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Mathieu Jaminet (Porsche Penske) : « Cette victoire à Long Beach est clairement inattendue »

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19 avr. 2023 • 12:00
par
lmercier
Mathieu Jaminet et Nick Tandy ont offert le tout premier succès à la Porsche 963 le week-end dernier dans les rues de Long Beach.
Photo : Porsche

On savait que Mathieu Jaminet était rapide et fiable au volant d’une GT, on voit en trois courses IMSA qu’il est tout aussi compétitif au volant d’un prototype. Le Français, accompagné par Nick Tandy dans la Porsche 963 #6 alignée par Porsche Penske Motorsport cette saison, s’est imposé dans les rues de Long Beach pour moins d’une seconde. Il n’aura fallu attendre que trois courses pour voir la Porsche 963 sur la plus haute marche du podium. Pourtant, les choses étaient plutôt mal engagées pour Mathieu Jaminet et son compère britannique. Tout juste revenu de Californie et avant de retrouver la Nordschleife, Mathieu Jaminet est revenu sur son week-end californien pour Endurance-Info.

Photo : Porsche

On vous sent plutôt surpris par cette victoire ?

 

C’est le moins que l’on puisse dire. Cette victoire est clairement inattendue. Avant le meeting, nous étions plutôt confiants sur ce que nous avions vu à Sebring. En début de meeting, c’était tout l’inverse car nous étions nulle part. Pour être honnête, on ne s’attendait pas trop à ça. On attendait Cadillac mais c’est Acura qui a de suite été au-dessus du lot.

 

La catégorie GTP est encore trop jeune pour tout comprendre ?

 

On ne comprend pas encore tout. La grosse question est savoir comment faire fonctionner les pneumatiques. Quand ils fonctionnent bien à l’avant, on dégrade les pneus arrière. De plus, Long Beach est un tracé urbain bien différent des autres. Je ne suis pas sûr que l’on retrouve ce type de situation ailleurs cette saison. On a vu que l’Acura fonctionnait bien dans toutes les conditions. Nous avons fait un gros pas en avant le samedi, jour de la course, car il faisait plus chaud. Cette différence de température nous a clairement été favorable, ce qui a été l’inverse pour Acura.Tout cela est assez dur à expliquer. A Sebring, c’était totalement l’inverse pour nous sachant que nous avions la même gamme de pneumatiques Michelin. Il nous reste trois semaines de travail avant Laguna Seca, ce qui va me permettre de rouler dans le simulateur dès la semaine prochaine.

Photo : Porsche

Il vous reste encore des choses à découvrir ?

 

Oui car nous n’en sommes qu’au début de carrière de l’auto et de la catégorie. Je pense que Acura doit aussi se gratter la tête. On a vu que BMW a fait un gros pas en avant entre le vendredi et le samedi. Tout le monde travaille avec encore pas mal de paramètres à approfondir pour chaque constructeur. Tout le monde a encore quelques points d’interrogation. Pour nous, Long Beach était vraiment un week-end particulier sur un circuit où le grip évoluait tout le temps.

 

Les prototypes GTP sont adaptés pour des courses en ville ?

 

Avant de venir, je ne le pensais pas vraiment. La voiture a peu d’appui, elle est lourde. Finalement, j’ai pris beaucoup de plaisir au volant. C’était même plus fun que sur d’autres circuits plus classiques. Les chronos n’étaient pas ridicules face aux DPi. Sur ce plan, Long Beach est une bonne surprise.

 

Trois courses pour la Porsche 963 et déjà une victoire. De bonne augure pour la suite…

 

 Comme je l’ai dit, c’est assez inattendu, d’autant plus que la deuxième voiture est elle aussi sur le podium, sans oublier celui en WEC le lendemain à Portimao. Après les qualifications, je ne pense pas que quelqu’un aurait mis une pièce sur une Porsche à Long Beach. Cette victoire redonne le moral à toute l’équipe qui a beaucoup travaillé ces derniers mois. Les courses américaines sont différentes. Tu peux revenir de nulle part, adopter la bonne stratégie et l’emporter. C’est ça les Etats-Unis. Il se passe toujours quelque chose. On a vu la sortie de Seb Bourdais, qui pourtant ne sort jamais, l’accrochage entre Meyer Shank et une BMW. Sur un circuit américain, ça ne pardonne pas.  Quand Ricky Taylor tente quelque chose en fin de course, il sait qu’il a une chance sur deux que ça ne passe pas. Il y a de l’action et des opportunités.

Photo : Porsche

Vous avez des pistes de travail pour améliorer le package global ?

 

Nous en avons beaucoup (rires). Rien ne remplace les essais pour vraiment améliorer les choses. Nous avons encore un tas de pistes à exploiter. On connaît nos points faibles. Comme Cadillac, Porsche a l’avantage d’être présent en IMSA et en WEC. Il y a notamment des échanges permanents entre les pilotes des deux programmes.

 

Vous allez retrouver les 24H du Mans sur la troisième Porsche 963 en juin. On a du mal à s’imaginer que vous n’avez qu’un seul départ au Mans…

 

(Il sourit). Je n’ai pas eu trop de chance et les choses ne se sont pas déroulées comme prévu. En 2019, l’année de ma participation, c’était certainement la plus belle année du GTE-Pro avec beaucoup de voitures très compétitives. Cette année-là, la Porsche n’était pas vraiment performante. Ensuite, le Covid-19 est arrivé et Porsche a jeté l’éponge sur les voitures américaines. J’étais chaque année pilote de réserve en GTE-Pro sans rouler. Cette fois, c’est en prototype dans la catégorie reine. En tant que pilote français, tu as forcément envie de remporter un jour les 24H du Mans. C’est génial d’avoir la confiance de Porsche et Penske. Il y avait un choix à faire et un pilote, qui en plus est un ami, n’a pas été retenu.

Photo : MPS Agency

Avant cela, place à la Nordschleife ce week-end avec la nouvelle Porsche 911 GT3 R. Motivé ?

 

Je n’ai pas roulé en GT depuis les 12H de Bathurst en février et je connais peu la nouvelle Porsche. J’avais roulé quelques jours début 2022 et je n’ai pas pris le volant depuis. Par chance, j’ai de très bons coéquipiers. Car Collection Motorsport découvre la Porsche sachant qu’ils auront en plus une Audi. Ce sera un peu deux teams au sein de la même structure. Je suis très content de revenir sur la Nordschleife car les 24H du Nürburgring restent la plus dure à gagner. Il faut être réaliste, on arrive sans expérience. Par chance, Patrick (Pilet) roule en IMSA avec la même auto et les pneumatiques Michelin.

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