Gwenaël Delomier : « Réduire les coûts, moderniser les codes et mieux communiquer »
Quel est le bilan de la saison en FFSA GT ?
Sur le plan individuel il est plutôt très bon : en quatre weekend de course - j’écarte Spa car abandon dès les essais sur problème moteur -, j’ai réalisé deux poles Am en Q1, et j’ai rendu la voiture sur toutes les courses P1 Am en fin de relais après avoir pris le départ. J’ai peu roulé depuis 2019, donc je suis plutôt content d’être vite et fiable dès cette année. Je me rapproche de plus en plus des chronos de la voiture sœur, celle de Nico Prost et Rudy Servol. C’est très plaisant de progresser à leurs côtés, ils m’aident beaucoup. Malheureusement ça ne se voit pas trop sur le plan comptable. Avec un championnat aussi relevé, il est impératif d’évoluer dans la stabilité. J’ai changé trois fois de coéquipier pour diverses raisons. Aujourd’hui, avec David Levy, on collabore depuis Albi où nous avons récolté notre premier podium. Nous avons réitéré à Lédenon malgré un accrochage alors que nous étions en tête. Nous avons un binôme pour gagner, il nous manque encore le petit truc pour bien finir les courses avec notre Alpine qui reste une auto fragile. On espère tout mettre dans l’ordre à Paul Ricard et aller chercher une première victoire.

Comment jugez-vous l’évolution du championnat ?
Ce championnat est clairement « the place to be » du moment. Quand on voit les noms sur la liste des engagés, le niveau, les écarts en piste, le show des courses… SRO a vraiment fait un super boulot jusqu’ici. Mais je vais être franc, j’ai peur pour l’avenir sur le court terme. Je ne vois pas de réaction vis-à-vis du contexte dans lequel on s’enfonce. Tout va se durcir, le prix des pièces, du carburant, des pneus… Les budgets risquent encore d’en prendre un coup. Je roule uniquement avec le soutien de partenaires. Chaque année, c’est de plus en plus difficile. Cette année on nous a ajouté un train de pneus obligatoire aux essais, est-ce la bonne approche ? Clairement, non. Il y a également beaucoup de casse inutile en piste. Il faut être encore plus ferme du côté des points de bonne conduite. C’est aussi un levier pour freiner les coûts en piste et le prix des assurances. Nous devons également réagir sur les sujets environnementaux. L’opinion publique évoluent extrêmement vite. Il faut casser cette dynamique facile et inutile de pointer du doigt des activités négligeables comme la nôtre. Il faut mettre en avant la balance impact positif/négatif. Le sport automobile rend beaucoup de gens heureux, l’automobile fait toujours énormément rêver. Il faut poursuivre le partage avec le plus grand nombre : rendre accessible les courses, animer les paddocks, faire venir des écoles… Le sport automobile rassemble tellement de corps de métier différents. J’ai aimé les maths, la physique, les sciences grâce au sport automobile. Il faut mettre en avant ces vertus tout en étant acteur sur ces sujets écologiques. Dans l’industrie, je suis ingénieur en mise au point automobile, on parle déjà du moteur thermique au passé, on devrait déjà être positionné sur de l’éthanol depuis deux saisons. On doit aussi faire des choses du côté des pneumatiques. Beaucoup de team recyclent des pièces, des éléments de carrosserie, il faut inciter à le faire et communiquer dessus. Il faut vite sortir de l’image de sport de boomer insouciant. Il en va de notre survie. Quand je vois 40 000 personnes au GP Explorer le week-end dernier sans en avoir entendu parler avant le jour J, je pense qu’il y a des recettes dont il faut très vite s’inspirer. Notre éco système est très fragile, il faut réduire les coûts, moderniser les codes et mieux communiquer sur les impacts positifs de notre sport. La stratégie de la continuité n’est plus la bonne.

Que pensez-vous du calendrier 2023 ?
La distribution géographique a été améliorée, on a à présent un meilleur outil de marketing. Je pense systématiquement à mes partenaires pour lesquels j’accueille des invités sur chaque meeting. Il nous manque plus que Le Mans pour être au top.
Quels sont les plans pour 2023 ?
Si les coûts ne s’envolent pas, l’idée serait de poursuivre en GT4 France. On le voit avec tous les équipages qui gagnent dans ce championnat très relevé, il faut de la continuité. L’idée serait donc de poursuivre sur Alpine chez CMR avec David Levy et de viser le titre Am. Je prends beaucoup de plaisir avec l’Alpine. La philosophie du team CMR me convient bien. Ils sont sérieux, très pro et conscient du contexte économique. On s’entend bien avec David, il a un très bon coup de volant.
Si un team cherche un Am vite, fiable et robuste pour les 24H de Spa, on peut discuter. J’ai déjà de l’expérience en endurance sur des relais de 2h sur un prototype CN chez IDEC Sport en 2016.

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