Entretien avec Jason Anzalone, nouveau directeur de Michelin Motorsport Amérique du Nord
Quel a été votre parcours professionnel chez Michelin et auparavant ?
J’ai commencé ma carrière comme mécanicien. Pendant 10 ans, j’ai travaillé pour Volkswagen, Mercedes, Ferrari et Maserati. Puis j’ai intégré Michelin Amérique du Nord en 2011, où j’ai occupé plusieurs postes à la direction des ventes. Récemment, j’étais directeur Grands Comptes et je m’occupais plus particulièrement de Discount tire et Tire Rack (le second appartenant au premier depuis 2021, Ndrl), deux compagnies très importantes dans le commerce pneumatique aux Etats-Unis. Depuis le mois de mai, je me concentre sur mon nouveau poste, que j’ai intégré à 100 % au cours de l’été.
Vous qui avez désormais une vision commerce et compétition, comment se porte pour Michelin le business du sport automobile aux Etats-Unis ?
Je dirais que nos affaires se portent bien, la crise sanitaire est derrière nous et nous étudions désormais de nouvelles opportunités. Nous avons travaillé dur pour être là où nous sommes aujourd’hui, mais nous comptons bien continuer de progresser.
En IMSA, la saison prochaine va être particulièrement importante. Quelles seront les nouveautés en termes de pneumatiques ?
En IMSA nous aurons bien sûr les nouvelles LMDh et la catégorie GTP, pour lesquelles nous allons apporter des gammes pneumatiques dédiées. Nous allons utiliser les mêmes gommes en IMSA et en WEC, et nous allons ainsi expérimenter des nouvelles technologies. L’objectif sera également de réduire le nombre de pneus utilisés pendant les courses tout en maintenant le même niveau de performances du premier au dernier kilomètre, avec forcément des doubles relais en course.
Quel impact a eu le règlement commun entre IMSA et WEC Pour les équipes de Michelin USA ?
Cela a créée davantage de synergies entre les équipes américaines et européennes, mais sur le fond rien n’a changé car nous avons toujours eu les mêmes objectifs de victoires, de technologie et de performances globales.

Est-ce que le fait qu’il y ait de plus en plus de concurrents dans la catégorie la plus importante vous a amené à revoir votre schéma industriel ?
Pour nous, le fait d’avoir davantage de partenaires, des constructeurs qui sont par ailleurs nos clients de première monte, est quelque chose de très positif. Cela nous pousse à aller plus loin et plus vite dans la recherche de technologie. En ce qui concerne nos capacités de production, il est évident que tout a été anticipé et que nous sommes en bonne position pour répondre aux besoins. Tous nos pneus, que ce soit pour le WEC ou l’IMSA, sont produits à Clermont-Ferrand, dans la seule et même usine.
Est-ce que l’IMSA est le plus important programme de Michelin aux Etats-Unis ?
Absolument. L’IMSA est notre plus gros partenaire, car nous y équipons l’ensemble des catégories. Cela représente par exemple à Petit Le Mans près de 150 voitures. C’est vraiment énorme.
Qui des Baja, ces courses dans le désert avec des buggys ?
La partie « desert racing » est aussi très importante pour nous, car ces courses sont très populaires. Nous équipons également des voitures avec BF Goodrich, qui est leader dans le groupe Michelin sur les pneus tout-terrain. C’est une sorte de sport automobile très différente de ce qu’on peut voir en circuit, mais c’est aussi très spectaculaire. La saison va commencer en novembre, tout se passe majoritairement dans les déserts californiens, et les courses traversent même la frontière avec le Mexique.
Est-ce que Michelon prévoit d’aller dans des séries type NASCAR ou Indycar ?
Il est certain que nous regardons et étudions en permanence toutes les opportunités. La question est de savoir si telle ou telle série, surtout de très gros championnats comme ceux-là, fait sens pour une marque comme Michelin. Aujourd’hui, alors que nous avons d’excellentes relations avec l’IMSA (qui appartient à la NASCAR, Ndlr), que nous apportons un niveau de technologie pneumatique sans précédent, nos efforts sont concentrés sur l’Endurance.
Avez-vous déjà assisté à des tests LMDh en vue de la saison prochaine ?
Pas encore, mais juste après Petit Le Mans, autrement à partir de demain, je vais enfin pouvoir découvrir les voitures en piste et je suis très excité à l’idée de vivre ce moment. Nous avons énormément travaillé pour mettre au point les pneus qui équipes ces nouvelles voitures, et je suis impatient de voir le niveau de performance que nous aurons ici.
Quel est la place du relationnel avec les teams dans ce cadre précis ?
Je crois que l’on peut parler de famille professionnelle. C’est un authentique partenariat qui se tisse entre les ingénieurs, les techniciens, et tous ceux qui passent beaucoup de temps ensemble autour d’un même projet. Nous avons besoin de nous assurer que nos pneus sont bien compris, et nous sommes très attentifs au retour des écuries afin de les conseiller au mieux sur l’utilisation de nos gommes. C’est pour toutes ces raisons que nous avons un technicien dédié à chaque constructeur et à chaque écurie pour toute la saison.
Certaines de ces voitures vont participer aux 24 Heures du Mans, quelle perception avez-vous de cette course française ?
Ici, le monde du sport automobile voit les 24 Heures du Mans comme une course très spéciale et pour certains lointaine. Néanmoins, aux Etats-Unis, dans le monde de la course tout le monde connait le monde. Personnellement, je trouve que c’est un formidable outil de promotion pour les sports mécaniques, qui permet d’attirer du monde autour d'un circuit. En outre, c’est évidemment une course capitale pour Michelin.
Est-ce que les grandes classiques comme les 24 Heures de Daytona, les 12 Heures de Sebring ou Petit Le Mans sont les courses les plus importantes de la saison pour Michelin Amérique du Nord ?
J’ajouterais à cette liste Watkins Glen, car la piste est très particulière et nous permet, comme les grandes et longues courses citées auparavant de faire notre métier de technicien. Sur ces tracés, qui sont aussi très populaires pour les européens mais aussi pour les Américains qui suivent l’Endurance, la longueur des courses nous permet de tester grandeur nature des nouvelles technologies que nous intègreront peut-être un jour dans les pneus des voitures de série.
Est-ce que Michelin a un dispositif media ou des invités ce week-end à Petit Le Mans ?
Absolument, c’est pour nous un week-end très excitant car nous recevons de nombreux invités pour lesquels nous avons créé une fan zone, mais aussi des clients VIP à qui nous faisons tester nos pneus dans des voitures de sport sur le circuit, sans compter nos réceptifs habituels pour voir la course dans les meilleures conditions. Aux Etats-Unis, en motorsport la partie marketing est très importante.
Quelque chose à ajouter pour conclure votre première interview à destination de la presse française ?
J’ai apprécié cette opportunité, je suis maintenant pressé que la course démarre car je suis certain que cela va être un grand moment de sport automobile pour les équipes de Michelin et pour tous les acteurs comme les spectateurs de Petit Le Mans.
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