déception et de la déconvenue.
Au vu de l'alliance réalisée avec le géant américain Penske, le résultat final des 963 officielles (16e place finale pour la mieux classée derrière Peugeot et Glickenhaus) n'est absolument pas en accord avec les attentes. Et si celles-ci ont brièvement mené la course, l'exemplaire privé du Team JOTA a fait forte impression aux avant-postes avant l'accident de Yifei Ye.
Des soucis techniques à répétition
Deuxième meilleur temps de la Journée Test, la 963 n°6 de Laurens Vanthoor - Kévin Estre - André Lotterer était celle vers laquelle les regards convergeaient souvent au moment de désigner un fer de lance au sein du clan Porsche Penske. Son élimination avant l'Hyperpole sonnait cependant comme un premier coup dur pour le trio. En course, après avoir couru après le temps suite à une crevaison dans les premières heures, des dégâts subis au niveau du fond plat par Kévin Estre, suite à une excursion hors-trajectoire dans les virages Porsche, faisait perdre gros à la n°6. La LMDh sera freinée plus tard dans sa progression par un problème touchant le système haute tension.
Après la fin de course prématurée de la n°75, alors confiée à Mathieu Jaminet, en début de nuit suite à une pression d'essence en berne, tous les espoirs portaient sur la n°5 de Frédéric Makowiecki - Dane Cameron - Michael Christensen, pourtant déjà contrariée par tuyau de refroidissement défectueux durant la nuit. Un ultime problème au niveau de la chaîne de traction avant une pénalité pour avoir bouclé trop lentement le dernier tour viendra achever une édition plus que compliquée dans le clan Porsche, avec des problèmes techniques sur les trois voitures.
« Malheureusement, une fois que les incidents ont commencé, on a eu l'impression qu'ils ne s'arrêtaient plus, indique Urs Kuratle, responsable Factory Motorsport LMDh. Notre rythme était excellent au début de la course, ce qui rend les choses encore plus pénibles. Sans les dégâts, nous aurions été bien mieux positionnés. »
A la question de savoir si ces problèmes avaient déjà été rencontrés durant le développement ou en course, l'Allemand nous a répondu : « Certains l'ont été, d'autres non. »

Tirer les enseignements
Avec le LMDh et son socle commun sur la partie hybride notamment, la comparaison avec Cadillac n'est clairement pas à l'avantage de Porsche. De quoi s'inquiéter ? Urs Kuratle nous précisait qu'une analyse plus poussée devait être menée. « Il y a encore un peu de temps avant la prochaine course de Watkins Glen (25 juin. Ndlr), estime-t-il. Il n'y a pas d'excuses. Nous devons analyser tout cela et en tirer le meilleur. »
Si la performance sur un tour n'a pas été inintéressante, (3'27"987 pour la n°5 contre 3'27"963 pour la meilleure Cadillac ou 3'27"890 pour la Ferrari n°51 lauréate), c'est donc bien sur le plan de la fiabilité que la marge de progression semble conséquente. Une caractéristique qui a notamment porté l'autre marque présente en LMDh, Cadillac, sur le podium.
« Nous avons vu certaines limites, et maintenant il va falloir travailler dur pour revenir, poursuit de son côté Frédéric Makowiecki. Mais la marche n'est pas petite. Nous avions eu des soucis avant la course, nous le savions. Il va falloir apprendre de cette course, mais c'est difficile à encaisser. »
« C'est dur, confesse également Kévin Estre. Nous étions dans le rythme au début. Ensuite, j'ai la crevaison au bout d'environ trois heures. J'arrive à rester sur la piste, mais on perd un tour. Ensuite, cela a été la grosse bagarre pour essayer de revenir. Il n'y a eu qu'un seul Safety-Car à partir de ce moment là, mais nous n'avons pas réussi à récupérer notre tour de retard. Nous avons poussé toute la nuit.
J'étais en bagarre avec Sébastien Bourdais et je n'ai pas voulu perdre trop de temps derrière une LMP2 dans les virages Porsche. Je me décide à y aller mais elle prend son virage. Je prends les freins, je perds la voiture et tape le mur. La réparation a duré longtemps, avec un support de carrosserie cassé. Le tout avant le problème de système hybride.
Nous aurions pu nous battre pour le podium, avec les Cadillac, mais il en manquait pour viser plus haut. Nous l'avons vu toute la semaine. Nous étions un peu mieux en course par rapport aux premières places. Si on regarde les moyennes, nous sommes capables de faire ça, mais sur quelques tours, pas sur 24 heures. Nous sommes encore trop lents par rapport à Toyota et Ferrari, et je pense que chez Cadillac, c'est un peu pareil. Nous avons appris pas mal de choses. J'espère que nous serons plus proches l'année prochaine. »
Le retour à la réalité de la piste se fera donc aux 6 Heures de Watkins Glen le 25 juin prochain, en IMSA. Il reste donc très peu de temps au Porsche Penske Motorsport pour tenter d'oublier la semaine mancelle et se concentrer à nouveau sur le championnat américain ainsi que sur le WEC, qui reprendra ses droits le 9 juillet à Monza. En parallèle de cette fin de saison, il faudra aussi penser à l'édition 2024 des 24 Heures du Mans, avec pour objectif pour Porsche un 20e succès dans la Sarthe... et surtout d'éviter une nouvelle sévère déconvenue.
Commentaires (5)
Connectez-vous pour commenter l'article
julien36
14 juin. 2023 • 8:11
Porsche va découvrir la position de celui qui cherche à combler son retard, et pendant ce temps, les autres vont continuer à progresser.
Arnage
14 juin. 2023 • 9:40
gautier
14 juin. 2023 • 10:12
Cabrelbeuk
14 juin. 2023 • 13:36
Tout n'est pas à jeter. C'est exceptionnel qu'autant de voitures aient fini dès leurs première participation au Mans. D'habiture on considère ça comme "normale" que les proto aient des soucis les premières années.
tvillemant
14 juin. 2023 • 14:25