Les LMP2 actuelles homologuées un an de plus ?

On ne vous apprendra rien en vous disant que la catégorie LMP2 est un franc succès depuis sa mise en application en 2004 dans la continuité du LMP675. Il aura fallu attendre 2008 pour voir une LMP2 terminer devant une GT aux 24 Heures du Mans. Au fil des années, la catégorie s’est affutée, professionnalisée et développée. Il y a encore quelques années, avant une baisse de performance notable, les LMP2 tournaient dans les chronos des anciennes LMP1. Si en 2022 cette catégorie LMP2 reste très prisée, un virage va être pris dans les années à venir.

Ce qui a été annoncé :

Le 22 juin dernier, le Conseil Mondial de la FIA a validé les nouvelles LMP2 à partir de 2025 pour une homologation prévue jusqu’en 2030. Le plan initial était de voir les nouvelles autos en 2024, mais le législateur a pris la sage décision de reporter d’un an.

Les futures LMP2 seront basées sur les châssis LMDh concourant en Hypercar. Les quatre constructeurs présents actuellement restent en course : Dallara, Ligier, Multimatic, ORECA. Comme c’est le cas actuellement, le prix de vente de l’auto sera plafonné, tout comme le prix de certains composants. Un ajustement de performance (AoP) sera mis en place deux fois dans l’année, une première fois avant le début de saison, une deuxième fois après Le Mans. Une nouveauté pour la catégorie. 

Combien ça coûte ?

Il est bien trop tôt pour connaître le prix des nouvelles autos. On est actuellement à 483 000 euros (sans moteur) + 7000 euros max pour la climatisation. Il est possible de rajouter des options : caméra arrière, télémétrie, TPMS (système de surveillance de la pression des pneus). Le total de la liste des pièces de rechange ne doit pas excéder 140% du prix de la voiture complète. Le constructeur peut majorer le prix des pièces de 20% si elles sont vendues sur les épreuves. Chaque constructeur doit être en mesure de commercialiser au moins dix autos par an.

Le marché du LMP2 n’est pas extensible car contrairement aux catégories GT, il n’y a pas de second marché. Seuls quatre championnats dans le monde autorisent les LMP2 et on pourrait passer à trois en 2024 car les LMP2 ne sont pas assurées de rouler en WEC et peut-être même à deux si l'IMSA devait se passer des protos européens dès 2024.

Les équipages Pro-Am ne seront déjà plus en WEC dès la saison prochaine. En revanche, le tapis rouge est déroulé en European Le Mans Series avec une invitation pour les 24 Heures du Mans 2024. Il reste donc ELMS, Asian Le Mans Series et IMSA. Mais pour combien de temps en IMSA ? Il se dit que les LMP3 pourraient être plus nombreuses à l'avenir.

Un modèle économique compliqué ?

On compte 16 LMP2 en ELMS, 14 en WEC et 7 en IMSA, soit un total inférieur à 40 Oreca 07 puisque Dallara, Ligier et Multimatic ont rapidement jeté l’éponge avec leurs modèles actuels. L’Oreca 07 a cannibalisé la concurrence. Deux équipes inscrites en ELMS visent le LMDh et cinq en WEC. Le nouveau LMP2 va devoir séduire sachant que le terrain de jeu est limité. Les constructeurs commencent à se gratter la tête concernant la rentabilité. Les temps ont changé car le LMDh permet aux équipes privées de rouler dans la catégorie reine, ce qui était impossible du temps des LMP1 hybrides. Il va donc falloir séduire de nouveaux clients, ce qui ne sera pas une mince affaire.

Un an de plus ? 

On entend de plus en plus que les LMP2 actuelles pourraient être homologuées un an de plus, soit jusqu'à fin 2025. Aligner une LMP2 demande beaucoup d'argent et les équipes qui doivent remettre la main à la poche en fin d'année pour combler le trou sont tout de même assez nombreuses. Jouer la stabilité est certainement la meilleure option à moyen terme.